Rester connecté à une époque de plus en plus éloignée: le transport à l'ère du COVID

4 Août, 2020 - Depuis février, la pandémie COVID-19 a su défaire de nombreux tissus sociaux qui rassemble les communautés. La capacité de visiter des amis et des membres de la famille en lieu physique, sans compter de sortir dans différents restaurants et entreprises, a été gravement limitée. Ce, notre capacité à voyager, que ce soit au niveau local, régional, national, ou bien encore à l’international, l’est d’autant plus. Avec la mise en œuvre de lignes directrices de distanciation sociale et de restrictions de déplacement, il fut inévitablement subi une diminution de l'achalandage parmi tous les modes de transport.

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Dans les régions de l’Ouest et du Nord de l’Ontario – un marché clairsemé au départ – une diminution du nombre de passagers a forcé certaines entreprises à réduire la fréquence de certaines opérations interurbaines, tel que Porter, Air Canada et Ontario Northland. De plus, de nombreux réseaux de transport en commun gérés par les municipalités ont réduit leurs heures d'ouverture, ce qui pose un problème de mobilité pour les résidents du Nord.

COVID-19 et mobilité réduite

Tous les modes de transport ne sont pas créés égaux. Certains secteurs du transport, notamment le transport aérien, ont été les plus durement touchés. Terry Bos, le président et chef de la direction du Sault Ste. Marie Airport Corporation a noté que « seulement 132 passagers ont traversé l’aéroport en avril et en mai, ce qui représente une diminution de 99,6% du trafic par rapport à l’année précédente ».

Les aéroports du Nord de l'Ontario sont en grande partie des entités à but non lucratif, qui comptent sur les frais de passagers et les revenus des transporteurs aériens pour financer les opérations d'urgence, telles que les vols d'évacuation sanitaire et l'activité des bombardiers à eau, ainsi que l'entretien des aéroports. Les compagnies aériennes, y compris Air Canada et Porter Airlines, ont toutes deux réduit leurs services dans le Nord de l'Ontario, Porter suspendant complètement ses opérations jusqu'à la fin juillet, ce qui a brusquement interrompu la génération de revenus pour les aéroports.

De plus, Ontario Northland, financé par la province, a réduit les services d'autocars sur certaines routes et suspendu temporairement le service ferroviaire de passagers entre Cochrane et Moosonee. Renée Baker, porte-parole d'Ontario Northland, estime qu'il y ait entre 85 à 90% des passagers en moins que d'habitude en raison des craintes du COVID-19.

Bien qu'elles aient un impact négatif sur la mobilité, des mesures telles que la suspension du service ferroviaire dans des communautés éloignées comme Moosonee visent principalement la protection des populations autochtones vulnérables vivant dans les réserves. Alors que la mesure temporaire ait été mise en place par souci accru pour les personnes vulnérables dans les communautés éloignées, la nature essentielle du service n'a pas été oubliée; le Polar Bear Express a repris ses routes, avec une fréquence limitée et des précautions accrues, le 25 juin dernier.

Le Nord de l'Ontario, une région déjà confrontée aux défis de la faible connectivité et des options de transport rares et incohérentes, a été fortement touchée par les compressions dans ce secteur. Les voyages en train, en bus et en avion fournissent des liens essentiels pour les communautés du Nord de l'Ontario, en particulier pour les résidents qui ne conduisent pas. La pandémie COVID-19 n'a pas créé ces problèmes, mais les a plutôt mis en évidence.

 

Le transport comme service essentiel

Certes, c'est une période où la mobilité n'est pas encouragée. Mais, d'un autre côté, le rapport sur les services de santé dans les collectivités rurales du Nord a révélé que la disponibilité du transport non urgent dans de nombreuses régions rurales, éloignées et nordiques de la province est limitée. Ainsi, certaines personnes âgées utilisent les services de transport interurbain disponibles pour se rendre à des rendez-vous médicaux et en revenir dans les carrefours régionaux. Les compagnies de bus ayant réalisé ceci pré-pandémie, certains fournisseurs, comme Ontario Northland, ont même ajouté un service quotidien supplémentaire à de nombreux hôpitaux de la région dans le but d'améliorer la commodité des voyages interurbains pour les rendez-vous médicaux.

Maintenant, une diminution des services pourrait signifier qu'un bus interurbain ne circulera qu'une fois par jour, ce qui peut amener une personne à son rendez-vous médical, mais ne peut pas la ramener à la maison le même jour. Alternativement, un bus qui fonctionnait auparavant six jours par semaine peut voir une réduction à deux itinéraires par semaine.

De plus, le manque de revenus a obligé les aéroports à demander au gouvernement fédéral de fournir une assistance liée à la pandémie pour financer des opérations telles que les vols d'évacuation sanitaire, un service lié à la santé qui devrait être priorisé au coeur du COVID-19. Dans l'ensemble, le secteur des transports est gravement touché par la pandémie et ses effets en découlent dans toute la société.

 

Transport en commun et travailleurs essentiels

Bien qu'une diminution de l'utilisation justifie peut-être une diminution de la fréquence des opérations, de nombreux travailleurs de première ligne essentiels ont besoin de transports publics fiables pour répondre aux besoins de la communauté; de nombreux travailleurs postés n'ont pas le luxe d'attendre une heure supplémentaire pour que le prochain bus les conduise à leur lieu de travail.

De plus, avant la COVID-19, un grand nombre de navetteurs comptaient sur le covoiturage pour se rendre au travail. Désormais, le covoiturage étant découragés dû à la distanciation physique, les transports publics pourraient voir une adoption d’utilisateurs. Le covoiturage et le transport en commun, deux modes où la distance physique est difficile, compromettent environ 20% des navetteurs. Pour les usagers des transports en commun et les covoitureurs, les nouvelles règles et directives en matière de santé et de sécurité rendent sans aucun doute le trajet d’un travailleur moins simple qu’avant la COVID.

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Alors que l'Ontario continue d'assouplir les restrictions en matière de pandémie et que de plus en plus de gens retournent au travail, le nombre d'usagers des transports en commun augmentera à nouveau. Ainsi, les agences de transport doivent s'assurer que les protocoles de santé appropriés sont suivis et que la fréquence des opérations est suffisante pour soutenir la main-d'œuvre lors de la transition de la maison au lieu de travail.

Il y a un équilibre à trouver entre la réduction des opérations et le maintien de liens essentiels pour les travailleurs de première ligne, sans oublier ceux qui ont besoin d'avoir accès aux soins médicaux et à l'épicerie.

 

Et ensuite?

Bien que les effets du COVID-19 sur le transport se feront sentir dans les années à venir, il y a des leçons importantes à tirer concernant le financement et la disponibilité des transports dans les régions de l'Ouest et du Nord de l'Ontario. La principale leçon que la pandémie a enseignée est le besoin de transports publics sûrs et fiables qui relient les gens aux possibilités d'emploi, aux rendez-vous médicaux et à d'autres services essentiels.

 

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Mercedes Labelle est une analyste de recherche 

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