La population du Nord ontarien vieillit-elle ou est-elle simplement moins jeune?
1 décembre, 2014 - Le vieillissement de la population du Canada n’est pas un phénomène nouveau. Le processus mènera inévitablement à des coûts de pension et de soins de santé supérieurs ainsi qu’à une base fiscale réduite, face aux coûts à payer. Le virage démographique aura des effets sur la consommation, les investissements, les économies, les dépenses, la main-d’œuvre, etc. Bien que certains croient qu’il y a de bons côtés à tout cela – notamment le déclin des pénuries de main-d’œuvre ou une qualité de vie supérieure – la perception générale et que c’est un élément de tension de plus pour la croissance et pour l’économie globale.
Puisque les effets du vieillissement de la population diffèrent d’une région à l’autre, il est important de comprendre ce qui se passe dans le Nord ontarien.
Regardant les projections démographiques de la figure 1, vous trouverez qu’il est évident que la population du Nord ontarien vieillit plus rapidement que l’ensemble de la province D’ci 2036, les personnes de 65 ans et plus représenteront presque 30 % de la population totale du Nord ontarien, comparativement à 24 % en Ontario.
Figure 1 : Projection de la population vieillissante, sous forme de pourcentage du total, de 2012 à 2036
Sources : Estimations de Statistique Canada, 2012; projections du ministère des Finances de l’Ontario, 2013.
Alors pourquoi cela se produit-il?
Trois facteurs jouent sur le vieillissement de la population : 1) la structure des âges 2) l’accroissement naturel 3) les mouvements migratoires.
Structure des âges fait référence au fait que les enfants du baby-boom, qui ont maintenant entre 49 et 68 ans, continueront d’accélérer le vieillissement de la population jusqu’à 2031, lorsque le dernier d’entre eux aura 65 ans[1].
Le deuxième facteur, accroissement naturel, correspond au nombre de naissances moins celui des décès. Généralement parlant, les gens ont moins d’enfants, et vivent plus longtemps qu’auparavant.
Le seul district du Nord ontarien qui continuera d’afficher une hausse naturelle positive (c.-à-d. davantage de naissances que de décès) entre 2013 et 2036 est celui de Kenora (figure 2). Puisque ce district a la plus grande part de jeunes adultes dans le Nord ontarien, il est à prévoir qu’il y aura un plus grand nombre de naissances. Il est prévu que tous les autres districts du Nord ontarien auront plus de décès que de naissances d’ici 2036; dans certaines régions, cela se produit déjà.
Figure 2 : Évolution de l’accroissement naturel, par district, de 2012 à 2036, Nord ontarien
Source : Saisie de l’écran des projections du ministère des Finances de l’Ontario, 2013.
Il y a toutefois une façon d’inverser ces projections.
Le seul fait qu’une région n’ait qu’une partie relativement petite de jeunes adultes pouvant procréer ne signifie pas que ces jeunes adultes doivent se conformer aux niveaux prévu de fertilité sur lesquels ces projections reposent. C’est vrai – peut-être qu’avoir juste un enfant de plus pourrait ne pas être une mauvaise idée après tout…
Ensuite, les mouvements migratoires, ce qui a plus d’effets et dépend moins de la libido, constituent le facteur régional qui joue sur le vieillissement de la population. L’immigration comme l’émigration du Nord ontarien peuvent dépendre de sources internationales, interprovinciales ou intraprovinciales.
À la figure 3, des statistiques sur la migration nette ont été relevées pour le Nord-Est, le Nord-Ouest et l’Ontario, l’accent ayant été particulièrement mis sur le groupe d’âges le plus mobile (de 15 à 34 ans). Dans toutes les régions, la migration dans ce groupe d’âges est supérieure à celle de tous les autres, combinés.
Depuis 2001, les personnes de 15 à 34 ans ont affiché des niveaux négatifs de migration nette dans le Nord-Est et le Nord-Ouest, ce qui signifie que ceux qui partent de la région sont plus nombreux que ceux qui y arrivent. Bien qu’il y ait des fluctuations d’une année à l’autre, l’émigration dans ce groupe d’âges a été continue depuis 2001. Aujourd’hui, l’émigration dans le Nord-Est et le Nord-Ouest n’est pas à son plus haut; toutefois, le Nord ontarien devrait faire porter ses efforts sur l’immigration.
Par contre, la province a des arrivées de jeunes et de jeunes adultes depuis 2001. Cela suggère que, en dépit de l’immigration au sein de cette cohorte d’âges dans la province, le Nord ontarien maintient son déclin net.
Figure 3 : Migration nette, de 2001 à 2013
Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 051-0060, fondé sur la Classification géographique type (CGT) 2011.
Comme pour d’autres régions, le vieillissement de la population du Nord ontarien découle des enfants du baby-boom, du déclin des taux de fertilité et de la hausse de l’espérance de vie. Toutefois, phénomène propre à la région, le vieillissement de la population du Nord ontarien est empiré par l’émigration des jeunes et des jeunes adultes.
Certains prétendront qu’il y a du positif dans le vieillissement de la population, c’en est toutefois un qui est associé à la baisse du nombre des jeunes et des jeunes adultes, une bonne raison de s’inquiéter.
Bien que demander que le Nord ontarien commence à avoir davantage d’enfants soit une option pour aider à résoudre les problèmes démographiques structurels, aborder les luttes migratoires de la région peut un peu mieux se faire par les responsables des politiques.
Par James Cuddy
[1] Voir : http://www.statcan.gc.ca/pub/91-215-x/91-215-x2014000-eng.pdf
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