L'herbe n'est pas toujours plus verte
1 avril, 2015 - Dans le Nord-Est comme dans le Nord-Ouest de l’Ontario, les jeunes de 17 à 34 ans partent en grand nombre. Ma question est dans quelle mesure il fait bon vivre ici?
La prochaine fois que vous parlerez avec votre adolescent, vous devriez dire ceci : il a plus de chance d’obtenir un emploi dans le Nord ontarien qu’à peu près n’importe où dans la province. En fait, la probabilité de trouver un emploi ici est supérieure à la moyenne nationale. C’est exact, l’herbe n’est pas nécessairement plus verte ailleurs.
Selon Statistique Canada, depuis 2009, le Nord-Est ontarien a plus de jeunes dans la population active, plus de jeunes au travail et moins de jeunes en chômage que l’ensemble de la province et du pays. Depuis cinq ans, le Nord-Est de l’Ontario est au niveau ou au-dessus des moyennes provinciale et nationale en ces matières. Dans le Nord-Ouest ontarien tel a été le cas, avec quelques baisses ici et là, au moins depuis l’an 2000.
Il y a donc quatorze ans que le Nord ontarien dépasse le pays dans la création d’opportunités pour nos jeunes, et je parie que c’est la première fois que beaucoup d’entre vous apprennent cette nouvelle.
Il n’y a pas que les données de Statistique Canada qui signalent cette heureuse histoire. Dans le cadre d’une analyse de la conjoncture que je faisais récemment pour le Confederation College à Thunder Bay, j’ai eu l’occasion d’examiner les principaux indicateurs du rendement de collèges de l’Ontario. Pour la période de 2007 à 2014, les collèges du Nord, tous, ont constamment obtenu des résultats supérieurs à la moyenne provinciale en matière d’emploi six mois après la remise du diplôme. Pour toute la période, le Confederation College et le Northern College dépassaient de quatre points de pourcentage la moyenne. Pour certaines de ces années, l’écart pouvait correspondre à dix points.
Le message est bien sans équivoque : si vous êtes jeune, cherchez un point de départ dans la vie, vous devriez envisager sérieusement de vivre, d’étudier et de travailler dans le Nord.
Évidemment, les nouvelles ne sont pas toute bonnes. Nous sommes tous au courant des tristes statistiques liées à la population du Nord ontarien. D’un sommet que nous avons atteint il y a plus de vingt ans. Du déclin continu depuis lors. Enfin, pas si régulier en fait. De 2001 à 2006, la population du Nord ontarien a effectivement augmenté. Ce n’était pas le retour au sommet, mais il y a eu hausse. Malheureusement, il y a eu baisse légère au cours de chaque année subséquente.
En outre, nous ne sommes pas que moins nombreux, nous sommes aussi plus âgés. Une étude prochaine faite pour l’Institut montrera qu’entre 2001 et 2011, le pourcentage des personnes vivant dans le Nord ontarien et âgées de plus de 65 ans a augmenté de 50 p. 100. Notre moyenne d’âge est maintenant de cinq ans de plus qu’il y a dix ans et la tendance du vieillissement s’accélère. Cela est mauvais parce que les personnes plus âgées ont cette fichue habitude d’être à la fin de leur vie de travail. Elles partent à la retraite, produisent moins, paient moins d’impôt, créent moins d’emplois pour leurs amis et voisins.
Les collectivités rurales sont même frappées davantage. L’urbanisation dans le Nord ontarien, comme dans le reste du Canada, rattrape enfin les tendances mondiales. Les populations urbaines, dans le Nord-Est comme dans le Nord-Ouest de l’Ontario, sont en fait en hausse. C’est dans le Nord rural que nous voyons le véritable déclin de la population et nos collectivités vieillissant le plus rapidement.
L’émigration des jeunes, l’immigration faible et les taux de natalité en baisse font si régulièrement les manchettes que nous les acceptons comme une normalité nouvelle. Le ciel nous tombe sur la tête, et nous sommes rabaissés. Si une personne cherche un rayon d’espoir, elle saute dans l’avion ou met ses bagages dans sa voiture et part vers l’ouest, le sud ou l’est.
Les jeunes commencent toutefois à prendre conscience du potentiel du Nord. Mon propre organisme (IPN) a peu d’employés de plus de trente ans. La moitié de mes collègues sont revenus dans la région, à Sudbury et à Thunder Bay, depuis Ottawa ou Toronto. Lors de ma première réunion du Rotary dans ma nouvelle ville, Thunder Bay, le conférencier était un jeune conseiller financier encore loin de ses quarante ans. Un Torontois de naissance, si je me souviens bien, mais mon nouveau voisin par choix. Même au moment de la rédaction du présent texte, les candidatures pour les huit stages d’été offerts par mon organisme cette année affluent. Plus de la moitié de ces jeunes sont de Toronto, de Waterloo, de Kingston et d’Ottawa.
Pourtant, pendant que des jeunes d’autres régions font la queue pour les opportunités ici, nos jeunes continuent de partir. Alors, faites votre part.
Demain, à table lors du petit déjeuner, assurez-vous de dire à votre adolescent ou jeune homme qu’à l’extérieur, vu par la fenêtre de la chambre, sous toute cette neige, il peut certes trouver de l’herbe. Qui plus est, cette herbe est beaucoup plus verte que celle qu’il trouvera à Toronto ou ailleurs s’il décide de partir.
Charles Cirtwill Président et chef de la direction, Institut des politiques du Nord. Groupe indépendant de réflexion sociale et économique, dont le siège social est dans le Nord de l’Ontario.
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