Deux Bureaux de santé – Est-ce assez?
17 septembre, 2019 - Le gouvernement de l’Ontario a clairement exprimé son désir de réduire le déficit et les dépenses, puis de rationaliser la prestation des services; le budget de 2019 contenait un vaste programme ayant pour objet de réaliser exactement cela. Un secteur scruté par le gouvernement a été celui des soins de santé, dont il a été dit qu’il était déconnecté et sans coordination.
Un projet annoncé dans le budget, ayant pour mission d’améliorer le fonctionnement des soins de santé puis d’en réduire les dépenses, comprendrait la fusion de Bureaux de santé. Ce plan prévoit de réduire à 10 les 35 Bureaux de santé existants; au lieu des neuf en activité dans le Nord ontarien, il en resterait deux, un pour le Nord-Ouest et un pour le Nord-Est. Les changements doivent aussi s’accompagner d’une réduction de 200 millions de dollars dans le financement des Bureaux de santé. Le gouvernement nous a rassurés, affirmant que le fait d’avoir moins de Bureaux avec de plus grands territoires permettra aux entités d’être mieux coordonnées, que les efficacités qui s’ensuivront permettront de maintenir la qualité et la prestation des services, en dépit du montant inférieur des dépenses.
La complexité et l’inefficacité du système des soins de santé de l’Ontario justifient des critiques répandues du statu quo, ce qui incite certains travailleurs des soins de santé à bien accueillir le plan en question. Le médecin hygéniste du Bureau de santé de Middlesex-London, Dr Chris Mackie, est optimiste, croyant que de plus gros Bureaux permettront d’améliorer la coordination ainsi que l’intégration des programmes et services dans les régions. Le budget affirme que les Bureaux pourront concentrer les ressources, en vue d’« offrir des services de première ligne meilleurs et plus efficients » [trad. libre]. Le gouvernement procédera aussi à une consultation des intervenants pertinents, avant d’achever les plans de réalisation.
Toutefois, le scepticisme persiste à propos des conséquences qu’auront les réformes sur la qualité et l’accessibilité des services, en particulier pour les régions du Nord. Le Nord ontarien risque d’être atteint d’une façon particulière, compte tenu de la superficie que doit couvrir chacun des Bureaux du Nord. Le Nord ontarien englobe la majeure partie du territoire provincial, tout en ayant une très basse densité de population et des collectivités rurales et éloignées qui sont éparpillées. Certains services de santé peuvent ne pas être facilement offerts dans ces collectivités, faisant de l’accessibilité une inquiétude dominante, car les habitants doivent trouver des façons de se rendre aux carrefours régionaux, afin d’obtenir les services. Il est aussi moins probable que les gens aient un fournisseur régulier de services ou soient capables de voir leur fournisseur le même jour ou le lendemain[i]. Des méthodes de rechange pour la prestation des services, dont la cybermédecine, doivent faire face à des problèmes d’accessibilité similaires dans les collectivités rurales, et ce, en raison du manque d’infrastructure nécessaire, dont la connexion haut débit. Les données quantitatives du financement des soins de santé reposent souvent sur la population, ce qui signifie que les petites collectivités qui pourraient déjà avoir peu d’accessibilité pourraient perdre des services existants ou des occasions d’avoir de meilleures services. Cela exige aussi des municipalités qu’elles fournissent davantage de financement, ce qui augmente le fardeau de collectivités qui ont une petite économie. Pour s’attaquer à ces problèmes, il faut de l’investissement dans l’infrastructure et des modèles révisés de financement.
Il y a aussi l’inquiétude que des organismes d’une si grande ampleur empêcheront les collectivités de trouver des réponses à leurs besoins individuels. De plus petites régions ont souvent des défis différents à relever, qui exigent des services et une programmation spécifiques et font que certaines parties prenantes craignent pour les priorités futures fondées sur les besoins locaux. Par exemple, des collectivités d’une même région pourraient avoir des besoins démographiques ou linguistiques différents. Pour maintenir des programmes et services fondés sur les besoins, la communication et l’unité doivent être développés entre le personnel et les parties prenantes locales. De plus gros organismes peuvent non seulement perdre ces relations communautaires, mais risquent aussi plus probablement de se concentrer sur des priorités régionales ou provinciales plutôt que locales. Le maintien des relations locales pourrait vraisemblablement être assuré par un organisme plus gros, pourvu que des emplacements permanents soient créés ou retenus dans les collectivités du territoire de chaque Bureau.
Les détails et les stratégies d’exécution de ce plan joueront un rôle important dans la détermination du niveau d’efficacité nécessaire. Même si le budget dit que le gouvernement est conscient de cette préoccupation et affirme que le Plan ajoutera simplement de la souplesse, il est à se demander comment cela pourrait exactement se faire. L’absence de différentiation des besoins sociaux et géographiques signale un résultat préoccupant, surtout pour les régions rurales et éloignées du Nord, même sans tenir compte des restrictions budgétaires. Le chef de la direction du Bureau de santé du Nord-Ouest, Dr Kit Young Hoon, ne croit pas que les fusions se traduiront par des économies importantes, vu l’efficacité et la collaboration existantes entre les Bureaux. Des comparaisons ont également été faites avec les services de santé de l’Alberta, lesquels ont été conçus en 2008 et avec des intentions similaires. Les plans de rationalisation des services de santé sous une unique entité plus grande ont été utilisés pour améliorer l’efficacité, mais ont produit une inflation des coûts. Une raison potentielle des prix supérieurs tient au niveau nécesssaire d’administration, pour coordonner les interventions et les priorités entre des collectivités dont les circonstances diffèrent qui sont géographiquement éloignées. Étant donné l’énorme superficie entre les frontières proposées pour les Bureaux de santé du Nord, l’administration requise pourrait prendre de l’ampleur. Même s’il y a des économies découlant des fusions, l’expérience albertaine a démontré que les résultats en santé étaient considérablement inférieurs, ce qui laisse à craindre que les Bureaux de santé doivent affronter une capacité réduite pour les services indispensables.
Ultimement, bien que les fusions des Bureaux de santé puissent favoriser une plus grande efficacité dans le Sud ontarien, les régions du Nord pourraient avoir des pertes et problèmes troublants en matière de qualité et de prestation des services. Les services de base et essentiels qui sont offerts par les Bureaux de santé sont à la fois très importants et facilement méconnus; ils servent à alléger des fardeaux qui pèsent déjà trop sur le système des soins de santé. Avec un budget plus modeste, des coûts administratifs élevés, peu de latitude pour une programmation moindre, il est difficile d’imaginer un plan de mise en œuvre qui réponde adéquatement aux besoins de toutes les collectivités du Nord ontarien.
[i] QSSO rapporte que les pourcentages des gens du RLISS du Nord-Ouest et du Nord-Est, qui n’ont pas de fournisseur régulier de soins de santé, sont respectivement de 83,8 % et de 89,2 %. Pour l’ensemble de l’Ontario, il s’agit de 93,8 %. De même, pour ceux de 16 ans et plus dans le RLISS du Nord-Ouest et du Nord-Est et qui sont incapables de voir leur fournisseur des soins primaires le jour même ou le lendemain lorsqu’il sont malades, les pourcentages sont respectivement de 23 % et de 28,2 %. Pour l’ensemble de l’Ontario, il s’agit de 43,6 %.
Gabriella Rabaa sont des analyste politique d'étéà l'IPN.
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