Notre expérience acquise dans le cadre de « Connaissez le Nord »
8 septembre, 2015 - À titre de stagiaires à Sault Ste. Marie, Mandy et moi avons passé l'été à travailler sur un projet de recherche à l'Institut des politiques du Nord : « Connaissez le Nord ». Travaillant depuis le Shingwauk Residential Schools Centre, une grande partie de nos journées a été consacrée à communiquer avec les agents de développement économique de collectivités des Premières Nations et d'autres, avec l'espoir d'obtenir des entrevues informelles. Nous avons eu le plaisir de parler cet été avec 72 acteurs du développement économique. Ces conversations avaient pour objet de parvenir à mieux comprendre comment les Premières Nations et les municipalités se comparent sur les plans économique et social; nous avons aussi abordé les thèmes régionaux, en fonction desquels l'Institut des politiques du Nord pourrait adapter sa recherche, puis ouvert la porte au début d'un partenariat durable avec les collectivités du Nord.
Après soixante-douze entrevues et six cahiers de notes bien remplis, voici un aperçu de ce que nous avons appris au cours de l'été :
• Hydro One et son prix de consommation d'énergie. Nous avons découvert que Fort Frances avait l'un des tarifs d'électricité les plus bas en Ontario, ce qui découlait du fait que la Fort Frances Power Corporation appartienne à la municipalité. La propriété locale de l'entreprise de service public a libéré d'Hydro One la collectivité et est liée à une entente historique intervenue il y a plus de 100 ans entre des propriétaires de barrages et la municipalité.
• Partenariats qui renforcent le développement économique. Les collectivités qui réussissent travaillent ensemble ou avec des organismes, afin de grouper leur énergie et leurs ressources en vue d'un objectif commun. Un excellent exemple de partenariat réussi est le Regional Distribution Centre for Far North, comprenant la participation des collectivités de Sioux Lookout, de la Première Nation de Lac Seul et de Kitchenuhmaykoosib Inninuwug. L'objectif du Centre est de distribuer des biens et de la nourriture à prix abordable aux Premières Nations isolées accessibles seulement par avion.
• Avoir de l'eau potable salubre est une question préoccupante dans de nombreuses collectivités de Premières Nations. Pour près de 133 Premières Nations en Ontario, il est actuellement recommandé de faire bouillir l'eau et dans 10 de ces collectivités, ces recommandations existent depuis plus de 10 ans. Une infrastructure médiocre, le manque de capital humain et de fonds sont les raisons ordinaires de l'inefficacité des installations de traitement de l'eau dans les collectivités des Premières Nations. À Dryden, nous avons appris qu'il y avait une installation satisfaisante axée sur la formation en traitement de l'eau, le Keewaytinook Centre of Excellence, qui offre aux participants la programmation et la certification. Vous pouvez en apprendre davantage à leur site Web: www.watertraining.ca.
• La Loi sur les Indiens empêche les gens des Premières Nations de posséder des terres en fief simple. Cela complique l'accès au capital pour les membres des réserves, car ils n'ont pas de valeur nette pour leur maison. La Loi sur la gestion des terres a aidé en ce que la Première Nation sera dégagée d'à peu près 25 p. 100 de la Loi sur les Indiens, en rapport avec l'utilisation du territoire. Cela donne à la bande une autorité inconditionnelle sur son territoire et ses ressources, lui permettant d'attribuer des parcelles de territoire aux membres des Premières Nations et de mieux entreprendre des projets de développement économique. Il y a toutefois eu des inquiétudes chez des Premières Nations au regard de la perte potentielle de territoire pour la postérité. La Loi sur la gestion des terres a été mise en vigueur en 1999 et est accompagnée de son propre ensemble de restrictions liées à l'admissibilité.
• Infrastructure inquiétante. Dans les collectivités du Nord, un manque d'accès au capital pour des projets d'infrastructures est un problème flagrant, et cela retarde le développement économique. Bien que le récent Programme d’infrastructure communautaire de Canada 150 ait investi 150 millions de dollars dans des infrastructures sur une période de deux ans, les fonds sont réservés pour l'esthétique ou à des fins patrimoniales nationales – notamment la modernisation de centres communautaires, de musées et de parcs, ce qui ne répond pas aux vrais besoins des collectivités du Nord ontarien.
• Les Premières Nations et les municipalités sont à des stades différents de développement économique. Beaucoup de collectivités de Premières Nations renforcent les capacités internes par la gouvernance, la planification communautaire et la gestion du territoire, cependant que beaucoup de municipalités sont aux stades de la réalisation stratégique du développement économique. La disparité entre les deux groupes peut être attribuable, entre autres choses, à ce qui suit : - sources de financement différents; - restrictions législatives; - différences géographiques et distance du marché; - facteurs socioéconomiques; - relations historiques.
• Les produits à valeur ajoutée sont déterminants dans la diversification économique et un moyen de surmonter les effets secondaires d'un « village ayant une seule industrie ». Par exemple, en 2006, le secteur forestier du Nord ontarien a été frappé et les usines ont commencé à fermer leur porte dans la région. Les usines qui ont pu poursuivre leurs activités avaient tendance à diversifier leurs produits. Par exemple, la Terrace Bay Pulp Mill, qui a changé de propriétaire en 2012. L'usine avait produit autrefois de la pâte pour le papier hygiénique. Maintenant, elle produit de la pâte de rayonne, un tissu qui sert ordinairement pour remplacer le coton.
• Les villages miniers tendent à avoir des fluctuations de population. En termes de production de richesse locale, les populations passagères n'investissent habituellement pas dans les collectivités où elles travaillent – les taxes et les dépenses se trouvent typiquement à l'extérieur de la collectivité. Red Lake rapporte une perte documentée de 24 millions de dollars annuellement par suite des achats faits à l'extérieur. Toutefois, des mines telles que Kirkland Lake Gold commencent à offrir des mesures incitatives à leurs employés, afin qu'ils achètent des maisons dans la localité, combattant ainsi cette tendance.
• Fonctions du secteur agricole comme stabilisateur économique, surtout pour les collectivités qui ont une industrie du secteur primaire. Temiskaming Shores et Oliver Paipoonge sont des exemples. Le drainage par canalisations en terre cuite a permis aux fermiers de prolonger la saison de croissance, et l'agriculture industrielle devient plus importante dans les secteurs dominés par l'agriculture. Les collectivités tendent à être réticentes face à l'agriculture industrielle, se posant des questions au sujet de leur engagement envers la collectivité et de leur longévité au sein de celle-ci.
• Tourisme : souvent un objectif de plan B. Souvent les collectivités qui avaient coutume de dépendre des ressources comme moteur économique et qui ont connu un ralentissement se tournent vers le tourisme comme moyen de redressement économique. Après la fermeture de l'usine de pâtes et papiers de Kenora, en 2006, et la perte de ses 750 emplois, Kenora a repensé sa marque, faisant de la ville une destination de premier plan, afin de s'adapter au virage économique. Maintenant les chalets permettent à l'économie locale d'encaisser annuellement 85 millions de dollars et la restauration ainsi que la vente au détail ont prospéré.
Nous aimerions remercier chaque agent de développement économique qui a pris le temps de parler avec nous au cours de l'été. Cette information fera beaucoup pour déceler des domaines de recherche utiles à l'Institut des politiques du Nord. Chemin faisant, nous avons personnellement mieux saisi ce qui rend unique le Nord ontarien et mérite des politiques régionales qui reflètent les besoins distincts de la région.
Grand merci! Chi-miigwetch,
Jamie et Mandy
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