Vous pouvez avoir un emploi ET une éducation
17 juillet 2017 - Je comprends que ce soit un choc pour certains, mais il est possible que des établissements postsecondaires offrent aux élèves ce qui est désigné par une formation classique TOUT EN préparant ceux-ci à un emploi. Il est également possible, voire nécessaire, de développer la pensée, tout en apprenant un métier.
Pendant une bonne partie de ma vie d’adulte, j’ai été bombardé par un message, à savoir que le « collège » est le lieu où les élèves se préparent pour un emploi, puis l’« université », l’endroit où vont les étudiants pour enrichir leur savoir ou pour améliorer la société. Les collèges se vantent ordinairement de leurs chiffres relatifs aux emplois obtenus après l’obtention du diplôme; ce n’est pas tellement le cas pour les universités. Les universités parlent de leurs gagnants de bourses et des reconnaissances des mérites, de leurs prix de recherche et de leur commercialisation de produits. Ce n’est pas tellement le cas pour les collèges.
Le fait est, toutefois, que les diplômés des universités obtiennent des emplois. En fait, ici en Ontario, leurs chiffres de l’emploi après l’obtention des diplômes sont continuellement meilleurs que ceux des collèges. Selon le Conseil des universités de l'Ontario, les taux d’emploi des diplômés de 2013, par exemple, six mois après l’obtention de leur diplôme, était de 87 %. Presque quatre diplômés universitaires sur cinq avaient un emploi. Le nombre comparable dans le système collégial de l’Ontario était de 83 %; l’écart n’est pas si grand, mais il y en a tout de même un, et en dépit des attentes de la plupart d’entre nous, ce n’est pas en faveur de ces établissements. Au fait, les niveaux d’emploi chez les diplômés universitaires, deux ans après l’obtention de leur diplôme, sont de 94 % pour l’ensemble de la province.
Les collèges et universités parviennent à ces taux élevés d’emploi après la remise des diplômes et exactement pour la même raison : ils préparent les étudiants à travailler dans le domaine des études choisies. Les mesures du rendement des collèges, rendues publiques en 2017, montrent que 87 % de leurs étudiants affirment que leur programme leur a donné « des connaissances et des habiletés » qui seront utiles pour leur carrière future. Des enquêtes similaires auprès de diplômés universitaires, six mois après la fin de leurs études, montrent 83 %, ce qui grimpe à 89 % deux ans après leur départ de l’université. Quatre étudiants sur cinq, de collège comme d’université, détiennent des diplômes pour des connaissances et habiletés spécifiques, qu’ils utilisent, disent-ils, dans des professions connexes.
Il arrive aussi que les collèges, oui les collèges, offrent beaucoup de contenu relié à des notions de pensée critique et de formation classique. Même un rapide coup d’œil sur les cours offerts par les collèges du Nord ontarien permet de constater ce mélange de compétences pratiques, de savoir-être et de notions classiques. La déontologie, les relations interpersonnelles, les statistiques, la rédaction littéraire et de rapports, le droit, le comportement humain et les productions artistiques, pour n’en nommer que quelques-uns, sont des cours où les élèves des collèges sont initiés à la littérature classique, à la culture, à la pensée et à l’art. Les collèges comme les universités ajoutent leur présence et contenu autochtones, tout en augmentant globalement la sensibilisation interculturelle et le savoir acquis par l’expérience. Une de mes collègues, diplômée collégiale, a séjourné en Ukraine dans le cadre de ses études. Elle apprend et utilise d’importantes notions de sensibilité, de communication et de collaboration interculturelles.
Compte tenu des réalités pénibles du Nord ontarien, nous ne pouvons pas nous permettre de maintenir plus longtemps cette division factice entre université et collège. Vous pouvez obtenir une éducation de qualité, équilibrée et enrichie aux deux types d’institutions. L’une ou l’autre est une « bonne » voie vers un emploi. Pas n’importe lequel, un bon emploi.
Tout comme nous ne pouvons plus nous permettre la division factice que les universitaires aiment souligner, entre la formation technique, la pensée critique et l’éducation libérale, nous ne pouvons également pas continuer d’accepter ce qui est dans une large mesure des partis pris parentaux liés à ce qu’est un « bon » emploi.
Si nous définissons les bons emplois en fonction du revenu, alors il y a très peu de débat. Les professions du groupe métiers, transport et machinerie, par exemple, ont en moyenne exactement la même rémunération horaire que celles du groupe des services éducatifs, juridiques et gouvernementaux. Si vous vous préoccupez du travail des « collets blancs », comparez simplement le milieu de travail d’un enseignant d’école primaire et celui d’un électricien. En ce qui concerne le problème du « travail manuel », vous n’avez peut-être pas rencontré un biologiste, un chimiste ou un ingénieur.
Toute voie du niveau postsecondaire peut conduire à un emploi hautement qualifié, grâce à une éducation de qualité, classique, critique. Il est temps pour les universités de ne pas s’en faire à propos de ce qui est bon pour préparer leurs diplômés à un emploi. Il est également temps que tous les autres cessent de prétendre que les collèges offrent une deuxième chance ou une instruction de second niveau.
Charles Cirtwill est président et chef de la direction de l’Institut des politiques du Nord, un groupe indépendant de réflexion sociale et économique sont le siège social est dans le Nord de l’Ontario. Première publication dans Northern Ontario Business, en juillet 2017.
Le contenu du Puces Politiques du Nord est pour l’information et l’utilisation générales. Les vues exprimées dans ce blogue sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de l’Institut des politiques du Nord, de son conseil d’administration ou de ses partisans. Chaque auteur assume toute la responsabilité quant à la précision et à l’intégralité de son blogue. L’Institut des politiques du Nord ne sera pas tenu responsable d’une erreur ou d’une omission dans cette information, ni d’un dommage causé par l’exposition ou l’utilisation de cette information. Tout lien vers un autre site Web ne signifie pas que l’Institut des politiques du Nord est d’accord avec le contenu de ce site, ni qu’il y assume une responsabilité.
L’Institut des politiques du Nord vous invite à lui faire part de vos observations et commentaires. Cette rétroaction ne doit pas dépasser 500 mots. Nous ne publierons aucun commentaire comportant des propos obscènes, désobligeants, haineux ou menaçants. Évitez le hors sujet en vous assurant que vos commentaires concernent les thèmes abordés dans ce blogue. Si vous présentez une réfutation ou un contre-argument, veuillez fournir des sources et des éléments de preuve. L’Institut des politiques du Nord se réserve le droit de refuser les rétroactions et commentaires transmis à www.northernpolicy.ca qui contreviennent aux présentes directives.