Serait-il temps de renouveler les incitatifs pour les déplacements vers le Nord?

le 13 novembre 2017 - Les incitatifs comptent. S’il y a une chose que les économistes peuvent dire aux décideurs politiques de façon inconditionnelle, c’est bien cela. Il paraît que le message commence à passer, du moins chez les leaders locaux, ici dans le Nord de l’Ontario.

Aux prises avec une économie en évolution, un déclin démographique et une baisse des recettes fiscales, la municipalité de Smooth Rock Falls a lancé une campagne agressive pour renouveler sa marque, offrant une réduction de 90 % sur l’achat de ses terrains. Non seulement la collectivité a décidé de subventionner ses terrains, elle a aussi décidé d’annoncer son rabais par le biais d’un communiqué de presse, et la nouvelle a été diffusée au niveau national non seulement à la radio, à la télé et dans la presse, mais aussi dans tous les médias sociaux.

Il s’agit là d’une application astucieuse de l’économie incitative. Issue du mariage entre la psychologie du comportement et la théorie économique, cette approche a été mise au point par Richard Thaler, lauréat du prix Nobel d’économie cette année. L’idée est simple. Les gens peuvent être « incités » à faire de meilleurs choix ou à faire moins de mauvais choix. Plus important encore, l’incitatif n’a pas besoin d’être très fort, mais il est apparemment utile de le faire passer dans un message positif, et ce, de façon optimiste.

Et Smooth Rock Falls l’a bien compris aussi. Sa nouvelle image de marque est « Presque nord, presque parfaite ». La municipalité ne demande pas aux gens de souscrire à une proposition perdante. Elle lance une grande occasion : de bons services de transport, d’excellentes écoles, un accès facile à de grands marchés, un coût de la vie peu élevé, une communauté sécuritaire, une main-d’œuvre disponible. Cet incitatif foncier ne consiste pas à améliorer l’avantage comparatif, mais plutôt à attirer l’attention sur la communauté formidable de Smooth Rock Falls et à vaincre l’inertie naturelle des humains. Entrez, n’ayez pas peur, l’eau est bonne.

North Bay chercherait à être la prochaine à embarquer, toujours avec l’idée de l’image du « presque nord ». Mais, tout comme moi (voir la première phrase de mon deuxième paragraphe ci-haut), North Bay rate un peu l’idée essentielle de l’économie incitative. Le message qui émane de North Bay et que l’on répète à l’Assemblée législative de l’Ontario est « nous souffrons ». Selon l’argument, le gouvernement doit faire quelque chose pour rendre notre municipalité plus attrayante avec des incitatifs, ou des réductions d’impôts, ou encore avec des exemptions fiscales. C’est le mauvais scénario, et il est voué à l’échec.

Le bon message est celui de Smooth Rock Falls : nous avons une communauté incroyable ici, et nous voulons vous aider à en profiter. Concentrez-vous sur les possibilités dans le Nord de l’Ontario et sur la façon dont les nouveaux arrivants peuvent en profiter, et engagez-vous à LES aider à réaliser LEURS rêves. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas se servir d’incitatifs fiscaux et de transferts de fonds comme outils. Les terrains gratuits, les subventions pour les frais de déménagement et les allègements fiscaux pendant les premières années lorsque les coûts sont plus élevés ont déjà été utilisés avec fiabilité pour aider les gens à s’aider eux-mêmes.

Mais l’important, c’est que ce sont eux que nous aidons, et pas nous-mêmes. Comme l’économie incitative l’a bien compris, les gens se comportent de certaines façons pour s’améliorer eux-mêmes, et non pas les autres. S’améliorer financièrement, émotionnellement et socialement. S’améliorer, même par rapport à comment ils étaient, ou à comment ont les percevait, hier seulement.

En profiter est vraiment une question de ton plutôt que de substance. Le Nord de l’Ontario n’a pas d’ « infrastructure excédentaire »; nous avons des collèges et des universités exceptionnels qui sont abordables et accessibles. Nous n’avons pas de pénurie de main-d’œuvre, nous avons de bons emplois payants avec des industries durables dans des collectivités où l’on peut vivre, s’amuser et élever une famille sans avoir à faire une navette de deux heures ou avoir une énorme hypothèque. Nous n’avons pas de problème de relève et nous avons des entreprises prospères à vendre.

Comme Smooth Rock Falls, par contre, ce ne sont pas seulement les entités gouvernementales et quasi gouvernementales qui doivent s’embarquer. C’est toute la communauté qui doit participer à cet effort — surtout la communauté des affaires. Il y a des postes qui ne sont pas pourvus et des occasions qui s’offrent à la prochaine génération. Ne limitez pas ces possibilités seulement aux gens qui sont nés à cinq minutes de vos portes. Les employeurs, comme le gouvernement, doivent être prêts à aider les nouveaux arrivants à réaliser leurs rêves, que ces nouveaux arrivants proviennent de l’autre bout de la ville ou de l’autre bout du monde. Cela veut dire qu’on doit se partager un peu les risques. À un moment donné dans l’historique de toute famille, quelqu’un a donné un coup de main, a pris un risque ou a fait un investissement. Tout le monde en a profité, et c’est ça, l’important.

 

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Charles Cirtwill est président et chef de la direction de l’Institut des politiques du Nord, un groupe indépendant de réflexion sociale et économique dont le siège social est dans le Nord de l’Ontario.

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