Notre perception du Nord ontarien est-elle fautive?
15 mai 2017 - Il y a quelque six ans, le gouvernement de l’Ontario a lancé un projet par lequel il devait tenter de concevoir des plans pour deux zones de développement économique régional (ZDER) du Nord ontarien : l’une dans le Nord-Ouest, l’autre dans le Nord-Est. Ce n’était pas une mauvaise idée. Après tout, c’est ce que pense de nous Statistique Canada. Cet organisme fournit même utilement des données sur l’économie, la main-d’œuvre, la population, la santé et les niveaux d’éducation de ces deux « régions économiques ».
Le problème est que ces régions sont géographiquement énormes, démographiquement diverses et ne sont pas uniformes sur les plans culturel et économique. Les niveaux des infrastructures sont très différents selon le secteur régional dans lequel vous vous trouvez. Il va sans dire que l’effort a dans une large mesure été vain en raison des difficultés de réunir des intérêts aussi disparates dans un plan unique (euh… deux plans).
Dans le plan de croissance du Nord ontarien de 2011, à partir duquel la notion de ZDER a émergé, l’accent a été mis sur les carrefours et, en particulier, sur les « carrefours économiques et de services du Nord ». Il était souligné que « plus de la moitié des gens du Nord vit dans les villes du Grand Sudbury, de North Bay, de Sault Ste. Marie, de Timmins et de Thunder Bay ». Les cinq régions urbaines étaient vues comme les catalyseurs de la croissance dans le Nord.
Le revers de la médaille de cet énoncé sur la population est toutefois que presque la moitié des habitants du Nord vit à l’extérieur de ces cinq centres. De nombreuses personnes et collectivités étaient donc exclues d’un plan fondé sur les cinq villes majeures. C’était en particulier le cas dans des secteurs tels que les districts de Kenora et de Rainy River, où la majorité des relations économiques se font vers le sud ou l’ouest (soit vers les États-Unis ou Winnipeg), non vers l’est, c’est-à-dire Thunder Bay et le reste du Nord ontarien.
Cela dit, lorsque nous pensons aux investissements gouvernementaux dans les infrastructures, au capital humain et à la croissance démographique, il est souvent utile d’envisager une région par opposition à une agglomération de collectivités disparates et non reliées. Alors, demander combien il y a réellement de régions dans le Nord ontarien est un premier pas important lorsqu’il s’agit de viser juste en politique gouvernementale. S’il y a, disons, douze régions, non cinq, et si le gouvernement crée des carrefours de services et a des investissements pour cinq, alors sept autres régions seront en principe ignorées.
Dans un document récent commandé par l’Institut des politiques du Nord, nous avons demandé à un expert d’explorer les rapports culturels, démographiques et économiques dans le Nord ontarien, puis de déterminer combien de régions économiques nous avions. En toute transparence, au moins un facteur ayant conduit au projet était un débat entre moi-même et l’auteur, à savoir si Kenora faisait ou non intégralement partie de la zone économique influencée par Thunder Bay. Nous avions entendu dire à de nombreux endroits que les données probantes ne confirmaient pas ce point de vue; il a hésité. Je l’ai donc invité à en prouver la fausseté.
Depuis, je raconte l’histoire, et vous savez probablement qui a fini par avoir raison. Lorsque les choses se sont calmées, l’auteur, Charles Conteh, Ph. D., a conclu qu’Il y avait en fait au moins douze régions économiques uniques dans le Nord ontarien. La première étant le Grand-Nord, un cas spécial et autonome, puis qui, en fait, pourrait se subdiviser davantage, en fonction de nouvelles données probantes qui s’accumuleront là. Six sont des régions urbaines, Kenora étant ajouté à la liste des centres urbains énumérés dans le plan de croissance du Nord. Les cinq autres sont des « corridors industriels » — Temiskaming Shores, Greenstone-Marathon, Fort Frances, Parry Sound et l'île Manitoulin — qui sont centrés sur un ensemble de collectivités relativement plus petites, mais géographiquement rapprochées et ayant en commun des secteurs, atouts et besoins similaires.
Ces constatations sont absolument cruciales pour l’efficacité des investissements gouvernementaux futurs et la réglementation des économies du Nord. Les ignorer risque de ne pas tenir compte de la croissance potentielle et de l’avantage comparatif à trouver dans chaque région économique distincte. Les collectivités manqueront d’infrastructures, les gens d’opportunités, et le gouvernement n’obtiendra pas les revenus nécessaires pour assumer les coûts des services requis par tous les Ontariens.
Comme nous entrerons dans une année électorale et que les trois partis commencent à planifier leurs « plan de croissance » pour l’avenir, c’est pour nos dirigeants un moment idéal pour repenser leurs perceptions du Nord ontarien. En particulier, nous devons collectivement rejeter nos hypothèses, soit que le Nord ontarien est une économie unique, dépend des ressources naturelles et est monolithique. Nous devons planifier en fonction de ce qui est et non de ce que nous avons pensé que c’était.
Charles Cirtwill est président et chef de la direction de l’Institut des politiques du Nord, un groupe indépendant de réflexion sociale et économique sont le siège social est dans le Nord de l’Ontario. Première publication dans Northern Ontario Business, en mai 2017.
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Les 12 régions!
Posté par Pierre Bélanger le 5/16/2017 9:23:12 AM
Cet excellent texte fait la démonstration de l'utilité de l'Institut des politiques du Nord! La perception qu'on a de la réalité conditionne l'action qu'auront les individus les communautés et ,bien sûr,les gouvernements...