Potentiel inexploité des réserves urbaines dans le Nord ontarien
18 janvier 2021 - Le 28 août 2020, une fusée économique était lancée dans l'espace et signalait une nouvelle voie commerciale pour le développement économique des réserves au Canada. Cette fusée éclairante marquait l’arrivée du premier Costco sur des terres des Premières Nations au Canada, soit celles de la Première Nation des Tsuu T’ina.
À ce Costco, 68 des 88 postes sont occupés par des Tsuu T’ina; il s’agit de la première étape d'un complexe commercial plus vaste de 500 hectares et d'une valeur de 4,5 milliards de dollars. Les terres de la nation des Tsuu T’ina sont au sud-ouest de Calgary, et adjacentes, dans ce qui est reconnu comme une réserve urbaine.
Les réserves urbaines sont des terres de Premières Nations qui se trouvent à l'intérieur de municipalités ou adjacentes à celles-ci. Il y a deux sortes de réserves urbaines : 1) La Première Nation qui a la chance d'être géographiquement adjacente à une municipalité; 2) la Première Nation qui achète ou obtient des terres de réserve, et ce, par transfert de terres qui se trouvent dans une municipalité, à des fins de croissance économique. Grâce à l’Entente-cadre sur les droits fonciers issus de traités, la Première Nation de Peguis a développé une réserve urbaine à Winnipeg, pendant que le territoire principal de cette nation continue de se trouver à deux heures au nord de Winnipeg. Cette décision de la Première Nation de Peguis est un modèle à suivre pour les réserves de l'Ontario rural et du Grand Nord de l'Ontario. Il existe des réserves urbaines dans tout le Canada, mais elles sont souvent sous-utilisées, en particulier dans le Nord ontarien. Parmi les réserves urbaines du Nord ontarien se trouvent la Première Nation de Fort William, avec Thunder Bay; la nation de Wauzhushk Onigum, avec Kenora; la Première Nation de Nipissing, avec North Bay; la Première Nation de Garden River, avec Sault-Sainte-Marie. Ces Premières Nations et municipalités sont placées pour bénéficier des avantages économiques du développement de réserves urbaines.
Le développement des réserves urbaines comporte plusieurs avantages économiques essentiels. Premièrement, les entreprises des réserves génèrent des revenus pour les employés et constituent une base d'imposition pour les Premières Nations. Deuxièmement, les réserves urbaines permettent d’avoir des relations réciproques entre la Première Nation et la municipalité. Les investissements et la croissance économique dans les réserves urbaines produisent de nouveaux revenus et favorisent le développement de la ville. Par exemple, le gouvernement de l'Alberta a investi dans l'expansion du sud-ouest de Calgary, afin de permettre au complexe commercial des Tsuu T‘ina de se développer. Troisièmement, les réserves urbaines utilisent au mieux la fiscalité des réserves. L'article 87 de la Loi sur les Indiens comporte des exonérations fiscales sur les revenus gagnés par les membres des Premières Nations sur des terres de réserves. En outre, les produits achetés et vendus dans les réserves ne sont pas assujettis aux taxes de vente provinciales et fédérales. Ces avantages fiscaux peuvent aider les entreprises des Premières Nations à être concurrentielles face aux entreprises existantes dans les municipalités. Ces avantages aident également les réserves urbaines à attirer des talents autochtones de grande qualité et à accroître les possibilités d'emploi des membres de la collectivité, ce que les villes ne peuvent pas faire seules. Puisque, souvent, les Premières Nations manquent de logements dans les réserves pour accueillir tous leurs membres, les municipalités voisines bénéficient d'un afflux de talents de Premières Nations.
Le développement économique des réserves urbaines offre également des avantages sociaux considérables. L'échange de réserves urbaines embauchant du personnel non autochtone et accueillant des entreprises non autochtones crée un service interculturel pour les deux parties associées. Cette approche peut aider à réduire les perceptions négatives, afin de produire une vision complémentaire de l'autre, grâce à une économie partagée. Comme la moitié des membres des Premières Nations vit hors des réserves, les réserves urbaines offrent un espace culturel sûr aux populations autochtones vivant en ville. Cet espace culturel crée une diversité dans les municipalités, favorise des échanges sociaux, des innovations et une croissance plus importants pour les parties non autochtone et autochtone.
Le Costco de la nation Tsuu T’ina est un modèle de réserve urbaine qui montre les avantages économiques et sociaux que les Premières Nations et les municipalités du Nord ontarien devraient s'efforcer d'obtenir. Toutefois, Costco n'est qu'un exemple parmi d'autres. Dans le Nord ontarien, plusieurs endroits pourraient profiter de cette occasion de croissance partagée. Les réserves urbaines ont un immense potentiel si elles permettent aux jeunes entrepreneurs des Premières Nations de produire du nouveau ou d'enrichir les municipalités grâce à la diversité intérieure des réserves. Les avantages économiques et sociaux des réserves urbaines attendent d'être reconnus dans tout le Nord de l'Ontario.
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James Barsby est un conseiller juridique du Nunavut et acien NPI Expérience Nord placement d'été.
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