Nouvel accord pour le Cercle de feu
13 avril, 2015 - Propriété et histoire du Cercle de feu – Les jeux sont faits.
Noront Resources a brillamment joué en achetant les titres de Cliffs Natural Resources pour une petite fraction de ce qui avait été payé initialement pour ceux-ci. Les actions de Noront ont bondi à la parution de la nouvelle. L’optimisme est revenu. L’annonce récente d’une étude routière relative à un lien est-ouest vers les collectivités des Premières Nations à proximité du Cercle a ravivé les espoirs de progrès pour l’ensemble du projet. L’étude mentionne le Conseil tribal des Matawa. Certaines de ses collectivités seront reliées au monde extérieur, ce qui aidera à améliorer les conditions de vie en rendant tout plus abordable, de la nourriture jusqu’aux matériaux de construction. De plus, peu importe le tracé retenu pour la route, celle-ci rapprochera Noront de l’emplacement prévu de la mine. La cerise sur le gâteau est que le financement fédéral-provincial de l’étude routière a servi de branche d’olivier, calmant la rhétorique enflammée des deux paliers gouvernementaux.
Depuis les intervenants, en passant par les propriétaires fonciers et ceux qui ont droit de vote, tous sont radieux.
Loin de moi l’idée de jeter un froid pendant une belle fête. J’aimerais plutôt jeter un peu d’huile sur le feu du Cercle et suggérer une façon de parvenir plus rapidement à la véritable fête, avant qu’il soit trop tard.
À peine quelques heures à la suite de l’annonce de Noront, le chef Neskantaga, Peter Moonias, déclarait que la province plaçait un pistolet sur la tempe des Matawa, en déterminant une échéance pour les approbations en matière d’environnement de Noront. Il semble maintenant qu’une bonne histoire puisse se transformer en impasse mexicaine, avec des fusils ou du moins des doigts pointant dans toutes les directions.
Que se passera-t-il si le Conseil tribal des Matawa décide que les routes sont un bon début mais que cela ne suffit pas? Ou si leur inquiétude pour l’environnement ou leur part des ressources ne se reflète pas dans un véritable partenariat?
Que pensent les collectivités de Matawa lorsqu’elles regardent des entreprises du Québec, telle Resolute Forest Products, où les Atikamekw d’Obedjiwan ont une participation 55 p. 100 dans la scierie d’Opitciwan? À quoi rêvent-elles lorsqu’elles voient le parc éolien d’Escuminac, où les Cree ont une participation de 50 p. 100 dans ce projet? Que penserait n’importe quelle personne raisonnable? Et il n’est pas nécessaire de regarder aussi loin que le Québec. Le Nord-Est ontarien vient tout juste de terminer le projet hydroélectrique dans le bas de la rivière Matagami. Les Mushkegowuk sont devenus partenaires, avec une participation de 25 p. 100 dans cette entente, formation et emplois compris. C’est 25 p. 100 d’infrastructures qui produiront de l’électricité, des revenus et des clients pendant une durée de vie de 100 ans.
Avant d’en venir aux partenariats comme solution au Cercle de feu, permettez-moi de vous dire pourquoi je pense que le nouvel élan dans le Cercle doit être maintenu. Le ralentissement économique actuel ne durera pas toujours. L’activité minière, les taux d’intérêt et la production d’acier inoxydable remonteront aux niveaux antérieurs à 2008. Si cela se produit avant la construction d’une route en direction du Cercle de feu ou avant que Noront soit en activité dans le sous-sol, ce pourrait être trop tard pour le Cercle. Les investisseurs placeront leur argent ailleurs, dans des projets qu’ils peuvent voir et toucher.
Alors comment aller de l’avant? Revenons à la solution des partenariats. Noront, avec son nouvel achat, détient actuellement 63 p. 100 du Cercle de feu. Que se passerait-il si Noront vendait la moitié de ses titres au Conseil tribal des Matawa, et ce, pour 50 millions de dollars? Les Matawa feraient des emprunts garantis par le gouvernement, comme ces placements des contribuables que nous avons vus pour les fabricants d’autos, les champs pétrolifères et les projets d’infrastructure.
Les actionnaires de Noront et les bailleurs de fonds verraient une consolidation de leurs investissements grâce à une société sans dette. Le monde des investisseurs verrait que tous les acteurs vont dans la même direction, créent un contexte favorable à d’autres partenariats et permettant d’aller de l’avant avec le développement. Les Premières Nations de la région du Cercle de feu seraient des partenaires dans l’investissement, la formation, les emplois, les risques et les profits. L’argent provenant de leur participation servirait à financer un niveau de vie mérité.
Un des aspects les plus excitants et encourageants de la récente nouvelle est que Noront est une société appartenant à des Canadiens. Il ne s’agit pas d’une entreprise multinationale sans visage; c’est une sorte de société minière de gens ordinaires et qui a reçu le prix 2015 de la Responsabilité sociale et environnementale, accordé par l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs, et ce, pour son travail avec les collectivités à proximité du Cercle de feu. Le nouveau banquier de Noront, Franco-Nevada, est une autre société canadienne, présidée par le brillant et prévoyant Pierre Lassonde, un philanthrope issu d’une famille solidement enracinée en sol canadien et dans la culture du pays.
Les étoiles ne peuvent être mieux alignées pour un véritable nouvel accord. Un accord où tous peuvent gagner.
C’est avec tristesse que je dis que chaque fois que j’ai écrit à propos d’un aspect positif pour les Premières Nations, mes remarques ont été perçues par certains comme étant trop généreuses pour ces gens. Je n’ai qu’une chose à dire à ceux qui ne sont pas sûrs face à un partage des vastes richesses du Cercle de feu avec nos voisins nordiques : si j’étais Peter Moonias et avais dû faire bouillir l’eau de mon robinet pendant vingt ans, tout en vivant sur le rive d’un lac en pleine nature et à l’eau cristalline, je demanderais également un accord supérieur.
Vous aussi d’ailleurs.
Rick Millette, directeur exécutif principal, Cercle de feu, Institut des politiques du Nord. Publications initiales dans The Timmins Press, le 1er mars, et The Chronicle-Journal, le 21 mars.
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