Fermetures d'écoles en Ontario
Affaire « d’argent et de bon sens » – Écoles de carrefour communautaires
4 mars, 2015 - De plus petites collectivités du Nord ontarien ont l’habitude de recevoir le « traitement choc » de Queen’s Park. Cela s’est encore produit le 28 janvier 2015, lorsque la ministre de l’Éducation, Liz Sandals, a déclaré qu’un milliard de dollars du budget de 22,5 milliards de dollars en éducation pouvait être économisé par « la fermeture de 600 écoles à moitié vides ». Le lendemain, la ministre faisait marche arrière, disant que sa principale préoccupation était les écoles sous-utilisées de Toronto, non pas celles des collectivités rurales et éloignées.
L’ensemble du processus d’examen des installations, comme sont actuellement désignés les exercices de fermetures d’écoles, a fait l’objet de vives critiques dans le Nord depuis que la consultante de Toronto Margaret Wilson publiait en septembre 2013 son rapport indépendant dans lequel elle tapait sur les doigts du conseil scolaire de district de Near North (CSDNN), en raison de son « manque de transparence publique » dans la fusion forcée de trois écoles de North Bay.
Une proposition provinciale plus récente ayant pour objet d’écourter le processus du comité d’examen des installations (CEI) a également soulevé des inquiétudes chez les commissaires d’écoles de North Bay et d’ailleurs. Il a été proposé de demander aux administrations municipales de jouer un plus grand rôle, de « s’éloigner de considérations telles que les répercussions des fermetures d’école » sur « le bien-être de la collectivité et l’économie locale » et de « mettre plutôt l’accent sur les résultats des élèves ».
Selon le commissaire chevronné du CSDNN, Al Bottomley, la proposition de réforme du CEI est une initiative « dangereuse ». « Le gouvernement semble vouloir fermer des écoles à tout prix », a-t-il dit au Almaguin News. « Les enfants ont de meilleurs résultats dans de petites écoles, a ajouté Bottomley. Les placer dans une unique école ne sera pas bénéfique pour les enfants. Ils seront fatigués, ils ne pourront rien faire. Les autobus pourraient devoir franchir 15, 20 ou 30 kilomètres de plus. C’est ridicule. La réussite des élèves est quelque chose qu’ils n’obtiendront pas ainsi. »
La question plus générale qui se pose, c’est si la fermeture de petites écoles et le déplacement des élèves vers des centres d’enseignement régionaux permettent effectivement d’économiser des dollars en éducation. Les planificateurs scolaires continuent de faire reposer les recommandations sur les « économies d’échelle » prévues. Selon la chercheuse américaine Barbara Kent Lawrence, de telles prétentions sont très douteuses si et quand vous tenez compte des coûts d’exploitation par pied carré, du coût réel par diplômé, du coût additionnel du transport des élèves par autobus et des coûts souvent gonflés de la construction des écoles.
Les décisions du financement des immobilisations scolaires peuvent également laisser à l’écart les petites villes et les villages. Dans le cas de of Mattawa, une petite ville de 2 100 personnes près de North Bay, le rédacteur en chef du Nipissing News, Rob Lean, a montré clairement ce qui risque de se produire. À la mi-décembre, il a rendu public le contenu d’un relevé de communications entre le CSDNN et le ministère de l’Éducation, ce qui montrait comment, entre 2010 et 2013, Mattawa avait perdu le financement scolaire qui lui avait été promis, non seulement pour maintenant, mais aussi pour le futur.
Sans divulgation publique et en dépit des plaidoyers publics du maire de Mattawa, Dean Backer, un engagement de subvention de 2010 s’élevant à un million de dollars et réservé pour l’École secondaire F.J. McElligott a été revu afin de financer la reconstruction d’une école de North Bay et d’en faire une école intermédiaire, de la maternelle à la sixième année.
La controverse de l’école de Mattawa a fait clairement ressortir ce que le président du CSDNN, David Thompson, avouait être un « tour de passe-passe ». À la subvention d’immobilisation destinée à Mattawa, puis détournée vers North Bay, a été ajouté de l’argent non dépensé de la subvention d’immobilisation pour la maternelle à temps plein; le tout a abouti à un total de 1,5 million de dollars pour l’école primaire Silver Birches qui a ouvert ses portes en septembre 2014.
L’essentiel de toute cette affaire est le spectre des fermetures d’école, à savoir, sortir même davantage d’élèves de leur collectivité d’origine et les envoyer par l’autoroute vers des centres régionaux plus populeux. La proposition de changements à apporter au processus de fermeture d’écoles du CEI empirera tout simplement ce problème.
Les défenseurs des petites écoles ont donné la réplique à Sandals et aux représentants de l’éducation à Queen’s Park, par une solution axée sur le « renforcement de la collectivité ». Au lieu de fermer le reste des écoles rurales et éloignées, le plan proposé permet de transformer les écoles non utilisées en ce que David Clandfield, Ph. D., désigne par « écoles de carrefour communautaires ».
Ce modèle, déjà autorisé par la réglementation de la Nouvelle-Écosse, ouvre la porte à la revitalisation potentielle de l’école et de la collectivité. Avec un tel modèle, les processus de fermeture qui suscitent l’antagonisme et la division deviennent des exercices de planification conçus pour forger des partenariats communautaires et pour trouver une nouvelle vocation à ces espaces sous-utilisés, sans déplacer les élèves et les enseignants.
Fermer des écoles est une proposition perdante pour une bonne partie des petites villes et des zones rurales du Nord ontarien. Il est temps d’explorer une troisième option, qui offre de meilleures perspectives. Interrompez les fermetures et envisagez des solutions innovatrices, en commençant par la « création de carrefours » et le partage de l’espace dans les écoles.
Les autorités de l’enseignement provinciales et de district doivent prendre des engagements fermes pour la rénovation des écoles plutôt que maintenir l’approche existante de « démolition » et de « relogement ». Habilitons donc les conseils scolaires à retenir les services d’agents du développement commercial, afin de mettre sur pied des partenariats communautaires, de recourir à des sources de financement de rechange, puis de louer aux organismes locaux de l’espace dans les écoles, aux fins de la garde d’enfants et de groupes d’aînés, puis de celles d’entreprises sociales et d’organismes consacrés aux arts de la scène.
Refaçonner des collectivités aux prises avec des écoles qui se vident vaut certes mieux que démolir ces immeubles, et les « écoles de carrefour communautaires » pourraient redonner vie à ceux-ci.
Paul W. Bennett, Ed. D, est attaché supérieur de recherche à l’Institut des politiques du Nord, qui a des bureaux à Sudbury et à North Bay. Ses deux plus récents livres sont Vanishing Schools, Threatened Communities (2011), et The Last Stand: Schools, Communities and the Future of Rural Nova Scotia (2013).
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