Le bulldozer est ici. Aura-t-il l'effet escompté ?
2e octobre, 2019 - Ce blog a été publié pour la première fois dans Northern Ontario Business.
Pendant l’élection provinciale, Doug Ford, alors candidat (et maintenant premier ministre), a notoirement promis de venir au Cercle de feu et de se mettre au volant d’un bulldozer s’il le fallait pour faire avancer le développement de la région. Avec l’abandon de l’entente-cadre régionale et le retour d’ententes individuelles de nation à nation, c’est ce qu’il a fait.
Il est clair que la province a déterminé, après des années d’efforts d’au moins trois gouvernements différents, qu’il ne peut y avoir de progrès sans la coopération de partenaires bien disposés. De cette façon, des composantes clés de l’infrastructure peuvent être mises en place pendant que les négociations se poursuivent dans d’autres parties de la région. Au bout du compte, on espère que les composantes s’insèreront les unes aux autres dans un tout cohésif.
Il est également clair qu’au moins certaines des Premières nations de la région sont du même avis. Cela pourrait être fonction de leurs besoins relatifs en matière de nouveaux investissements. Il est possible, après tout, de voir le Cercle de feu comme la seule option pour un nouvel avenir pour de nombreuses communautés. Dans d’autres cas, il se pourrait simplement que la communauté elle-même a collectivement pris une décision ferme d’aller de l’avant. Ces communautés ont passé des années à elles-mêmes évaluer les occasions et les risques associés à ces investissements.
Ce virage a déjà eu des résultats. Les Premières nations de Marten Falls et d’Aroland sont maintenant des actionnaires participatifs de Noront Resources, le principal moteur du Cercle de feu. Les projets de routes menés par Marten Falls et Webequie ont été relancés et pourraient bientôt obtenir les autorisations environnementales nécessaires et, finalement, voir les travaux commencer. Même l’annonce de l’emplacement de la nouvelle fonderie de Sault Ste. Marie peut être vue comme contribuant à cette nouvelle énergie. Compte tenu du moment de l’annonce, celle-ci a probablement été, au moins en partie, poussée par la reconnaissance du changement global de direction des négociations.
Bien sûr, on pourrait faire valoir que la province ne fait qu’opposer une Première nation à une autre. On pourrait s’être servi d’écrasantes conditions économiques et sociales, conditions desquelles la province et le pays sont en grande partie responsables, comme levier pour faire construire ces infrastructures et pour ouvrir la région à l’exploration et à l’exploitation. Il reviendra aux divers gouvernements qui interviennent dans le dossier d’assurer que ce ne soit pas le cas, que les gouvernements soient autochtones ou non autochtones. Les tribunaux ont aussi montré qu’ils étaient prêts à intervenir lorsque les choses dérapent et qu’on peut leur faire confiance de le faire de nouveau, au besoin.
Quoi qu’il en soit, cette action par le gouvernement de l’Ontario met la table pour une expérience naturelle plutôt intéressante en politique publique. Le Cercle de feu ira maintenant de l’avant (ou non) en même temps que le pipeline Trans Mountain ira de l’avant (ou non). Il s’agit de deux projets étalés sur de nombreuses années, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars. Tous les deux auront éventuellement un impact direct et indirect sur les territoires traditionnels de nombreuses communautés autochtones et métisses. Tous les deux constituent des investissements transformatifs pour leur région, voire le pays. Finalement, tous les deux sont axés sur l’extraction de ressources naturelles à un moment où le public, particulièrement à l’échelle nationale et mondiale, considère ce genre de projet d’un œil de plus en plus négatif.
Tous les deux étaient sujets à des ententes-cadres régionales et à des négociations régionales. L’approche du gouvernement fédéral à l’égard du projet de pipeline Trans Mountain a été et devrait rester (quels que soient les résultats de l’élection de cet automne) régionale. L’Ontario a choisi un cheminement différent. Elle a probablement été sage de le faire.
Les opposants au projet de pipeline en Colombie-Britannique sont bien placés pour bloquer son avancée. De par sa nature, le projet touche toute sa région. Les 3 m qui le séparent de la mer sont tout aussi accablants que ses 20 000 km de longueur. Des organisations nationales et mondiales sont venues à la rescousse des opposants au pipeline avec des ressources financières et humaines importantes.
La viabilité économique individuelle de sections des corridors d’accès aux communications, à l’énergie et aux routes du Cercle de feu fait en sorte qu’il est possible d’arriver à des ententes uniques. Les avantages socio-économiques qui en découleront pour les communautés touchées, les faisant passer d’« éloignées » à « rurales », ne peuvent pas non plus être ignorés. Les ententes sous-régionales sont logiques d’un point de vue social et économique en Ontario, mais beaucoup moins en Colombie-Britannique.
La suite des choses pourrait avoir des répercussions importantes sur l’avenir de projets semblables en matière d’exploitation de ressources naturelles, ou non. Après tout, la chromite n’est pas du pétrole, et c’est peut-être la seule différence qui compte.
Charles Cirtwill est président fondateur et chef de la direction de l'IPN
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