En plein dans le Cercle
31 juillet, 2014 - Le Cercle de feu a maintenant l’air d’un énorme cadeau de Noël. Comme les enfants qui attendent fébrilement le grand jour, les Ontariens du Nord trouvent très difficile de ne pas se précipiter sous l’arbre, en vue de déchirer l’emballage et d’ouvrir le cadeau qui attend. Mais ils doivent attendre.
« Nous pouvons créer et créerons un Ontario et un Canada bien meilleurs à l’aide du Cercle de feu », dit le ministre du Développement du Nord et des Mines, Michael Gravelle, « et nous le ferons comme il faut ».
Le ministre fédéral responsable du Cercle de feu, Greg Rickford, dit à peu près la même chose lorsqu’il dit à la Presse canadienne que « c’est une ressource du patrimoine, et nous voulons faire correctement les choses pour plusieurs générations d’Ontariens du Nord qui peuvent en bénéficier ».
Il est difficile de s’opposer à la justification qu’est celle de prendre son temps « afin de faire correctement les choses ». Toutefois, il y a un autre facteur déterminant qui entre en jeu. Ce facteur est la réalité de la façon dont les projets miniers se déroulent, depuis la découverte jusqu’au développement.
À environ 150 kilomètres à l’est du Cercle de feu se trouve une mine de diamant DeBeers Victor. L’accès n’est possible que par route d’hiver et aéronef. DeBeers a dû construire une usine de traitement du minerai, des logements sur place, des immeubles d’exploitation, une ligne électrique de 90 kilomètres et une piste d’atterrissage, pour ne nommer que quelques solutions pour les besoins du démarrage. Avant, il y a eu des activités chronophages telles que des études environnementales, des ententes avec les collectivités des Premières Nations, des plans de formation et de l’embauchage. C’est sans oublier le creusage même pour parvenir aux diamants, par une grosse exploitation à ciel ouvert.
La découverte de Victor a été faite en 1987 par un étudiant en géologie de l’Université Lakehead. La construction a débuté en 2006 Ce n’est qu’en 2007 que les premiers diamants sont sortis du sol.
La mine d’or Musselwhite est à 275 kilomètres à l’ouest du Cercle de feu et dépend également de routes d’hiver et d’une piste d’atterrissage. Les premières traces d’or y ont été trouvées en 1962. Il a fallu attendre jusqu’à 1986 avant d’avoir des résultats de forage justifiant l’exploitation d’une mine, et il n’y a pas eu de production avant 1997.
Il y eu vingt ans entre la découverte de Victor et l’obtention des premiers diamants. Il y a eu trente ans entre la première observation d’or à Musselwhite et la coulage du premier lingot doré. Au Cercle de feu, il ne fait que sept ans que les riches résultats de forage de Noront et d’autres entreprises ont permis de créer un scénario d’exploitation minière réelle, et nous n’avons qu’effleuré la surface des obstacles à surmonter.
Tout indique qu’Eagles Nest de Noront est la première mine pouvant être exploitée dans le Cercle de feu. Toutefois, Eagle’s Nest aura une rampe descendant dans le muskeg et la pierre avant de parvenir au minerai. En raison de la profondeur et de l’instabilité du muskeg à la surface, l’entreprise prévoit aussi construire une usine de traitement sous terre. Il y a beaucoup plus de projets de construction chronophages à part les mines à ciel ouvert et la construction en surface.
Victor et Musselwhite sortent les diamants et l’or à leur emplacement minier dans un aéronef relativement petit. Même après le dynamitage, le concassage et l’obtention de la concentration de la chromite et du nickel, il reste encore beaucoup de concentré lourd à mettre dans une fonderie. Pour ce faire, il faut une infrastructure ultra-résistante. Une route importante, un pipeline à boues ou un chemin de fer ne sont que les seules options existantes pour déplacer ces sortes de volume et de poids. La construction de ces éléments durera longtemps à cause des distances et des conditions du sol en question, sans compter les autorisations nécessaires.
Les marchés de l’or et du diamant ont également été forts et relativement stables avant et depuis la construction de Musselwhite et de Victor. La même chose ne peut être dite des autres métaux, lesquels ont fluctué considérablement au cours des dernières années. Est-ce que les marchés détermineront le rythme du développement du Cercle? Certainement. La malheureuse succession d’instabilités dans le monde rend les investisseurs nerveux et optimistes au regard de la demande pour les métaux du Cercle. Certes, ce qui se passe dans le monde et les marchés sont deux facteurs majeurs qui influencent la rapidité du développement des mines, voir leur développement tout court. Les taux de change des devises entrent également en jeu. Ces facteurs sont indépendants de la volonté des entreprises minières ou de nos gouvernements; par conséquent, les progrès peuvent être ralentis ou accélérés dans des mesures imprévues.
Ce qui est certain, c’est que le métaux seront encore dans le sol, que ce soit dans 10 ou 100 ans. Ce qui est discutable, c’est si le processus de développement minier de notre gouvernement et des Premières Nations sera le plus rapide pour faciliter les choses au stade de la production minière. En ce qui concerne la durée, le meilleur scénario est une affaire de simultanéité. Le meilleur scénario pour l’intérêt public est celui qui permet à tous de faire correctement les choses.
Noël aura lieu au Cercle de feu mais, comme à chaque Noël, il arrivera trop lentement pour ceux qui sont impatients d’ouvrir leurs cadeaux.
Par Rick Millette
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