Réinventer l'éducation des Premières nations – Ponts, transitions et vie étudiante
5 juillet, 2016 - Le marathon de l'enquête du médecin légiste de l'Ontario, portant sur les décès de sept jeunes des Premières Nations à Thunder Bay, a enfin et heureusement pris fin. Nous aurons été épargnés pour le moment par les histoires épouvantables liées aux corps trouvés dans la rivière.
L'enquête sur les décès de Jethro Anderson, Curran Strang, Paul Panacheese, Robyn Harper, Reggie Bushie, Kyle Morriseau et Jordan Wabasse, de 2000 à 2011, a certes rappelé les douloureuses séquelles des pensionnats autochtones, mais aussi exposé des blessures fraîches.
Bien que le jury du coroner ait cerné d'assez près ce qui a causé les décès, la plupart des 145 recommandations ont proposé des façons d'éviter des tragédies futures. Beaucoup d'entre elles sont en rapport avec la préservation de la vie d'Autochtones qui vivent en ville dans le Nord-Ouest ontarien.
Après l'enquête, il est maintenant clair que, sans changement profond important, des écoles secondaires (ES) fonctionnant en pensionnats et dirigés par des Autochtones, telle l'ES Franklin Dennis Cromarty de Thunder Bay, peuvent être en péril. Les racines du racisme systémique non verbal ont également été exposées lors des témoignages.
Soutenir les enfants et les jeunes des Premières Nations qui passent par la transition de l'école secondaire au collège dans le Nord de l'Ontario et ailleurs devrait être une plus grande priorité des autorités municipales, provinciales et fédérales.
Le gouvernement fédéral n'a pas assuré de financement équitable de l'éducation sur les réserves des Premières Nations. Il a également réduit gravement le financement des services d'aide à l'enfance, comme le disait dans son témoignage l'intervenante en faveur des enfants des Premières Nations, Cindy Blackstock.
Blackstock n'est pas une amie de l'éducation dans le contexte d'un pensionnat du Northern Nishnawbe Education Council (NNEC). Envoyer aussi loin des enfants de 13 ans à l'école parce qu'on leur refuse une « éducation équitable », déclare-telle, n'est pas sage du tout. « Il y a là quelque chose qui cloche. C'est leur faire courir beaucoup de risques. »
Les dirigeants des Premières Nations, notamment le grand chef Alvin Fiddler de la Nation Nishnawbe Aski (NNA), ne sont pas seulement plus optimistes, mais beaucoup plus pragmatiques.
Le nombre des élèves des écoles secondaires et les grandes distances géographiques ont eu tendance à imposer l'envoi d'élèves à Thunder Bay, à Sioux Lookout et à Timmins. Le chef Fiddler a été l'un de ces élèves, et il croit toujours que cela peut se faire, bien qu'il faille une persévérance à toute épreuve, de la détermination et un engagement.
Depuis la publication de mon rapport de recherche de l'Institut des politiques du Nord, en septembre 2014, Picking Up the Pieces (réparer les pots cassés), et dont j'étais le coauteur avec Jonathan Anuik, la situation a évolué sur le front des Autochtones et des Affaires du Nord.
L'arrivée du gouvernement libéral de Justin Trudeau, en octobre 2015, a engendré ce que le chef national Perry Bellegarde, a bien décrit par l'expression « un vent chaud » de bonne impression. Si nous mettons de côté les expressions répétées de bonne volonté, le moment de passer à l'action est maintenant.
Construire des écoles secondaires pour les Premières Nations, dans les collectivités de celles-ci ou à proximité, pourrait bien être une meilleure stratégie à long terme, soit à un moment donné dans le futur. Comme réflexe, cela ressemble à « éloigner le problème » à ne plus y penser.
Que les écoles soient sur la réserve ou non, le temps de la reconstruction sociale à partir de la base est arrivé. Il est impérieux d'améliorer les niveaux de financement ainsi que de veiller à ce que ces montants atteignent effectivement les élèves dans les écoles et les collectivités locales.
Quel que soit le plan ultime, le défi immédiat est d'aider la transition des jeunes des Premières Nations qui luttent pour se frayer un chemin en direction ou en provenance de l'école, à Thunder Bay et dans d'autres villes.
Fournir une subvention de 10 millions de dollars pour le financement d'infrastructures permettrait à l'école secondaire Dennis Franklin Cromarty (DFC) de sortir les élèves pensionnaires des maisons d'hébergement et de les placer dans un nouveau centre de vie étudiante à Thunder Bay.
Pour les élèves des Premières Nations de DFC et les collèges locaux, cela deviendrait un « lieu de rassemblement » pour des réunions, des activités récréatives et des espaces de vie pour 100 ou 150 élèves.
Résoudre les problèmes qui menacent l'existence même de DFC et de son école sœur, l'ES des Premières Nations Pelican Falls, près de Sioux Lookout, serait un début.
L'enquête a créé un sentiment de plus grande urgence. Maintenant, c'est aux acteurs majeurs, IANC, NNEC, la province de l'Ontario, la Ville de Thunder Bay et les services policiers locaux, de s'atteler à la tâche.
Assurer simplement que les adolescents des Premières Nations qui fréquentent les écoles secondaires de celles-ci retournent à la maison en vie ne suffit pas. Un public réveillé et stimulé demande plus de nous.
Un « projet national » qui ouvre des portes, jette des ponts, renforce la résistance et facilite les transitions est une nécessité urgente. Commençons par préparer les enfants et les jeunes des Premières Nations pour un nouveau monde, offrant des possibilités supérieures pour des vies satisfaisantes, plus saines et épanouies.
Par: Paul W. Bennett, Ed.D., attaché supérieur de recherche, à l'Institut des politiques du Nord (IPN) à Thunder Bay et à Sudbury, Ontario, ainsi que coauteur du rapport de recherche de l'IPN, "À ramasser les morceaux" Approche fondée sur l’école communautaire en vue du renouveau de l’éducation des Premières Nations.
Le contenu du blogue de l’Institut des politiques du Nord est pour l’information et l’utilisation générales. Les vues exprimées dans ce blogue sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de l’Institut des politiques du Nord, de son conseil d’administration ou de ses partisans. Chaque auteur assume toute la responsabilité quant à la précision et à l’intégralité de son blogue. L’Institut des politiques du Nord ne sera pas tenu responsable d’une erreur ou d’une omission dans cette information, ni d’un dommage causé par l’exposition ou l’utilisation de cette information. Tout lien vers un autre site Web ne signifie pas que l’Institut des politiques du Nord est d’accord avec le contenu de ce site, ni qu’il y assume une responsabilité.