Des dirigeables: une idée audacieuse pour le gouvernement fédéral?
17 octobre, 2019 - Pendant que, pour les partis politiques fédéraux, c’est le compte à recours avant l’élection d’octobre, il faut à ceux-ci des positions politiques pour tous les problèmes nationaux. Partout, l’accès au transport est important pour les Canadiens. Il serait précieux de connaître la position des chefs sur l’accès au transport dans les collectivités du Nord, et de savoir s’ils ont ou non une opinion sur l’utilisation de dirigeables pour le transport de marchandises en toute saison.
Les conséquences du changement climatique et les conditions socioéconomiques de la vie dans les collectivités éloignées ont attiré l’attention internationale lorsque la ligne ferroviaire conduisant à Port de Churchill a été emportée par l’eau. Presque immédiatement, le coût de la nourriture a monté en flèche de 200 % ou plus, il a fallu interrompre des projets de construction, et le chômage a grimpé. L’onde de choc a ébranlé l’économie locale et forcé de nombreux habitants à quitter la collectivité. Lorsque le lien ferroviaire a été finalement rétabli, les gens de Churchill ont célébré la fin de leur isolement ainsi que le retour dans l’axe économique mondial.
Même si les Canadiens étaient contents du rétablissement de l’économie de Churchill, quelque 292 autres collectivités éloignées du Nord ontarien continuent de vivre en permanence dans le besoin et dans des circonstances encore pires. Le chômage chronique, le diabète endémique, les recommandations de faire bouillir l’eau, les logements surpeuplés, la tuberculose, l’insécurité alimentaire et malheureusement le suicide caractérisent encore trop de collectivités éloignées. En dépit des milliards de dollars dépensés et de promesses de changement, il ne semble y avoir que peu de progrès. La raison est simple : rien n’a été fait pour atténuer l’éloignement des collectivités éloignées.
Dans ces collectivités, sans le transport de marchandises pendant toute l’année, le coût des réparations des maisons ou de la construction de nouvelles est très élevé. Le gouvernement fédéral dépense annuellement plus de 300 millions de dollars pour répondre aux besoins de logement des Premières Nations sur les réserves, mais le retard persiste. Approximativement, 2 000 maisons sont construites chaque année sur les réserves, ce qui est à peu près une hausse de 2 %; toutefois, la population autochtone augmente quatre fois plus rapidement que la population canadienne en général. En 2015, selon les estimations du gouvernement du Canada, le manque de logements dans le Nord variait entre 35 000 et 40 000 unités.
Selon un rapport récent de la SCHL, 51 % de tous les logements des collectivités éloignées du Manitoba sont inadéquats ou inadaptés. Les mêmes statistiques valent apparemment pour le voisin, le Nord-Ouest ontarien. Dans beaucoup de maisons, des gens dorment dans le salon. Dans ces milieux surpeuplés, mal aérés, l’air devient contaminé par de la moisissure toxique, ce qui engendre des maladies respiratoires. Toutefois, de telles maisons continuent d’être occupées parce qu’il n’y a pas de solution de rechange. De nombreux habitants de collectivités éloignées sont près de devenir sans-abri.
De mauvaises conditions de logement se traduisent par une série de résultats négatifs dans les domaines éducatif, social et sanitaire. Perry Bellegarde, chef national de l’Assemblée des Premières Nations, a résumé comme suit les conséquences lors d’une comparution devant le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones : « Les logements surpeuplés et inadéquats entraînent la transmission de maladies contagieuses et d’autres conséquences pour la santé. Les enfants manquent d’espace pour jouer et pour étudier. Les tensions sont accrues au sein des familles, qui n’ont pas d’options pour se mettre à l’abri des violences. » (La situation du logement dans les Premières Nations : Défis et réussites).
La construction en toute saison, favorisée par des dirigeables transporteurs de marchandises, y serait pour beaucoup au regard de la construction de logements plus nombreux et de plus haute qualité. Si les matériaux de construction étaient livrés en fonction des besoins, il y aurait moins de pertes et de dommages. Grâce aux emplois permanents, les travailleurs locaux pourraient obtenir les agréments de métiers spécialisés et maintenir un parc de logement opportun.
Des entreprises privées investissent dans des conceptions modernes de dirigeables, mais une société, Flying Whales, a bénéficié d’investissements directs des gouvernements de la France et de la Chine. Au Salon de l'aéronautique de Paris (en juin 2019), Flying Whales a annoncé une entente avec le gouvernement du Québec, aux fins de l’investissement dans une usine à Montréal. Il y a signe d’espoir. Aucun réseau de transport n’a émergé sans un solide soutien et un encouragement publics. Les capitaux privés suivent les fonds publics.
Il se peut que les dirigeants du Québec voient quelque chose que ceux de l’Ontario et les politiciens fédéraux ne peuvent voir. Certes, des Ontariens du Nord aimeraient eux aussi avoir des emplois bien rémunérés dans le domaine de l’aérospatiale, soit la construction de dirigeables. Mais le plus grand gain économique serait ressenti dans des collectivités éloignées qui pourraient se servir de dirigeables de transport de marchandises.
Aux questions, les politiciens provinciaux répondent toujours que le logement sur les réserves relève de la compétence fédérale. Les politiciens fédéraux montrent du doigt les provinces lorsqu’il s’agit de l’accès au transport à l’intérieur de leurs frontières. Peut-être oubliés dans ces disputes de compétences se trouvent des gens qui vivent dans des collectivités éloignées, sont encore des Canadiens et méritent le même accès équitable que les autres citoyens.
La perte temporaire d’une ligne ferroviaire vers Churchill n’était qu’un coup de semonce du changement climatique. Les effets potentiels du réchauffement de la température sur le transport dans le Nord sont alarmants. Les saisons des routes d’hiver continuent d’être plus courtes, et les routes ouvertes en toute saison peuvent se transformer en montagnes russes en raison de la fonte du pergélisol. S’il n’y a pas de dirigeables, alors quelle politique de rechange pour le transport les candidats politiques offrent-ils pour réduire les disparités économiques dans les collectivités éloignées et pour permettre à celles-ci de s’adapter à leur milieu qui change?
Le jour de l’élection est pour bientôt, et les électeurs attendent des idées audacieuses et du leadership.
Barry E. Prentice, Ph. D., est membre du conseil consultatif de la recherche, à l'Institut des politiques du Nord.
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