Visibilité accrue : Représentation féminine en politiques municipale dans le Nord de l'Ontario

le 25 mars 2019 - En tant que Nord-Ontariens et Nord-Ontariennes, comment pouvons-nous appuyer la représentation des femmes dans les instances politiques municipales et aux postes de direction dans l’ensemble de notre région? Il est de plus en plus largement admis que le fait de disposer de points de vue diversifiés est un atout, que ce soit dans un cadre politique ou de gestion d’entreprise. La diversité peut enrichir le processus décisionnel, renforcer l’innovation, renverser les systèmes de pensée conventionnels et insulaires, et permettre à de nouvelles perspectives de faire la lumière sur des aspects qui resteraient autrement dans l’ombre. Si nous voulons que le Nord bénéficie d’un leadership fort, résilient et innovateur, il est important de disposer de structures et d’institutions qui reflètent fidèlement la diversité et la composition de notre région.

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Selon PoliticsNOW, une organisation de base qui prône la parité hommes-femmes dans toutes les municipalités nord-ontariennes, North Bay et Elliot Lake n’ont jamais élu de femme maire. À Sudbury, seules deux femmes ont été élues maires depuis la création de la ville, et lors des élections municipales les plus récentes, il n’y avait qu’une seule femme sur les 11 candidats en lice pour la mairie. Dans certaines régions, le nombre de femmes élues au conseil municipal à l’issue des élections de 2018 a baissé; Elliot Lake est passé d’une situation de quasi-parité au sein du conseil municipal à un conseil municipal comptant une seule femme, tandis que le conseil municipal du Grand Sudbury, qui avait 30 pour cent de femmes en 2010, n’en comptait plus que 15 pour cent en 2018.

Où se situent les municipalités du Nord de l’Ontario quant au nombre de femmes qui siègent au conseil municipal? À l’heure actuelle, sur les 85 postes existant dans les neuf villes présentées ci-dessous, on compte 18 conseillères municipales, soit 21 pour cent.

graph_women_frSource : Politicsnow, 2018

Même si on constate une augmentation du nombre de femmes représentées dans les instances politiques, on n’atteint pas encore la parité hommes-femmes. Depuis 2014, le nombre de candidates aux élections municipales ontariennes a très peu augmenté, de 23 à 27 pour cent. L’initiative Municipal Councilor Profile du Rural Ontario Institute fait apparaître que 75 pour cent des maires et des conseillers de l’Ontario rural sont des hommes.

Cependant, certaines nouvelles sont enthousiasmantes : ainsi, lors des élections provinciales de l’Ontario de 2018, deux collectivités rurales, la ville de Spanish et le canton d’Algonquin Highlands, ont pour la première fois élu un conseil municipal exclusivement composé de femmes. Il s’agit très probablement d’une première dans l’histoire de l’Ontario.

L’un des principaux facteurs susceptibles d’encourager ou de dissuader les femmes à participer à la vie politique est ce que l’on appelle la structure des opportunités politiques. En bref, le fait d’avoir des modèles féminins forts et de disposer de structures de soutien encouragera plus de femmes à s’impliquer dans des domaines souvent dominés par les hommes. En moyenne, il faut demander 11 fois aux femmes de se porter candidates à une élection, parce qu’elles doivent souvent jongler entre la garde des enfants, les soins aux personnes âgées et leur travail. L’honorable Patty Hajdu, la députée représentant Thunder Bay, a décidé de se porter candidate après avoir reçu de l’encouragement de la part d’une de ses collègues. Elle déclare que les femmes ont souvent plus d’inhibitions que les hommes et sous-estiment leurs compétences.

Dans le Nord de l’Ontario, les organisations de base, les entreprises locales et les leaders gouvernementaux peuvent tous jouer un rôle important en encourageant une meilleure représentation des femmes dans la vie politique. 

Les conseils municipaux, par exemple, peuvent adopter des stratégies pour l’équité hommes-femmes qui demandent d’examiner sous un angle intersectionnel les problématiques liées au genre comme le logement, la violence contre les femmes, la garde des enfants, la pauvreté ainsi que l’émancipation politique et le leadership. À Vancouver, la mobilisation conjointe des organismes Women Transforming Cities et Hot Pink Paper a débouché sur la création d’un mécanisme de responsabilisation : la campagne 2018 Hot Pink Paper (HPP). Cette campagne présentait 11 recommandations que tous les candidats et partis étaient exhortés à incorporer à leurs plateformes en vue des élections municipales à Vancouver, plaçant ainsi les questions relatives à la condition féminine au cœur de la vie politique et faisant de Vancouver une ville soucieuse des femmes. Il s’agit certainement d’une initiative qui gagnerait à être reproduite dans d’autres villes canadiennes.

Les organisations de base et les organismes civiques comme PoliticsNow, qui ne se contente pas de communiquer la représentation des femmes dans la vie politique municipale, mais organise aussi des conférences dans le Nord pour que les femmes s’inspirent entre elles, contribuent fortement à la création de structures d’opportunités politiques et à une mobilisation en faveur des femmes. En outre, il existe des groupes comme PARO Centre pour l’entreprise des femmes, à Thunder Bay, qui a récemment reçu 350 000 dollars de financement fédéral pour faire élire plus de femmes au gouvernement, et qui s’est associé à Women in Politics pour « accroître la représentation des femmes dans les instances politiques dirigeantes à tous les niveaux de gouvernement ainsi que dans les conseils scolaires du Nord-Ouest de l’Ontario ».

Selon le recensement de 2016, les femmes représentent un peu plus de la moitié de la population nord-ontarienne. Pour que la politique du Nord de l’Ontario repose sur une structure décisionnelle et institutionnelle plus représentative et tenant mieux compte de l’égalité des genres, il est important de faire la lumière sur l’origine des obstacles qui empêchent plus de femmes d’y participer. Le rapport des forces ne peut changer que si le système change de l’intérieur. Les femmes peuvent participer pleinement à la vie politique pour peu que l’on s’attaque à la ségrégation en milieu de travail, aux inégalités salariales et à d’importants obstacles comme le coût de la garde des enfants, que l’on revoie les exigences financières des campagnes, mais aussi que l’on fournisse aux femmes des occasions de développer leur capital social, de réseauter, d’avoir accès à un mentorat et à des formations en matière de leadership.

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Caitlin McAuliffe a été une stagiaire d’été d’Expérience du Nord à l’IPN en 2018.


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