Vous voulez socialiser? Faites-le en public
5 janvier, 2021 - Ce blog été publié pour la première fois dans Northern Ontario Business.
Vous mourrez d’envie de voir votre grand-mère pendant la saison des fêtes? Alors, rencontrez-vous dans un restaurant local. Vous n’avez pas vu votre frère et ses enfants depuis des mois? Alors, rencontrez-les dans une aire de restauration ou un parc des environs. Votre relation avec votre mère aurait bien besoin d’un vrai moment d’échange? Alors, inspirez-vous des séries des années 80 et rencontrez-la au spa ou au salon de beauté. Rendez-vous dans ces lieux chacun(e) de votre côté, ou ensemble mais « à distance » (comme dans le film Miss Daisy et son chauffeur), portez un masque, respectez les règles, et vous serez en sécurité.
« Quels sont ces conseils insensés? », me direz-vous, alors que la deuxième vague de la COVID-19 sévit autour de nous. J’admets volontiers que je ne suis pas infectiologue, mais je gagne ma vie en analysant des chiffres et des données factuelles. Si cette deuxième vague nous menace aujourd’hui, c’est essentiellement dû à un seul événement : l’Action de grâces. Nous nous sommes collectivement comportés de façon déplorable à l’occasion du congé de l’Action de grâces. Certains d’entre nous ont probablement été prudents, mais ce n’est clairement pas le cas de bon nombre d’entre nous. Nous sommes sortis de nos bulles, avons fait circuler la dinde et donné de grandes embrassades à nos proches et à nos amis. Autrement dit, nous avons offert au virus un terrain idéal pour se propager. Et il n’a pas manqué de le faire.
En revanche, il ne s’est pas propagé dans les commerces que nous sommes sur le point de fermer. Très peu des éclosions constatées aujourd’hui sont liées à des commerces. Certes, on a comptabilisé quelques cas, comme dans ce salon de manucure torontois il y a quelques mois. Ces exceptions prouvent une chose : les règles fonctionnent. Allez se faire couper les cheveux n’est pas risqué. Après tout, les coiffeurs n’utilisent qu’un fauteuil sur deux. Il n’est pas dangereux d’aller chercher un plat à emporter chez un restaurant local, voire de souper à l’une des tables faisant partie des 25 pour cent disponibles. Il n’est pas dangereux d’acheter des jouets dans une boutique du coin, de faire ses courses à une épicerie voisin voire — Dieu nous en garde — d’acheter un livre à lire le soir chez soi, à l’abri.
Je suis furieux quand je lis des articles d’experts qui font de grands discours sur le fait que le premier ministre de l’Ontario refuse de nous laisser souper chez nos parents, mais accepte que nous prenions quelques bières au bar du coin. Bien sûr que cela ne lui pose pas de problème, bande d’idiots. Le gouvernement ne peut pas (ce n’est pas juste qu’il ne veut pas, c’est qu’il ne peut pas) envoyer la police dans votre sous-sol pour vérifier que vous et votre belle-sœur êtes suffisamment loin l’un de l’autre. Par contre, si vous êtes dans un café Tim Hortons, il peut (et il l’a fait) envoyer des inspecteurs pour vérifier que vous portez tous deux des masques et que vous vous tenez à bonne distance.
Et voilà le message à faire passer. Le gouvernement ne peut pas faire en sorte que nos jardins et nos sous-sols soient sûrs. Nous seuls pouvons le faire. Et clairement, bon nombre d’entre nous n’avons toujours pas compris cela. Ou peut-être que nous avons un peu baissé notre garde. Et dans ce cas, nous inonder régulièrement d’insultes parce que nous faisons des choses idiotes et que nous nous exposons au virus, ainsi que notre famille, c’est ce que doivent faire nos premiers ministres, au niveau provincial comme fédéral. Il faut bien que quelqu’un nous rappelle qu’il faut rester vigilant. N’oublions pas qu’il y a quelques mois à peine, le Manitoba était l’une des provinces les plus épargnées par le virus.
Le gouvernement et les entreprises ont rendu les aires publiques plus sûres. Il est tout à fait logique de passer prendre quelque chose ou de s’arrêter dans ces lieux réglementés, contrôlés et protégés. Faut-il que le gouvernement durcisse les règles et limite le nombre de clients dans les rayons de Walmart ou de Canadian Tire? Absolument. J’irais même juste qu’à recommander de faire revenir les agents de sécurité et les petits compteurs métalliques. En revanche, forcer le coiffeur pour hommes du coin de la rue à fermer encore une fois, et probablement le faire cesser ses activités pour de bon, cela n’a absolument aucun sens. D’autant que nous savons que ces petites boutiques ne sont pas responsables.
Le problème, c’est nous. Pas le « nous » au travail; non, le « nous » social et familial. Ici à Thunder Bay, le coupable actuel est le tennis léger (« pickleball »), un sport qui se vante d’être plus intime que le tennis car il faut davantage s’approcher des autres joueurs. Qui diable a pensé que c’était une bonne idée? Allez, tout le monde se rapproche!
Le gouvernement peut renforcer les restrictions pour les activités de ce type. Nous l’avons fait pour les sports scolaires et les ligues de sports pour la jeunesse; nous aurions dû faire de même pour les sports de loisirs destinés aux adultes. Renforçons les règles, oui, absolument, mais renforçons les bonnes règles.
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Charles Cirtwill est président fondateur et chef de la direction de l'Institut des politiques du Nord.
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