Hausse des salaires des TSP

Salaires en hausse pour les travailleurs de soutien personnels en Ontario, mais est-ce que cela améliorera la qualité des services de soins à domicile?

21 mai, 2014 - L’annonce récente des autorités provinciales, au sujet de salaires supérieurs pour les travailleurs de soutien personnels (TSP) est une étape importante dans l’élargissement des options de soins communautaires et à domicile.

Passer les soins de santé, depuis les hôpitaux vers les collectivités, est une tendance internationale qui gagne en popularité pour un certain nombre de raisons. D’abord, de la recherche universitaire a démontré que les patients préfèrent les soins à domicile aux soins à l’hôpital, et que des séjours hospitaliers qui ne sont pas obligatoires ont un effet négatif sur la santé des patients. De plus, les gouvernements économisent des sommes considérables en passant les soins aux niveaux du domicile et de la collectivité, ce qui, ensuite, libère des ressources hospitalières afin de répondre aux patients qui ont des besoins pressants. Pour ces raisons, les soins à domicile constituent une option attrayante pour l’Ontario.

Sortir des patients des hôpitaux et les placer dans leur collectivité exige la prestation de soins individualisés et pertinents sur le plan culturel. Cela place les TSP au centre des nouvelles tendances d’aujourd’hui en soins de santé. Actuellement, les TSP sont le plus gros groupe de travailleurs du secteur des soins de longue durée et des soins à domicile en Ontario. Il y a environ 57 000 TSP en Ontario qui travaillent dans le secteur des soins de longue durée; 26 000 sont employés par des organismes fournissant des soins communautaires et à domicile; quelque 7 000 se trouvent en fonction dans les hôpitaux.

En dépit de cette importance, le secteur du personnel de soutien manque gravement de personnel. Cela découle surtout de la faible rémunération, des heures irrégulières, de la couverture variable du millage et des autres dépenses en rapport avec la prestation des services à domicile. En fait, beaucoup de TSP sont au salaire minimum de 12,50 $ l’heure, lequel n’a pas été augmenté depuis 2006. De tels problèmes sont particulièrement aigus dans le Nord ontarien, où les grandes distances et le rude climat rendent encore plus difficile le travail des TSP.

Des conditions de travail différentes exigent des formations et des normes professionnelles différentes dans le secteur du soutien personnel, mais de tels facteurs ne sont pas pris en compte en Ontario.

Être travailleur de soutien personnel n’est pas une profession régie dans notre province. L’Ontario n’a pas d’organisme de réglementation qui détermine les normes des connaissances et compétences requises pour la pratique du TSP ou pour les services qu’ils fournissent. De plus, les TSP peuvent considérablement varier quant aux sortes de soins fournis. Cela comprend des soins médicaux tels que l’administration des médicaments, puis la prestation de soins personnels, dont les bains et l’habillage. En outre, peu est connu sur ceux occupant cet emploi si important et qui passe un peu inaperçu. Il n’y a pratiquement pas d’information sur leur formation, leur identité et les lieux de travail.

Cette situation a attiré l’attention du gouvernement. En mai 2012, le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario (MSSLDO) annonçait qu’il créerait un registre des TSP afin de recueillir de l’information sur le statut de la formation et de l’emploi de près de 100 000 TSP en Ontario, dans un effort pour mieux comprendre ces TSP. La collecte d’information pour le registre a débuté le 1er juin 2012.

Récemment, le gouvernement de l’Ontario a promis de porter à 16,50 $ l’heure le salaire minimum des TSP dans le secteur des soins à domicile. Même si cet engagement a pour objet d’améliorer les relations du Parti libéral avec les organismes syndicaux et d’accroître le soutien politique pour la prochaine élection, c’est tout de même une excellente nouvelle pour les TSP.

Les salaires supérieurs devraient attirer davantage de travailleurs dans le secteur des soins à domicile, lequel a de la difficulté à recruter et à conserver les travailleurs. Toutefois, il faut davantage pour fournir aux Ontariens des services de soutien personnel de qualité.

La Province entend se servir de l’information du registre des TSP, en vue déterminer des normes générales pour l’éducation. Pour assurer des services de soutien de haute qualité, il pourrait être nécessaire d’aller plus loin et d’élaborer des exigences propres aux régions pour les TSP inscrits. Dans le Nord ontarien, les TSP doivent être formés pour le travail dans les collectivités éloignées, où des facteurs de risque uniques comme les expositions à l’environnement et aux circonstances sociales sont compliquées par une pénurie de professionnels de la santé. Cela crée des responsabilités additionnelles pour aider les patients. Sans une formation adéquate, beaucoup de TSP pourraient ne pas être en mesure de fournir des services de qualité dans les collectivités du Nord.

Bien qu’une hausse de salaire puisse atténuer des problèmes de pénuries de TSP dans le Nord ontarien, elle ne pourrait améliorer la qualité des services. Généralement parlant, une formation spécialisée propre aux régions des TSP, sera un ingrédient nécessaire pour améliorer la qualité et l’efficacité des services de soins à domicile offerts en Ontario et dans le Nord. D’où viendra l’argent pour les professionnels du soutien personnel, ce n’est pas clair à ce stade.

Pour le gouvernement provincial, l’une des façons d’améliorer l’efficacité du secteur des soins à domicile dans le Nord ontarien est de promouvoir une intégration supérieure des TSP dans les équipes de soins de santé. Cette approche peut rationaliser l’échange d’information et de pratiques exemplaires chez les membres de l’équipe, ce qui donnera aux TSP des occasions additionnelles de formation, élevant la qualité de leurs services. Pour ce faire, la Province devra travailler avec les réseaux locaux d’intégration de la santé, les centres communautaires d’accès aux soins de santé et les services de soutien communautaire, afin de trouver des solutions mutuellement acceptables et pouvant réduire les dépenses tout en produisant de meilleures options de soins de santé grâce à l’intégration.

Il reste à savoir comment la Province abordera exactement les problèmes de TSP afin de fournir des soins à domicile efficaces.

 Par Leonid Shafir

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