En route vers le Nord
Le 4 juin 2018 - Quand je me suis engagée sur la voie des études postsecondaires, il m’a fallu prendre de grandes décisions. Quel établissement fréquenter? Quel programme choisir? Puis, une fois que j’ai obtenu mon diplôme de l'Université d’Ottawa, il a fallu que je détermine mon cheminement de carrière ainsi que l'endroit où je voulais m'établir pendant les 5, 10, 15 prochaines années ou plus. J'ai choisi le Nord de l'Ontario.
Mais pourquoi?
Originaire de Windsor, j'ai tendance à considérer tout ce qui se trouve au nord de Toronto comme étant loin de ma famille et de mes amis. Suivant les mythes sur le Nord de l'Ontario, la plupart des gens me disaient que j'étais folle d'aller vivre dans le Nord, que le climat serait désagréable, que je me sentirais seule et que je m'ennuierais. Les gens sont effrayés par ce Nord qui semble si loin, si froid et si vide, et ils ont peur de perdre la chaleur du soleil et leurs grands centres urbains et commerciaux. Ce que la plupart d'entre eux ne savent pas, c'est que le Nord de l'Ontario est une terre d'avenir, surtout pour les jeunes professionnels.
À titre d'exemple, depuis 2009, le taux d'emploi des jeunes âgés de 15 à 24 ans est considérablement plus élevé dans le Nord-Ouest de l'Ontario que dans l'ensemble de la province. Il en va de même pour les jeunes âgés de 15 à 19 ans depuis 2002. D'autre part, d'après mon expérience, les divers emplois que l'on retrouve dans les grandes villes comme Toronto se trouvent également dans le Nord de l'Ontario, où il y a moins de concurrence. Par exemple, le Nord de l'Ontario manque de travailleurs dans les secteurs des affaires, de la finance et de l'administration. De plus, il y a de nombreux postes vacants dans les secteurs des métiers, du transport et de la conduite d'équipement. Au-delà de ces postes vacants, les trois principaux secteurs d'emploi du Nord de l'Ontario en 2017 étaient les soins de santé et services sociaux, le service à la clientèle et l'éducation.
Qu'est-ce qui a changé?
Le climat, bien sûr. Il est bien vrai qu'il faut un manteau plus chaud et de nouvelles bottes d'hiver, mais on se rend vite compte que les gens du Nord sont habitués à ce type de climat. Par ailleurs, non seulement les maisons et les bâtiments sont adaptés au climat plus froid, mais les communautés du Nord sont bien équipées pour déneiger et dégager les routes de façon efficace. Tout compte fait, si, une tuque sur la tête, on prend du recul pour les considérer, on voit que les gens du Nord sont tout à fait prêts à tout ce que l'hiver peut leur lancer.
Quant au magasinage, n'ayez crainte — il y a plein de magasins. On n’y trouve pas de gigantesques centres commerciaux, mais franchement, cela n'est pas très grave puisqu'aujourd'hui on peut commander presque tout en ligne. De plus, si l'on regarde au-delà des grandes marques, on voit que le Nord de l'Ontario est rempli de petits commerces où se trouvent des produits fabriqués localement.
Source : Institut des politiques du Nord. 2017. « State of the North—Responding to Northern Ontario’s Demographic Shift ». Présentation faite à la conférence State of the North à Timmins, Ontario, les 27 et 28 septembre.
Comparativement au Sud de l'Ontario, le Nord fait preuve de beaucoup d'innovation en ce qui concerne l'utilisation de ses ressources naturelles. Par exemple, dans le Nord de l'Ontario, on met beaucoup l'accent sur ce qu'on appelle la « bioéconomie ». Il s’agit de la partie de l’activité économique qui découle de l’utilisation de matières de base (c.-à-d. plantes, cultures ou autres ressources naturelles renouvelables). Dans le Nord de l’Ontario, les secteurs forestier, agricole et minier sont les principaux secteurs économiques.
Enfin, je pourrais m’éterniser sur la qualité de l’air. La majorité des collectivités du Nord sont entourées d'arbres, ce qui rend la vie nettement différente dans ces endroits par rapport à des villes comme Windsor. Il y a considérablement moins de smog. En fait, la totalité du Nord de l'Ontario compterait moins d'avis de smog que la ville seule de Toronto. Moins de pollution lumineuse, aucun énorme bâtiment pour obstruer votre vue, pas de surpeuplement... Bien sûr, on ne peut nier que le Nord connaît aussi des défis, mais il offre aussi des occasions uniques et une qualité de vie différente.
Recherche
Tout comme on doit planifier un voyage, il faut aussi planifier un déménagement. En tant que nouvelle arrivante dans le Nord de l'Ontario, j'ai profité de services comme Northeastern Ontario Immigration pour me familiariser avec les conditions de vie et les possibilités d'emploi et pour obtenir des renseignements généraux sur les collectivités du Nord. De nombreuses autres associations offrent également des ressources aux nouveaux arrivants partout dans le Nord de l'Ontario. Des associations comme les Partenariats locaux en matière d'immigration, Discover the Sault, la Corporation du développement économique de Timmins, le North Bay Local Immigration Partnership, le Réseau du Nord et L’immigration francophone ne sont que quelques exemples des multiples associations offertes aux nouveaux arrivants dans le Nord de l’Ontario. Pour ma part, j'ai décidé de fréquenter le centre communautaire local et je suis devenue membre du YMCA. Ces deux organismes m'ont permis de rencontrer des gens intéressants avec qui j'ai pu tisser des liens d'amitié solides. Ensuite, j'ai commencé à lire les journaux locaux et à écouter les stations de radio locales pour m'aider à mieux connaître mon futur chez-moi. Après avoir fait mes recherches, j'en ai conclu que ce n'était vraiment pas mal du tout!
C’est parti!
En tant que jeune professionnelle, c'est le moment idéal pour essayer des choses. J'ai tenté ma chance dans le Nord de l'Ontario, et j'en suis tombée amoureuse. Oui, il fait froid l'hiver, mais il ne faut pas laisser ça gâcher tous ses aspects positifs. De toute façon, le climat plus froid offre la possibilité de faire du sport et des activités d'hiver. La motoneige, le ski, la raquette et la pêche sur glace, pour n’en nommer que quelques-unes, peuvent être pratiqués à quelques minutes de route de chez soi seulement.
Il sera toujours difficile de vivre loin de ma ville d'origine, de ma famille et de mes amis, mais j'ai appris que je peux rencontrer des gens et nouer de nouvelles amitiés. Aussi, à l'Institut des politiques du Nord, je suis chanceuse d'avoir de formidables collègues qui m'ont fait visiter la ville tout en me parlant des choses à faire et à ne pas faire et qui m'ont vraiment aidée à accepter et à apprécier mon nouveau chez-moi.
Donc à moins d'être allergique à l'air non pollué et de détester les arbres et les lacs, vous devriez vous mettre en route... vers le Nord!
Christine St-Pierre est une agente des communications de l’Institut des politiques du Nord.
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