Improbabilité d'expansion de la LHN dans le Nord

Réfutation de l'idée de marché Sudbury-Thunder Bay

11 août, 2015 - La discussion sur l'expansion de la Ligue nationale de hockey (LNH) s'anime. À la fin juin 2015, la Ligue a annoncé qu'elle amorçait le processus des soumissions liées à l'expansion, et nombreux sont ceux qui s'imaginent que la LNH pourrait aboutir à trente-deux équipes d'ici le début de la saison de  2017-2018. La date limite pour la présentation des soumissions expire le 20 juillet; seulement Québec et Las Vegas ont soumis leur candidature et payé les frais de 10 millions de dollars américains, dont 20 p. 100 ne sont pas remboursables. Un texte de blogue paru à FiveThirtyEight, un site Web de statistiques et de regroupements, affilié à ESPN, a retenu Sudbury-Thunder Bay comme marché potentiel de la LNH. Oui, vous avez bien lu. Est-ce que Sudbury et Thunder Bay, à une distance de plus de 1 000 km l'une de l'autre sur la Transcanadienne, pourraient être un marché idéal pour une franchise de la Ligue nationale de hockey?

carte de l'ontario 

Source : Saisie d'écran de Google Maps

En se servant des tendances relevées par Google, qui servent à évaluer le désir que suscite la LNH, le statisticien Nate Silver a suggéré quinze marchés possibles pour l'expansion ou un déménagement. Sa méthode a été problématique parce que son estimation du nombre des fervents de la LNH sur un marché potentiel reposait  sur le nombre de fois que N.H.L. (LNH) avait fait l'objet d'une recherche dans Google. Sudbury-Thunder Bay se trouvait en cinquième position sur cette liste, après des endroits tels que Québec et Halifax, mais avant des villes métropolitaines telles que Seattle et Las Vegas. Selon la recherche de Silver, Sudbury-Thunder Bay a eu une « population de fervents » de 274 557 personnes, sur un total de 523 000. Assez bon, avec un signe d'intérêt de 52 p. 100.

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Source : Saisie d'écran de FiveThirtyEight. Nate Silver, « Why Can’t Canada Win The Stanley Cup? » http://fivethirtyeight.com/features/why-cant-canada-win-the-stanley-cup/

Le seul problème est que, combinées, les villes de Sudbury et de Thunder Bay n'ont pas du tout une population approchant le demi-million. Silver puisait probablement dans d'autres municipalités du Nord-Est et du Nord-Ouest, mais même là, c'est encore un peu exagéré. Statistique Canada, dans son recensement de 2011  évaluait respectivement le Grand Sudbury et Thunder Bay à 60 770 et à 121 596 personnes. Cela totaliserait 282 366 personnes, presqu'un quart de million de personnes de moins que le plus petit marché de cette ligue, Winnipeg.

Même si, dans l'article, vous ne tenez pas trop compte de la façon de déterminer la population et les estimations du niveau d'intérêt des fervents de la LNH (sérieusement, combien de fervents légitimes de la Ligue nationale de hockey cherchent réellement « N.H.L. » [LNH] dans Google?), nous sommes néanmoins placés devant une ignorance flagrante qui suggère que ces deux villes du Nord ontarien constituent un seul marché. Sudbury est en fait plus près de Montréal que de Thunder Bay et, si vous conduisiez vers l'ouest du lac Supérieur, vous atteindriez presque la frontière Manitoba-Saskatchewan avec à peu prés le même quantité de kilomètres que si vous alliez vers l'est, en route pour Sudbury.  Et ce n'est pas mentionner que les deux villes se trouvent dans des deux districts économiques différents, le Nord-Est et le Nord-Ouest de l'Ontario, puis qu'elles sont séparées par trois divisions de recensement. Supposer que deux des plus grandes villes de ces régions intrinsèquement distinctes dans la province canadienne la plus populeuse constituent une énorme tranche de territoire homogène est pour le moins déconcertant.

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Source : Tableau compilé par l'équipe du TVBasics Report du Bureau de la télévision du Canada.

Il n'y a pas de doute que les fervents de la LNH de la région seraient ravis si le hockey professionnel du niveau le plus élevé se trouvait à Sudbury ou à Thunder Bay, mais la réalité est qu'aucune de ces villes ne peut se payer une équipe de la LNH. Les deux endroits n'ont pas le marché télévisuel, le stade ni les entreprises permettant de développer et de maintenir une équipe. Il est beaucoup plus probable qu'une équipe de la Ligue américaine de hockey (LAH) se trouve sur la glace. Certaines franchises de la LAH manquent de spectateurs et pourraient en avoir davantage à Sudbury et à Thunder Bay lors des trente-huit joutes régulières à domicile.

Thunder Bay a eu des discussions avec True North, propriétaire des Jets de Winnipeg, afin d'attirer son équipe affiliée de la LAH. True North a manifesté de l'ouverture face à l'idée puisque le club-école des Jets, les IceCaps, se trouve depuis quatre ans à St. John’s (Terre-Neuve), ce qui constitue une contrainte géographique considérable.  À compter de la saison 2015-2016, les IceCaps seront à Winnipeg, sous le nom de Manitoba Moose, et joueront au même endroit que leur équipe mère. Si Thunder Bay veut sortir de Winnipeg les Moose, il faudra les convaincre par un plan de construction de centre d'activités, et ce, au cours des prochaines années. Le Nord ontarien est une région contenant 278 sous-régions de recensement, et 803 000 personnes y habitent. Surtout, Sudbury et Thunder Bay sont deux endroits distincts, et 600 milles les séparent. Nate Silver aurait peut-être dû faire un voyage dans le Nord ou au moins examiner une carte géographique avant de proposer un marché Sudbury-Thunder Bay pour la LNH.

*Depuis le 27 juillet 2015, Nate Silver et FiveThirtyEight n'ont jamais expliqué pourquoi Sudbury et Thunder Bay avaient été groupés comme marché de la LNH.

Par Mike Commito

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