En matière d'immigration, il est encore temps de nous sauver nous-mêmes
le 15 février 2019 - En matière d’immigration, il est encore temps de nous sauver nous-mêmes
Ces trois dernières années, j’ai vu un consensus s’établir chez les Nord-Ontariens pour une approche régionale vis-à-vis de l’immigration. Une approche nuancée, factuelle, axée sur le soutien mutuel et fondée sur les besoins. Au cours des deux dernières semaines, j’ai vu ces mêmes personnes, qui avaient travaillé si fort pour établir ce consensus, se battre entre elles. Se battre pour ce qui n’est que la première part d’un gâteau bien plus gros.
Il est possible d’éviter cette situation. Considérez ce que nous avons collectivement accompli en ce qui a trait au dossier de l’immigration. Les maires de nos cinq plus grandes collectivités ont, ensemble, publiquement plaidé pour une politique d’immigration qui fonctionne pour les régions du Nord de l’Ontario. Les cinq plus importants organismes de développement économique urbain ont coordonné leurs investissements afin de définir des méthodes pour aller de l’avant.
La Northwestern Ontario Municipal Association et la Fédération des municipalités du Nord de l’Ontario ont tenu des séances d’urgence dans les jours suivant le lancement du nouveau Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord du gouvernement fédéral. Elles ont adopté des résolutions pour soutenir les initiatives régionales permettant au Nord de l’Ontario de tirer le meilleur parti de ce nouveau programme. Les commissions de planification de la main-d’oeuvre, les associations d’établissement, les partenariats locaux pour l’immigration, les organismes de développement économique, les différentes municipalités, les organisations de base, les universités et les collèges ont tous, de façon solidaire, soutenu une approche commune. Et ces efforts ont porté leurs fruits.
Le Programme pilote fédéral d’immigration dans les communautés rurales et du Nord s’attaque aux obstacles qui empêchent le Nord de l’Ontario de se prévaloir du système Entrée express pour pourvoir les postes dont nous disposons, et pas les postes qu’Ottawa et Toronto souhaitent que nous ayons à pourvoir. Dans son nouveau plan régional, FedNor s’est engagé à mobiliser des ressources pour renforcer l’attrait des collectivités nord-ontariennes. Le gouvernement de l’Ontario prend de plus en plus conscience, et évoque de plus en plus souvent en public, les défis que les régions nord-ontariennes doivent relever en ce qui concerne l’immigration.
Ce n’est pas le moment d’interrompre les progrès que nous avons faits. Les études du Conference Board du Canada, de l’Université de Hearst et de l’Institut des politiques du Nord montrent toutes qu’il est absolument vital d’adopter une approche régionale de l’immigration dans le Nord de l’Ontario. Les services qui attirent les immigrants et qui les aident à s’établir sont déjà structurés et dispensés sur une base régionale.
Aux termes de ce programme pilote provincial, nous pouvons et nous devrions présenter cinq soumissions complémentaires et qui se renforcent mutuellement : pour le District d’Algoma, le District de Nipissing, le District de Cochrane, le District de Sudbury et du Grand Sudbury, et le District de Thunder Bay. Autrement, on pourrait présenter cinq soumissions de la part de nos plus grandes collectivités et de leurs banlieues limitrophes, mais il faudra cinq soumissions. Le gouvernement n’est pas tenu de ne choisir qu’une seule soumission. Il peut les choisir toutes les cinq, et les éléments disponibles montrent qu’il devrait procéder ainsi.
Il n’y a pas de plafond absolu en ce qui concerne le nombre de soumissions communautaires à approuver. Par ailleurs, rien n’interdit aux soumissionnaires d’échanger et de collaborer. Les députés du Nord pourraient, et devraient, appuyer et parrainer les cinq soumissions. N’oubliez pas que ces députés incluent aujourd’hui non seulement un ministre de premier plan, mais aussi un secrétaire parlementaire responsable de la croissance rurale.
Nous ne devons pas, en revanche, être déraisonnables dans nos propositions. Dans le cadre de ce nouveau programme, le nombre de « demandeurs principaux » est plafonné à 2 750 à l’échelle nationale. Les cinq soumissions du Nord de l’Ontario ne devront pas, ensemble, dépasser 20 pour cent de ce total. Nous pouvons aisément répartir 550 places entre les cinq soumissions. Ces cinq cibles peuvent être justifiées au moyen de très nombreuses mesures : offres d’emploi affichées l’année dernière, population ou futures tendances démographiques. Si vous êtes curieux, sachez que, quel que soit le critère utilisé, les 550 places se répartissent plus ou moins de la façon suivante : Algoma, 60 demandeurs principaux; Nipissing, 80; Cochrane, 80; Thunder Bay, 140; et Sudbury, 190.
Nos efforts ne doivent bien sûr pas ignorer Kenora et la myriade de petites collectivités qui ne sont pas directement liées à ces cinq grandes. À cet égard, au niveau provincial, nous avons une vraie occasion de réaliser des changements faisant écho à ceux que vient d’annoncer le gouvernement fédéral. En 2018, 600 nouvelles places ont été ajoutées au Programme ontarien des candidats. Il suffirait de deux petits changements politiques pour que la province puisse offrir à nos collectivités plus petites les mêmes possibilités que celles conférées à nos plus grandes villes par le nouveau programme fédéral.
La province pourrait allouer ces 600 nouveaux postes à des collectivités nordontariennes comptant moins de 20 000 habitants tout en étoffant la liste des « emplois en demande » pour y inclure des emplois qualifiés et semi-qualifiés dans le Nord comme les conducteurs de camion, les préposés aux services de soutien à la personne et le personnel de l’industrie d’accueil. N’oubliez pas que du côté provincial, les députés de l’Ontario incluent non seulement de nombreux législateurs aguerris ayant beaucoup d’ancienneté, mais aussi deux ministres de premier plan et un assistant parlementaire qui se consacre au développement du Nord.
Ensemble, nous disposerions de 550 places au programme fédéral Entrée express à répartir entre nos « cinq grands » et 600 places au programme provincial Entrée express pour le reste du Nord. Les collectivités du Nord s’entraident pour aider ces nouveaux arrivants et leurs familles à se sentir bienvenus et à réussir. Ce plan est réalisable et cadre avec le travail accompli collectivement par les régions du Nord de l’Ontario depuis plusieurs années. Ensemble, nous pouvons relever ce défi.
Charles Cirtwill est président et chef de la direction de l’Institut des politiques du Nord, un groupe indépendant de réflexion sociale et économique dont le siège social est dans le Nord de l’Ontario, avec des bureaux à Thunder Bay et Sudbury.
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