Nouvelles étoiles : Satellites Starlink de SpaceX

3 mars 2021 - La Première Nation de Pikangikum est la première collectivité du Canada à se brancher au Starlink de SpaceX, un réseau Internet par satellite.

websitebanner_starlink_fr

 

Ce développement a presque immédiatement suivi l'annonce faite par Innovation, Sciences et Développement économique Canada sur Twitter le 6 novembre 2020; cette annonce a confirmé que le groupe SpaceX était approuvé pour se joindre aux efforts déployés par le gouvernement, afin de brancher les Canadiens à Internet haute vitesse. Grâce aux efforts de collaboration déployés par FSET Information Technology & Services, de Kenora, les installations ont commencé le 2 décembre 2020.

Les satellites Starlink représentent un futur de la connectivité dans les collectivités rurales et éloignées. L'ingéniosité de Starlink est allée jusqu'à fournir des antennes paraboliques, munies d’un système de chauffage intégré, afin d’empêcher l'accumulation de neige et de glace, réduisant ainsi les coûts de l’élimination professionnelle de celles-ci.

En ce qui a trait aux collectivités aux services mauvais ou inexistants, le développement de l'infrastructure des technologies de l'information et de la communication (TIC) est une occasion sans précédent de brancher des collectivités à des services et à des marchés qui seraient autrement inaccessibles. Toutefois, les services des TIC ne peuvent être accessibles que s'ils sont abordables. L'utilisation est la valeur inhérente de l'infrastructure des TIC.

Au Canada, le coût initial de démarrage du processus de la connexion à Starlink est d'environ 800 $, à quoi s’ajoutent des frais mensuels de 129 $. Il s'agit d'un coût particulièrement élevé pour des familles économiquement défavorisées ainsi que d’un exemple récurrent des obstacles financiers qui entourent la connectivité dans les zones rurales et reculées.

Ian Stevens, de la Canadian Communication Systems Alliance (CCSA), a fait une présentation aux membres du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie , en décembre 2020; il y a déclaré que le développement de services des TICS efficaces et abordables dans les collectivités rurales et isolées n’est « [...] jamais l’affaire d’une seule entreprise – il a fallu du financement public pour y parvenir ». Cet argument ne diminue en rien le fait que la connexion de Pikangikum à Internet par satellite Starlink soit une réussite historique pour les populations isolées. Toutefois, il est également évident que si SpaceX, d'Elon Musk, peut financer durablement des investissements pour des solutions innovantes chez Starlink, l’entreprise SpaceX ne peut à elle seule faire baisser les prix à la consommation fixés dans un contexte prioritairement urbain.

Les fournisseurs d'accès Internet (FAI) pourraient offrir des tarifs Internet plus abordables grâce à des partenariats avec les pouvoirs publics, tel l'accord du Canada avec SpaceX, s'ils étaient soutenus par des investissements. La subvention des coûts des FAI associés aux services dans des zones rurales et isolées a été l'une des recommandations présentées par M. Stevens. La tarification urbaine a bénéficié d'économies d'échelle, car les prix sont déterminés en fonction du nombre de clients par kilomètre. En revanche, la formule de la tarification rurale est inverse : il s’agit de kilomètres par client. Par client, les coûts d'entretien sont donc plus élevés dans les zones rurales et nécessitent un financement public compensatoire. Bien entendu, nous devons alors nous interroger sur le seuil des avantages relatifs aux coûts, et ce, entre les zones urbaines et rurales, ainsi que sur l'équilibre à trouver entre les avantages en termes de coûts et de capital humain, par exemple. Toutefois, ce seuil est une question à traiter à part.

Le marché des TIC au Canada est un oligopole. Afin de favoriser davantage de concurrence, des partenariats gouvernementaux subventionnés avec des fournisseurs d'accès Internet permettraient d'alléger les coûts de l’entretien. Les fournisseurs pourraient alors proposer des prix compétitifs dans les régions rurales et éloignées et se concentrer sur la course à une meilleure qualité d'Internet.

En outre, subventionner les coûts des services est un investissement indirect du gouvernement fédéral dans l'amélioration des services et dans l'élargissement de l'assiette fiscale. Un service Internet abordable stimulerait les activités économiques en ligne. Il augmenterait l'efficacité des infrastructures de la santé et de l'éducation. Il faciliterait l’offre d'autres services sociaux dans les collectivités rurales et éloignées, en les rendant facilement accessibles virtuellement. Il favoriserait également les communications, les divertissements et l'accès à distance aux institutions culturelles.

Pendant près de deux décennies, la Première Nation de Pikangikum a lutté contre la politique de financement des infrastructures, tout en endurant des avertissements de faire bouillir l'eau, un système électrique alimenté au diesel et une école surpeuplée et moisie. Les dépenses d'infrastructure et les services inabordables et de mauvaise qualité ont empiré ces situations d'urgence. La fracture numérique entre les zones urbaines et les régions reculées de l'Ontario persistera et s'élargira si l'on ne s'attaque pas au problème de l'accessibilité financière.

La Première Nation de Pikangikum sera définie par sa prochaine génération, car 75 % de la population est composée d'enfants, de jeunes et de jeunes adultes. Les mesures politiques et le financement que met en oeuvre le gouvernement aujourd'hui laisseront une impression à long terme sur les relations du gouvernement avec la Première Nation de Pikangikum et d'autres collectivités éloignées. Aujourd'hui, la technologique et l’infrastructure nécessaires pour relier les collectivités et pour améliorer l'avenir de la prochaine génération existent. Elles sont disponibles et les installations peuvent se faire; il s'agit de rendre le tout rentable pour les fournisseurs d'accès Internet et financièrement accessible à tous les Canadiens. Starlink n'est qu'un début.

 

Écrivez pour nous

 

Sandra Janjicek est analyste politique pour l'IPN


Le contenu du Puces Politiques du Nord est pour l’information et l’utilisation générales. Les vues exprimées dans ce blogue sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de l’Institut des politiques du Nord, de son conseil d’administration ou de ses partisans. Chaque auteur assume toute la responsabilité quant à la précision et à l’intégralité de son blogue. L’Institut des politiques du Nord ne sera pas tenu responsable d’une erreur ou d’une omission dans cette information, ni d’un dommage causé par l’exposition ou l’utilisation de cette information. Tout lien vers un autre site Web ne signifie pas que l’Institut des politiques du Nord est d’accord avec le contenu de ce site, ni qu’il y assume une responsabilité.

L’Institut des politiques du Nord vous invite à lui faire part de vos observations et commentaires. Cette rétroaction ne doit pas dépasser 500 mots. Nous ne publierons aucun commentaire comportant des propos obscènes, désobligeants, haineux ou menaçants. Évitez le hors sujet en vous assurant que vos commentaires concernent les thèmes abordés dans ce blogue. Si vous présentez une réfutation ou un contre-argument, veuillez fournir des sources et des éléments de preuve. L’Institut des politiques du Nord se réserve le droit de refuser les rétroactions et commentaires transmis à www.northernpolicy.ca qui contreviennent aux présentes directives.

0 Commentaires des lecteurs

All fields are required.