Nouveaux diplômés de EMNO pratiquent dans le Nord ontarien et rural – Jusqu'ici, rien à redire

25 juillet, 2016 - Pratiquer la médecine comme omnipraticien dans une zone rurale peut comporter des difficultés. Par exemple, les zones rurales ont moins de médecins mais davantage de patients ayant des besoins complexes ainsi que de plus grandes distances à parcourir avant d'accéder à des services de soins de santé. Tout cela signifie que les médecins doivent souvent porter plusieurs chapeaux; ils ont aussi des charges de travail complexes tout en devant fonctionner dans un contexte qui manque de ressources et caractérisé par l'isolement professionnel. En Ontario, il y a eu beaucoup d'initiatives de gouvernements et de collectivités axées sur le recrutement de médecins pour les régions du Nord, notamment l'offre de mesures financières incitatives, le marketing du « style de vie » rural et nordique et de l'aide accrue pour la pratique médicale, afin de réduire le stress. Toutefois, ces tentatives ont dans une large mesure échoué, d'où des taux élevés de roulement chez les médecins qui retournent au sud urbain lorsque les mesures incitatives sont épuisées et que le style de vie du Nord a perdu son attrait.

Il y a pourtant de l'espoir pour le Nord rural. Des études ont trouvé qu'il est plus probable que les personnes qui ont une riche experience en millieu ruraux (entre autres, où ils ont été élevés et éduqués) viennent travailler et résider dans des zones rurales. Plus ils connaissent les collectivités rurales, plus ils sont à l'aise pour y pratiquer la médecine. C'était la philosophie sous-jacente lors de la création de l'École de médecine du Nord de l'Ontario (EMNO. Un des objectifs principaux de l'EMNO est d'augmenter le nombre des médecins dans l'Ontario rural et du Nord, en recrutant des étudiants du Nord et en les y formant. Puisque maintenant quelques premières cohortes de diplômés de l'EMNO commencent à pratiquer la médecine, notre équipe de recherche du Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux et du nord a examiné où les diplômés de l'EMNO pratiquent effectivement.

À l'aide de données du registre de l'Ordre des médecins et chirurgiens de l'Ontario, nous avons comparé les lieux de pratiques des médecins généralistes (MG) en Ontario et qui étaient des étudiants et/ou résidents en médecine de l'EMNO et d'autres MG de l'Ontario qui étaient des étudiants et/ou résidents d'autres établissements du Canada, diplômés en même temps que les MG de l'EMNO. Nous avons étudié les deux premières cohortes (diplômés de 2009 ou de 2010) de l'EMNO, soit en tout 50 médecins ayant terminé leurs quatre années de formation à l'EMNO. La plupart d'entre eux ont fait leur internat avec l'EMNO, et 36 ont eu une formation dans le Nord, à savoir deux années d'internat supplémentaires. De plus, au cours de cette période, 17 médecins ayant terminé leurs quatre premières années ailleurs sont venus à l'EMNO pour leur internat. En tout, nous avons examiné 67 MG qui avaient été formé à l'EMNO d’une façon ou d’une autre comparativement à 468 MG de l'Ontario qui ont été formés ailleurs au Canada au cours de la même période.

Plus des deux tiers (67,2 %) des MG ayant une éducation de l'EMNO se trouvaient dans le Nord ontarien comparativement à seulement 4,3 % chez ceux qui avaient été formés ailleurs au Canada. En outre, 25,4 % de ceux ayant de la formation de l'EMNO se trouvaient dans des zones rurales, soit du Nord ou du Sud ontarien, comparativement à 10,3 % de ceux ayant été formés ailleurs. Les MG qui n'avaient pas de formation médicale de l'EMNO se trouvaient en très grande majorité dans le Sud urbain (87,8 %). Qui plus est, parmi les 36 MG que nous avons étudiés et qui avaient été entièrement formés dans le Nord, seulement quatre ne pratiquent pas actuellement dans une collectivité du Nord.

L'étude préliminaire des deux premières cohortes des diplômés de l'EMNO confirme l'idée que l'exposition aux zones rurales et nordiques pendant la formation aide à conserver les médecins dans ces zones lorsqu'ils commencent leur pratique autonome. Ces constatations ont également été confirmées par une étude distincte portant sur trois cohorte de diplômés de l'EMNO, y compris des diplômés pratiquant à l'extérieur de l'Ontario, mais l'accent était mis sur les apprenants ayant au moins un peu de formation médicale de l'EMNO (c.-à-d., Études médicales de premier cycle et/ou postdoctoral). Études médicales de premier cycleLes deux études ont trouvé que la majorité des médecins généralistes qui étaient des apprenants de l'EMNO pratiquaient dans l'Ontario rural et/ou nordique. Ce résultat positif pourrait être partiellement attribuable aux conditions d'admission de l'EMNO pour le premier cycle, l'École cherchant alors de préférence des étudiants qui avaient des antécédents ruraux et nordiques; ce pourrait aussi découler de l'exposition aux milieux ruraux et nordiques pendant la formation de l'EMNO. Dans les deux cas, nous savons que, au moins pour les premières cohortes, il est plus probable que les MG formés à l'EMNO soient dans des zones rurales et du nord. Au fur et à mesure que d'autres diplômés de l'EMNO opteront pour une pratique autonome, il importera de surveiller si cette tendance se maintient et, ce qui est peut-être le plus important, de voir si, à long terme, ils demeurent dans l'Ontario rural et du nord.

Par: Elizabeth Wenghofer, Ph. D. de l'École de santé dans les milieux ruraux et du nord, de l'Université Laurentienne, John Hogenbirk, M. Sc. du Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux et du nord, de l'Université Laurentienne, et Patrick Timony, Ph. D. (Candidate) du Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux et du nord, de l'Université Laurentienne.

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