Nous devons nous concentrer sur l'avantage comparatif, non concurrentiel

le 2er mai 2019 - Cet éditorial est apparu pour la première fois dans le Northern Ontario Business.

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Les investissements qui misent sur l’avantage comparatif sont liés à la notion de mettre sur pied des sociétés là où elles devraient se trouver.

Jusqu’à quel point avons-nous oublié l’avantage comparatif? L’idée est que, en raison de caractéristiques uniques de nos collectivités (géographiques, démographiques, environnementales, physiques), nous jouissons d’un avantage mondial pour la production de certains produits. Que, par la production de ces biens, nous avons la possibilité d’échanger ceux-ci pour d’autres que nous ne pouvons produire avec autant de facilité et d’efficience. Cela crée par conséquent de la valeur économique pour nous-mêmes et pour nos partenaires commerciaux.

C’est ainsi que la grappe minière de Sudbury s’est développée. Nous avons compris que, en raison de notre position mondiale unique (notre proximité de vastes richesses minérales), nous avions un avantage concurrentiel sur nos concurrents. Nous pouvions produire des ressources naturelles brutes ainsi qu’offrir des habiletés et expertises commercialisables à un prix de beaucoup plus bas et avec une efficacité plus grande que les autres collectivités. Nous pouvions tester plus fréquemment la nouvelle technologie (et avec des coûts marginaux plus bas que les autres) puis vendre les produits à un meilleur prix, tout en faisant de bonnes affaires. 

C’est de la théorie économique solide, qui a fait tant de fois ses preuves dans la pratique. À part la grappe minière de Sudbury, pensez à la culture : la navigation et le tourisme à Kenora, ou la logistique ainsi que les services et l’approvisionnement éloignés à Sioux Lookout, ou les services d’analyse et connexes dans la région de Timmins. Toutefois, une de nos plus grandes difficultés en rapport avec la politique de l’« innovation » et du « développement économique » est de nous concentrer non pas sur l’avantage comparatif, mais concurrentiel.

Est-ce que l’entreprise A vend son produit à un prix plus bas que celui de l’entreprise B? C’est là une question bien différente de celle de savoir si l’entreprise A devrait même de tels produits. Ou plutôt si ces produits devraient être fabriqués ici, dans le Nord ontarien. Dans l’équation de l’avantage concurrentiel se trouvent des facteurs très différents. Le prix des terrains, le coût de la main-d’œuvre, les coûts de la construction, le fardeau fiscal global. Ces éléments sont pour le gouvernement beaucoup plus faciles à mesurer et à manipuler. 

Oui, nous pourrions produire des oranges à Red Lake ou fabriquer des automobiles à Chapleau. Avec une subvention assez grosse, les entreprises en question pourraient même réaliser des profits. La difficulté est que, lorsque vous tentez de surmonter un manque d’avantages comparatifs par l’amélioration d’avantages concurrentiels d’entreprise individuelle, les subventions peuvent ne jamais cesser. L’emplacement de l’entreprise sera toujours un désavantage.

Lors de la défense des responsables des politiques, il est facile de s’y perdre. La politique relative aux avantages comparatifs et concurrentiels aboutit finalement aux mêmes résultats : au bout du compte des prix inférieurs pour les consommateurs visés et de plus gros profits pour les entreprises productrices des biens. Toutefois, la différence importante est que les investissements qui misent sur l’avantage comparatif soient liés à l’idée de mettre sur pied des sociétés là où elles devraient se trouver. L’avantage concurrentiel est à propos de soudoyer des sociétés, afin qu’elles s’installent où nous voulons qu’elles se trouvent.

Notre présente obsession liée aux grappes et aux supergrappes est à propos de l’avantage comparatif. C’est une bonne chose. Mais ces efforts portent souvent sur la création d’une grappe d’entreprises similaires, ou pire, servent à attirer des sociétés existantes. Revenons au recours aux deniers publics devant servir à soudoyer des sociétés, leur demandant de déménager où nous voulons qu’elles s’installent, plutôt que de les aider à prospérer là où elles devraient se trouver.

Les meilleures politiques sur l’avantage comparatif mettent l’accent sur la chaîne d’approvisionnement et la création de valeur dans ce cadre. La chaîne d’approvisionnement correspond à chaque étape du processus, depuis couper du bois ou puiser de l’eau, jusqu’à allumer votre lampe de bureau alimentée par de l’énergie biomasse efficiente. Il y a de l’innovation et de la valeur ajoutée à chaque étape de ce processus.

Encore une fois, songez aux mines : l’équipement minier souterrain a progressé à pas de géant, le matériel minier et qui est dirigé à distance prend rapidement de l’ampleur, la sécurité souterraine est un énorme domaine commercial. De plus, tout cela se trouve avant même le transport ou le traitement. Des occasions similaires abondent dans des domaines tels que l’agriculture, la biomasse forestière, le tourisme autochtone ainsi que la conception et la construction de l’infrastructure du Nord, pour n’en nommer que quelques-unes. 

Nous sommes médiocres lorsqu’il s’agit de comprendre les chaînes d’approvisionnement et, pires, pour miser sur elles à des fins de croissance. Ces sortes d’investissements prennent du temps à identifier et ensuite à produire des résultats. Dans un âge de satisfactions immédiates, le gouvernement qui évolue à la vitesse de l’adoption économique (non technologique) se heurte certes beaucoup de résistance. Toutefois, si nous voulons davantage de possibilités économiques durables pour l’avenir, nous devons nous rallier et nous armer de patience.

 

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Charles Cirtwill est président fondateur et chef de la direction de l'IPN.


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