Éducation ou faillite
13 juin, 2016 - Dans ce premier article, le premier d'une série commandée par l'Institut des politiques du Nord, en partenariat avec les six Commissions de planification de la main-d'œuvre du Nord, sont esquissés certains des problèmes graves du district de Timiskaming. Les auteurs concluent que s’il n'y a pas d'améliorations considérables des résultats en éducation rurale, pour emprunter une expression, la région fait face à « un avenir comportant des personnes sans emplois ou des emplois sans candidats ».
Les changements technologiques récents et l'émergence de l'économie du savoir continueront d'augmenter le nombre d'emplois exigeant des titres de compétence postsecondaires pour 77,1 p. 100 de tous les emplois d'ici 2030. Les niveaux de la région du Timiskaming sont considérablement inférieurs à cela.
La « composition du capital humain » ou le niveau des compétences et de scolarité de la population active du district de Timiskaming est inférieur aux niveaux régional, provincial et national. Pire, un déclin est prévu si le taux de scolarité actuel se maintient.
Comme dans beaucoup de régions du Nord ontarien, l'une des clés pour éviter cette sombre perspective est la population autochtone régionale. Les auteurs prévoient qu'entre 2013 et 2041, la population autochtone du district de Timiskaming augmentera de 26 p. 100 cependant que la population totale déclinera de 7 p. 100. Au cours de cette période, la main-d'œuvre autochtone augmentera de 10 p. 100, et la main-d'œuvre totale baissera de 32 p. 100.
Toutefois, la population autochtone affiche des niveaux de scolarité inférieurs à ceux du reste de la population. En fait, la population entière du district de Timiskaming est sous-éduquée par rapport à l'Ontario et au Canada. Seulement 54 p. 100 de la main-d'œuvre de ce district possède des titres de compétences postsecondaires. C'est dix points de moins que le pourcentage de ceux ayant ces qualifications ailleurs au Canada. La population autochtone tire de l'arrière avec huit points plus bas que cela : seulement 46 p. 100 de ce groupe a des qualifications postsecondaires.
Le rapport ne souligne pas certaines bonnes nouvelles de la région. En dépit des problèmes de la population en général, l'emploi dans l'extraction minière, pétrolière et gazière du Timiskaming a presque doublé, depuis 555 en 2001 à 1 095 en 2011 (année des données les plus récentes disponibles). La région jouit de ressources naturelles importantes, de bonnes opportunités agricoles et d'un solide accès au grand marché nord-américain. La prospérité et la croissance à long terme du Timiskaming dépendent de sa capacité d'utiliser et de réorienter les ressources économiques existantes, afin de stimuler et de soutenir l'esprit d'entreprise et la diversification économique.
En outre, les immigrants, surtout les hommes, ont eu un solide rendement sur le marché du travail dans le Timiskaming. Ils ont des taux de participation et d'emploi supérieurs à ceux des immigrants masculins de l'ensemble du Nord-Est, puis des taux de chômage inférieurs. Cela est également vrai lors de la comparaison de tous les hommes de l'ensemble du district de Timiskaming et du Nord-Est. Cela confirme pour le district de Timiskaming l'avantage de se concentrer sur les stratégies de l'immigration.
Nous ne saurions trop insister sur l'importance de l'immigration ainsi que sur une éducation de plus haut niveau. La population du Timiskaming a baissé de 19 p. 100 en raison de l'émigration ainsi que de taux inférieurs d'immigration et de fertilité. Depuis 2002, dans la région, plus de 1 500 personnes ont émigré. Si nous regardons uniquement les immigrants internationaux, quelque 200 sont arrivés dans la région depuis 2002, mais la migration internationale nette est très près de 0. Cela signifie que presque 200 immigrants internationaux ont quitté la région pendant ces mêmes années.
S'ajoutant à la cette tempête parfaite, le taux de fertilité du Nord-Est (1,60) et inférieur au taux de remplacement (2,1) et le taux à la hausse de l'espérance de vie fait que l'équilibre entre les personnes qui travaillent et celles qui ne travaillent se détériore. Ceux qui ont moins de 20 ans dans la région sont en baisse, depuis 30 p. 100 de la population totale en 1991 à 21 p. 100 en 2011, tandis que le segment des aînés s'est élargi, depuis 10 p. 100 en 1991 à 19 p. 100 en 2011.
Par conséquent, le ratio de dépendance total – le nombre de bouches à nourrir par rapport à celui des personnes en âge de travailler – dépasse la moyenne provinciale et devrait empirer. Pour renverser cette tendance, il faudra un ensemble de solutions : de l'immigration (d'autres secteurs de l'Ontario), de l'immigration (de l'extérieur de la province) et des stratégies de conservation des jeunes (puis de soutien des familles plus nombreuses).
Le présent article est le premier d'une série axée sur les conditions du marché du travail dans les onze districts du Nord. Assurément du travail nous attend tous, et nous aurons des points forts sur lesquels miser.
Charles Cirtwill est président et chef de la direction de l'Institut des politiques du Nord. Première publication dans Northern Ontario Business, en juin 2016.
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