En quoi l'accès à large bande peut jouer un rôle pour attirer de nouveaux venus
le 14 janvier 2019 - En 2016, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) déclarait qu’Internet haut débit [i] est un service de base, qui devrait être accessible aux citoyens, où qu’ils vivent. En ce qui concerne les collectivités du Nord ontarien, ce sont ces derniers mots qui sont la clé – où qu’ils vivent. Malheureusement, il y a encore des populations qui n’ont pas de services ou en manquent près d’agglomérations telles que Hearst, Sault Ste. Marie, Cochrane, Sioux Lookout et Kenora (fig. 1 et 1.2).
Figure 1 : Populations qui n’ont pas de services ou en manquent dans le Nord ontarien, 2014
Source : Présentation sur l’État du Nord 2017 (provenant initialement de CRTC 2014)
Figure 1.2 : Populations qui n’ont pas de services ou en manquent dans le Nord ontarien, 2014
Source : Présentation sur l’État du Nord 2017 (provenant initialement de CRTC 2014)
Lors des consultations de FedNor, aux fins du document Stratégie pour la prospérité et la croissance du Nord de l’Ontario, les membres des collectivités ont souvent déclaré que l’accès au service Internet haut débit « permettrait à davantage d’Ontariens du Nord d’accéder à des services de base tels que l’éducation, la formation et la santé, sans devoir quitter leur collectivité, puis d’échapper au sentiment d’isolement dans la région et le monde ». Toutefois, un aspect manque dans ces idées : les nouveaux venus. L’Institut des politiques du Nord est à élaborer une stratégie pour les nouveaux venus du Nord; afin de réussir l’exécution de cette stratégie et d’accueillir ces nouveaux venus, les petites collectivités du Nord doivent pouvoir accéder à Internet haut débit.
Évidemment, ce n’est pas aussi simple. Dans le Nord ontarien, il est difficile d’offrir aux collectivités et de maintenir pour celles-ci l’accès à large bande, en raison d’obstacles tels que le coût, la géographie, l’infrastructure existante et les ressources locales. De plus, il est difficile de justifier l’investissement pour une infrastructure à large bande, sans avoir une importante base de clients. Pour ajouter à ce point, même si la Fédération des municipalités du Nord de l’Ontario (FMNO) a trouvé 40 projets prometteurs d’investissement dans la large bande, et ce, pour des collectivités du Nord ontarien, les fournisseurs de ces services ont répondu que ces exploitations étaient insoutenables parce que le petit nombre des clients produirait des rendements insuffisants.
Toutefois, ces problèmes n’empêchent pas des exploits. Compte tenu de la nature intersectorielle de la question, des partenariats entre le gouvernement, les collectivités locales ainsi que des organismes de télécommunications publics et privés sont nécessaires. En outre, de petits villages du Nord ontarien peuvent porter attention à des réussites d’ailleurs, telle celle de High River, en Alberta. Ville de 13 240 habitants, High River, a décidé de prendre en main elle-même la structure de la technologie de l’information de la municipalité, en votant en faveur de la construction de son propre réseau de fibre optique, afin de relier les entreprises au reste de la province et du monde. La vitesse offerte sera d’un gigabit, ce qui est approximativement 100 fois plus rapide que ce qui existe déjà. Le projet coûtera à la ville 685 720 $, sur une période de cinq ans, et le service devrait démarrer au début de 2019.
Un autre excellent exemple est celui de la ville de Morden, du Sud manitobain. En mai 2018, Morden a déclaré qu’Internet haut débit était un service de base; elle travaille à élargir la couverture pour ses habitants. Ceux-ci devront payer 400 $ pour les frais d’installation, et les deniers publics couvriront le reste des factures mensuelles. Selon les estimations du maire Ken Weibe, le projet coûtera à la ville 350 000 $, pour l’installation de la technologie. En plus de ce projet, Morden est un exemple de réussite lorsqu’il s’agit d’attirer de nouveaux venus dans de petites collectivités.
Pourquoi l’accès à Internet haute vitesse importe-t-il lors de l’accueil de nouveaux venus
Internet fait maintenant incontestablement partie de la société, croît rapidement et offre au monde la révolution de l’information. Ce service a permis d’augmenter les communications entre les pays et les cultures, car c’est un facteur clé dans le pilotage de la mondialisation. Internet a également changé l’éducation, parce que de nombreux étudiants se tournent vers le Web pour leurs recherches ainsi que pour leurs études virtuelles, par des cours en ligne. Internet a aussi eu des répercussions sur les entreprises, modifiant les styles de communication, la collaboration, le marketing, la recherche et la publicité.
Il peut être difficile d’attirer les migrants nationaux et internationaux, en l’absence de service Internet adéquat. Par exemple, dans une collectivité sans installations physiques locales, il est déterminant d’avoir un service Internet fiable pour des services tels que des cours de langue en ligne. Une telle option existe dans le Nord-Ouest ontarien, par l’entremise de l’Association multiculturelle de Thunder Bay, laquelle peut servir quelque 300 clients du Nord ontarien, à l’aide d’évaluations à distance, en ligne. Avant cela, certains clients devaient attendre jusqu’une année rien que pour obtenir une évaluation de leurs compétences linguistiques (lecture, écriture, parler). Maintenant, par ces services, les personnes ont l’occasion d’échanger plus librement avec leur collectivité et de renforcer leurs réseaux.
Internet peut aussi jouer un rôle pour attirer des personnes et des entreprises, favorisant alors des possibilités commerciales. Par exemple, le fait d’avoir Internet à large bande permet aux entreprises de bénéficier de plus de souplesse ainsi qu’aux personnes de travailler à domicile, ce qui rend moins nécessaire de quitter certaines collectivités, en vue de trouver du travail. De plus, l’accès à un service Internet fiable et de qualité a été signalé comme une aide au développement communautaire, en facilitant l’obtention de l’information et le renforcement de la collectivité; c’est également une caractéristique importante au moment d’attirer et de retenir des habitants plus jeunes. Enfin, un nouveau venu, qu’il s’agisse d’un migrant secondaire ou international, dépendra plus probablement d’Internet pour communiquer avec sa famille et ses amis de son lieu d’origine.
Quoi qu’il en soit, il faut des efforts sérieux et continus pour accueillir les nouveaux venus, pour s’attaquer au problème d’un service Internet peu fiable pour des populations qui n’ont pas de services ou en manquent dans le Nord ontarien, puis pour mettre en place des solutions comme celles de collectivités du Manitoba et de l’Alberta. Bien que le CRTC ait des cibles pour l’accès et la vitesse, en rapport avec le financement de 2016 du gouvernement fédéral, seulement 70 % du Nord ontarien a accès au service 5 Mo/s[i]. Cela indique qu’il y a du travail à faire pour combler l’écart numérique et des télécommunications dans les collectivités rurales, éloignées et petites du Nord ontarien. Même si des personnes affirment qu’un tel projet augmenterait les impôts, il y a au Canada des cas où les impôts n’ont pas été haussés afin de payer pour l’infrastructure à large bande. Faire cela rendrait de petites collectivités plus accessibles à des services tels que l’éducation et les soins de santé, puis réduirait le fardeau de la solitude et de l’isolement.
Christina Zefi était analyste de recherche à l’Institut des politiques du Nord.
Notes de fin de texte :
[i] 5 Mo/s est le seuil d’Internet haute vitesse pour les téléchargements
[ii] Fait référence à un service Internet haute vitesse qui est constamment activé et plus rapide que par ligne commutée classique.Large bande comprend les technologies suivantes de transmission : ligne d'abonné numérique (DSL), modem câble, fibre, sans fil, satellite et technologie du haut débit par les lignes électriques (BPL).
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