Des promesses, des promesses
le 12 février 2018 - Voilà l'année électorale qui est à nos portes. Plateformes, pontificateurs et politiciens en profusion. Hélas, qu’est-ce qu’un innocent citoyen ontarien peut faire de son vote dans des moments comme celui-là?
Premièrement — et cela pourrait vous choquer — ne vous attendez pas à la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. De la part de personne. Des erreurs, des omissions, des simplifications exagérées et des généralisations, il y en aura. Gardez donc votre scepticisme, messieurs dames. Une vague de colporteurs s'en vient chez vous, et ils sont tous convaincus que c’est leur modèle de luxe qu’il vous faut et que le produit de leur adversaire gâchera votre tapis.
Deuxièmement, posez des questions. Si quelqu'un vous assure de pouvoir créer un formidable nouveau programme, demandez-lui d'où viendra le financement. Si quelqu'un vous dit que vos taxes seront réduites, demandez-lui quels services vous devrez abandonner pour que cela soit possible. Si cette personne vous dit qu'elle peut à la fois augmenter vos services et réduire vos taxes, demandez-lui qui seront les perdants, puisqu'il est clair que vous serez l'un des gagnants. Mais ne la croyez pas sur parole; demandez-lui des preuves de ses compétences en mathématiques.
Si quelqu'un vous assure de pouvoir augmenter les services de tout le monde tout en diminuant toutes leurs taxes, arrêtez de l'écouter et fermez la porte. Il s'agit là d'un point fondamental que tout électeur devrait comprendre. Les taxes sont le prix que nous devons tous payer pour les services offerts par le gouvernement. Ce que les différents partis vous offrent, ce ne sont que des mélanges variés de frais et de services; rien n'est gratuit. Votre tâche consiste à choisir la combinaison qui vous plaît le plus. Mais n'oubliez pas, peu importe la personne qui gagne, elle ne fera pas tout ce qu'elle a promis. Comme tous les autres, enfin.
Mais des promesses, il y en aura beaucoup. Par exemple, tout le monde promettra d'appuyer le Cercle de feu — alors, demandez des précisions. Comment y arriveront-ils? Quel investissement proposent-ils pour l'infrastructure? Vont-ils utiliser des subventions gouvernementales, et si oui, vers qui seront-elles axées? Vont-ils investir dans la formation et le développement des compétences? Combien, à qui et quand? En quoi leur plan est-il différent de celui de leurs adversaires? Quelles preuves ont-ils que leur proposition réussira? A-t-elle déjà été tentée ailleurs?
Les peuples autochtones recevront également beaucoup d'attention. Nous entendrons parler de réconciliation et de partenariats et de nouveaux départs. Vos questions devraient porter sur quiconque est l'auteur réel des décisions finales : s'agit-il d'un partage de pouvoir ou de consultation? Qui assume les risques et qui partage les fruits de l'investissement et du développement? Parlons-nous d'ententes ponctuelles ou de structures permanentes? D'où viendra l'argent pour payer cette transition et de quel montant s'agit-il? Le gouvernement rendra-t-il compte des effets (positifs et négatifs) de l'argent dépensé et des règlements créés? Quand et comment?
Il en va de même pour les autres grandes préoccupations du Nord : le transport en commun, la pauvreté, l'inégalité des revenus, la diversification économique, le développement des ressources et les changements démographiques. Tous les partis auront quelque chose à dire sur les autres. Votre tâche sera de déterminer leurs hypothèses. S'ils ont un plan pour le transport en commun provincial, demandez-leur comment le modèle de financement du métro torontois pourra s'appliquer à une route d'autobus interurbaine entre Dryden et Sioux Lookout.
Pour les gens qui préfèrent des quiz simples à questions fermées, voici quelques questions rapides que vous pourrez poser à vos colporteurs locaux :
st-ce que la candidate ou le candidat appuie un comité permanent de l'Assemblée législative qui prend en considération la perspective du Nord de l'Ontario ainsi que les répercussions uniques de toutes les lois provinciales sur cette région?
Est-ce que la candidate ou le candidat travaillera à mettre en place un programme régional de candidats à l'immigration dans le Nord de l'Ontario?
Est-ce que la candidate ou le candidat appuie la création d'un ensemble de « comptes provinciaux » pour le Nord de l'Ontario qui nous permettrait de connaître cette région autant que l'ensemble de la province?
Pour ma part, il me faudra un « oui » à toutes ces questions; il est possible, bien sûr, que vos critères diffèrent des miens. Cependant, la clé d’une élection réussie (pour vous, pas pour eux) est la même que pour toute grande décision d'achat : sachez ce que vous voulez, sachez ce que vous pouvez vous permettre, et ne vous laissez pas distraire par le gros gorille rose sur le toit.
Charles Cirtwill est président et chef de la direction de l’Institut des politiques du Nord.
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