Histoire de deux réfugiés

le 20 mars 2019 - Cet éditorial est apparu pour la première fois dans le Northern Ontario Business.

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Le Canada ne fait pas face à une crise des réfugiés, mais à deux.

Le Canada ne fait pas face à une crise des réfugiés, mais à deux. Nos réactions sont similaires, mais certainement pas identiques, et il est démontré qu’elles ne sont pas également efficaces. Ces idées m’ont frappé pendant que j’écoutais des échanges lors d’un forum récent qui portait sur l’immigration, à Thunder Bay. Il s’agissait d’un des panélistes et d’une chanteuse autochtone qui avait été invitée à démarrer du bon pied la journée – par une atmosphère d’accueil et de réflexion.

Le panéliste était un réfugié arrivé récemment, un nouveau propriétaire de logement, et il présentait une étude de cas relative à la réussite de l’immigration d’urgence au Canada. Il a parlé du rôle important que sa famille d’accueil avait joué pour aider sa propre famille à en apprendre au sujet de leur nouvelle collectivité. Non seulement pour trouver l’emplacement des arrêts d’autobus et des épiceries, mais aussi la façon de se porter à leur défense et de servir d’interprète pour eux à la banque, dans les établissements d’enseignement, chez les fournisseurs de services et, surtout au travail, où les différences culturelles devaient être rajustées et surmontées de part et d’autre. Lui et son épouse, laquelle faisait aussi partie du panel, ont parlé brillamment du soutien apporté lors de l'établissement du couple et de leurs enfants, et ce, depuis leur arrivée dans ce pays.

La chanteuse autochtone était également de Thunder Bay. Comme le panéliste, elle a parlé de ses luttes dans sa collectivité d’origine ainsi que de ce qui l’avait motivée à chercher ailleurs une vie meilleure. C’est là que s’arrêtaient les similarités. Elle demandait directement comment, après une année seulement, une famille arrivée sans le sou au Canada avait pu faire la mise de fonds pour l’achat d’un logement. Son message était toutefois plus profond que cela. À titre de Canadienne, quoique possédant la double nationalité, celle du Canada et de sa Première Nation (je m’excuse, je ne peux me souvenir de laquelle), puis exerçant son droit de « liberté de circulation » prévu par la Charte, elle n’avait aucunement bénéficié du soutien et des encouragements offerts au panéliste et à sa famille.

Elle n’avait pas eu de logement temporaire payé par la Couronne. Elle n’avait pas eu de séances d’orientation axées sur les normes culturelles à Thunder Bay ou profité d’un réseau en place de mentorat officieux. Elle n’avait pas joui de soutien du revenu qui, apparemment, n'est pas récupéré même si quelqu’un trouve du travail pendant la première année dans une nouvelle collectivité. Personne n’a vérifié comment allait les choses pour elle et si ses enfants s’intégraient à l’école. Personne n’est intervenu entre elle et son employeur lors d’attentes culturelles en conflit avec la journée de travail, tel le retour dans sa collectivité à l’occasion de funérailles de voisins et pas seulement de membres de sa parenté.

Leur situation antérieure était néanmoins remarquablement similaire. Une collectivité dysfonctionnelle, une économie en lambeaux, la crainte quotidienne de préjudices personnels et familiaux, la pauvreté et le manque d’espoir. Il est vrai que le Canada investit dans les collectivités des Premières Nations, en vue de s’attaquer à ces problèmes, pourtant nous sommes loin de les résoudre. Progrès, oui. Résolution, non. La crise de la moisissure de Cat Lake n’est que le plus récent exemple de difficultés majeures existantes.

Si nous ne pouvons nous attaquer aux problèmes ou ne le ferons pas dans les collectivités éloignées et rurales, nous continuerons d’avoir un flux considérable de réfugiés internes. Ne devrions-nous pas alors comparer le soutien offert à ceux qui ne sont pas du Canada et qui s’échappent de situations désespérées, puis convenir au moins que nos concitoyens méritent la même chose? Si, par exemple, nous pouvons offrir temporairement aux nouveaux Canadiens des soins médicaux et dentaires additionnels, ne devrions-nous pas faire de même pour les Canadiens qui fuient aussi vers de nouvelles collectivités, à la recherche d’une vie meilleure?

Une personne de l’auditoire, immigrante et non réfugiée, s’est mise à participer à la discussion. Elle a signalé que, à son arrivée au Canada, elle devait avoir quatre emplois afin de pouvoir économiser de l’argent pour un logis et se faire une nouvelle vie. Son histoire a suscité des hochements et des murmures approbateurs dans l’auditoire. C’était, après tout, une description verbale du « rêve canadien ». Je crois que l’immigrante, ingénieure qualifiée, et le public n’ont pas bien compris. La chanteuse autochtone et le panéliste parlaient des expériences comparatives de deux familles en crise et de ce que le Canada faisait pour les aider. Un groupe de réfugiés étaient accueillis à bras ouverts et soutenus activement au moment de mettre les pieds dans un très nouveau monde. Ce n’était pas le cas pour l’autre. Et c’est là un problème.

 

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Charles Cirtwell est président fondateur et chef de la direction de l'IPN.


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