Bonjour. Quel accueil réservons-nous aux nouveaux arrivants? Première partie.
22 septembre, 2020 - Les régions du Nord et de l'Ouest ontariens ont besoin d'immigration. Depuis 1976, sept des onze districts des régions de l'Ouest, du Nord et du Centre de l’Ontario ont connu un déclin démographique; tous constatent un déplacement de population. Sur le plan démographique, la population vieillit et les jeunes émigrent vers d'autres régions, à la recherche de possibilités d'éducation et d'emploi. Par conséquent, des pénuries de main-d'œuvre sont apparues et persisteront. Attirer et retenir des immigrants est une étape cruciale pour garantir le maintien des niveaux actuels de qualité de vie, en dépit des facteurs démographiques défavorables.
Les collectivités des régions du Nord, de l'Ouest et du Centre ontariens doivent déployer une stratégie de « collectivités accueillantes »; elles ont des agences et s'engagent dans des activités qui facilitent l'intégration des nouveaux arrivants. La politique d'accueil recentre les efforts d'intégration des nouveaux venus dans la société d'accueil, en allégeant partiellement le fardeau de ceux-ci.
Les municipalités et employeurs doivent prendre en main les stratégies d'attraction et de rétention s'ils espèrent attirer des migrants qui s'installent généralement dans des centres plus grands et plus urbains tels aue Toronto, Montréal et Vancouver. Les collectivités rurales et nordiques qui ont le plus besoin d'immigrants sont celles qui en reçoivent le moins – pourquoi?
Qu'est-ce qu'une collectivité accueillante?
La documentation sur l'immigration[i] et les conversations avec les nouveaux arrivants font ressortir quelques indices communs d'une collectivité accueillante, notamment, un logement convenable, abordable et disponible, des possibilités d'emploi intéressantes et un potentiel d'intégration sociale. Cet article se concentrera sur les indices du logement et de l'emploi; l'article de suivi traitera de l'intégration sociale et des services d'établissement.
Logement
La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) définit comme suit « logement abordable » : un logement dont le coût est inférieur à 30 % du revenu avant impôt du ménage. Dans huit des onze districts du Nord ontarien, les immigrants risquent de consacrer aux frais de logement plus de 30 % du revenu de leur ménage, et ce, par rapport à la population d'accueil. La présence de parties importantes de la population qui sont sans logement abordable indique une possibilité d'insuffisance de logements disponibles[ii].
Sauf pour le Grand Sudbury, les loyers dans les districts du Nord ontarien sont moins coûteux que la moyenne ontarienne pour les studios, les logements d'une, de deux ainsi que de trois chambres à coucher. En outre, le prix médian des logements est inférieur à la moyenne des 11 districts de l'Ontario[iii]. Les coûts inférieurs du logement pourraient initialement être ce qui attire les nouveaux arrivants dans les régions du Nord ontarien. En outre, dans tous les districts, le pourcentage des immigrants et des non-immigrants dont le prix du logement est inabordable est inférieur à la moyenne ontarienne.
Au-delà de l'abordabilité du logement, l'adéquation du logement signifie que des logements sont adaptés à la taille spécifique des ménages de nouveaux arrivants. Par exemple, ceux-ci migrent en général individuellement ou par unité familiale. Ainsi, les logements nécessaires sont généralement des unités d'une ou de trois chambres à coucher. Toutefois, il existe des lacunes du côté des logements disponibles, en particulier pour les nouveaux arrivants, bien que, au fil du temps, la plupart d'entre eux aient pu trouver un logement convenable et adéquat.
Il est important de reconnaître que ces facteurs – logement, emploi, capital social – permettent ensemble de former une collectivité accueillante. Par exemple, un mauvais logement interfère avec le processus organique ou le développement des liens sociaux; il a des conséquences négatives sur les nouveaux arrivants et les collectivités existantes.
Emploi
Des emplois intéressants et disponibles sont également reconnus comme une priorité pour les nouveaux arrivants lorsqu'ils choisissent le lieu d'immigration. Les possibilités d'emploi peuvent être mesurées par l’examen des taux de participation, de l'emploi et de chômage. La qualité de l'emploi peut être mesurée par l’examen de l'emploi à temps plein par rapport à l'emploi à temps partiel, ainsi que par le niveau d'éducation par rapport à la profession et au revenu.
Des taux de participation à la population active, élevés ou relativement similaires, entre les immigrants et les non-immigrants, peuvent indiquer le potentiel d'intégration au marché du travail. Toutefois, dans les 11 districts des régions du Nord et de l'Ouest ontariens, les taux de participation sont systématiquement plus bas chez les immigrants par rapport aux non-immigrants. En outre, les taux de participation sont plus faibles parmi les immigrants dans les 11 districts, par rapport à la moyenne de l'Ontario pour les immigrants. Par conséquent, si lors de la sélection du lieu d’établissement, la priorité est accordée à la participation à la population active, les nouveaux arrivants pourraient bien rayer de leur liste les districts du Nord ontarien.
Les empois potentiels et la participation à la population active ne sont qu'un début. Les nouveaux arrivants veulent des emplois potentiels intéressants. Un des principaux obstacles à l'obtention d'un emploi intéressant est l'évaluation incorrecte des titres de compétences étrangers, et ce, par les employeurs, ainsi que la non-reconnaissance de l'expérience professionnelle acquise à l'étranger. Sans validation de l'expérience et des études antérieures, les nouveaux arrivants risquent d'être sous-employés. Il y a sous-emploi lorsque le poste d'une personne n'utilise pas complètement les compétences et capacités de celle-ci ou lorsqu'un travailleur à temps partiel préférerait travailler à temps plein.
Le sous-emploi peut entraîner une plus grande insatisfaction professionnelle, ce qui a des effets négatifs sur l'intégration sociale et la famille[iv]. Statistique Canada a constaté que les nouveaux arrivants ayant un niveau de scolarité supérieur percevaient souvent plus négativement leur qualité de vie, car il y avait un décalage entre leur réalité économique et leurs attentes, surtout en raison de la reconnaissance des titres de compétences étrangers.
Façons d’élargir l’accueil
Dans un rapport de l’IPN, en 2018, Christina Zefi estime que d'ici 2036, la plupart des districts du Nord ontarien feront face à un rapport élevé entre les personnes à charge et les travailleurs. Les nouveaux arrivants comblent des lacunes essentielles dans les collectivités où ils choisissent de s'établir. En fait, des études suggèrent que les migrants ont tendance à réduire le taux de dépendance des personnes qui n’ont pas l’âge de travailler, sont généralement plus jeunes que la population de la destination et augmentent les investissements dans la région où ils s'installent.
Attirer de nouveaux arrivants est la moitié de la bataille, les conserver est l'autre. À l'avenir, il sera essentiel pour les employeurs et les collectivités d'améliorer l'accueil des immigrants dans leur région, puis d'envisager des façons de les retenir après leur installation.
Les régions du Nord ontarien ne sont pas vouées à une pénurie permanente de main-d'œuvre, partiellement attribuable à des niveaux élevés d'émigration, à une sous-intégration de la population d'accueil, à de faibles niveaux d'immigration et au vieillissement de la population. Les régions doivent s'efforcer de commercialiser leurs caractéristiques attrayantes, tels des coûts de logement relativement bas, et de combler leurs lacunes. Grâce à une stratégie de collectivités accueillantes, les districts peuvent accueillir, attirer et retenir les nouveaux arrivants, ce qui profite aux membres des collectivités dans leur ensemble et pour les années à venir.
[i] Painter, Carla Valle. 2013. « Sense of belonging. Literature review. » Citoyenneté et Immigration Canada Offert en ligne à https://pdfs.semanticscholar.org/4436/29b65883ce76694f9424c8001db003b9a11a.pdf.
[ii] Bevilacqua, Jessica. Sous peu. « House Hunting: Northern Ontario Edition. » Institut des politiques du Nord.
[iii] Bevilacqua, Jessica. Sous peu. « House Hunting: Northern Ontario Edition. » Institut des politiques du Nord.
[iv] Esses, Victora, Leah Hamilton, Caroline Bennett-AbuAyyash et Meyer Burstein. 2010. « Characteristics of a Welcoming Community. » Citoyenneté et Immigration Canada (17).
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Mercedes Labelle est une analyste de recherche.
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