Deux millions de Nordistes?

12 decembre 2016 - Cent millions de Canadiens d'ici 2100. C'est l'objectif audacieux d'Initiative du Siècle (un groupe de dirigeants du milieu des affaires et d'intellectuels canadiens) et qui jouit maintenant de l'appui du Conseil consultatif en matière de croissance économique du premier ministre Trudeau. Je veux toutefois vous signaler qu'il manque quelque chose à ce glorieux plan pour 100 millions de Canadiens.

Le Canada est déjà en voie de devenir un pays de 50 ou 60 millions de personnes d'ici 2100. Nos grandes villes sont généralement mieux placées sur les plans économique et démographique que le reste du pays. Alors nous ne devons pas qu'augmenter nos niveaux d'immigration, nous devons aussi changer les endroits où les immigrants vont. Beaucoup plus de ces nouveaux immigrants, par exemple, doivent être attirés par le Nord ontarien qu'au cours des récentes années.

Parmi les onze districts de recensement du Nord ontarien, tous ont actuellement une pénurie de travailleurs, un déclin démographique et une population vieillissante, et cela ne fera qu'empirer s'il n'y a pas de changement soudain du taux de natalité intérieur. Rien que pour limiter la chute de notre ratio de personnes à charge par personne en âge de travailler, par rapport au niveau de l'Ontario d'ici 2041, le Nord ontarien a besoin de plus de 5 000 nouvelles personnes par année pour les vingt prochaines années. Cela correspond à 100 000 nouveaux Nordistes. Nous avons besoin de 300 000 nouveaux Nordistes, 15 000 par année, si nous voulons maintenir notre ratio existant de travailleurs par personnes à charge.

Notez que ce n'est pas au lieu d'éduquer et de faire participer pleinement notre population intérieure sous-employée et en chômage; il s'agit d'un ajout à cela. Je ne saurais trop insister sur ce point. Ce N'EST PAS, comme certains critiques des objectifs d'immigration plus élevés aiment le suggérer : soit l'un soit l'autre. Nous devons faire LES DEUX, en plus de mieux soutenir les familles. En outre, nous devons améliorer notre productivité par des innovations et des inventions.

Ne nous faisons pas d'illusion, ce sont-là de gros chiffres. C'est une augmentation de presque 40 % de notre population, simplement pour remplacer les travailleurs que nous perdrons. Nous aurons probablement besoin de plus de personnes à cause de la demande grandissante des soins de santé de longue durée pour la population vieillissante que nous avons déjà; parlons donc d'une hausse de 50 % simplement pour maintenir les niveaux actuels de l'économie et des services.

Pour croître davantage, il nous faudra même davantage de monde. Je dis ayons pour objectif de doubler notre population. Si nous établissons un objectif national de 100 millions de Canadiens d'ici 2100, deux millions d'entre eux doivent alors vivre dans le Nord ontarien.

Ce n'est pas comme si nous ne pouvions pas les loger. Nous avons l'espace, voire plus, à Sudbury seulement pour avaler 15 villes du Sud ontarien, y compris Toronto.

Ce n'est pas comme si nous ne pouvions pas les employer. Nous avons, dès maintenant, des pénuries de travailleurs qualifiés ou non, et les ouvertures se multiplieront plus rapidement au fur et à mesure que vieilliront les baby-boomers. Nos taux de participation, de chômage et d'emploi pour les jeunes de 15 à 29 ans sont déjà meilleurs que ceux de la province et du pays, et tel est le cas depuis les 15 dernières années.

Mais comme le gouvernement a commencé modestement à modifier les objectifs globaux de l'immigration, commençons modestement à faire croître le Nord. Le Nord ontarien devrait avoir son propre programme spécialisé de candidats immigrants. Certes, le Nord-Ouest et le Nord-Est ontarien devraient chacun avoir sa propre attribution, mais ni nous pouvons en avoir une pour l'ensemble du Nord, nous devrions l'accepter.

En 2014, le Canada a accepté environ 47 000 nouveaux immigrants dans le cadre des programmes des candidats provinciaux. De ne nombre, l'Ontario a accepté un peu plus de 2 100 personnes, le Nord ontarien en a à peine eu. Le Manitoba, à lui seul, en a accueilli plus de 12 000, l'-Î-P.É. 1 400, le Nouveau-Brunswick 2 100. Il faut noter que le Manitoba a remporté un succès formidable avec son programme de candidats, en partie parce qu'il permet des attributions infraprovinciales et attire des immigrants pour des emplois existants et non pour des emplois qu'il aimerait créer. Le Nord ontarien peut facilement égaler ce succès.

Il serait simple pour l'Ontario d'attribuer au Nord 500 candidats de son quota, ou pour le gouvernement fédéral d'affecter 1 000 candidats additionnels à notre région, sous forme de programme pilote de cinq ans. C'est la moitié du niveau du Nouveau-Brunswick, et notre population totale (ainsi que nos défis démographiques) sont incontestablement similaires.

Mille par année durant cinq ans ne nous permettront pas d'atteindre deux millions, mais c'est un début.


Charles Cirtwill est président et chef de la direction de l’Institut des politiques du Nord, un groupe indépendant de réflexion sociale et économique sont le siège social est dans le Nord de l’Ontario. Première publication dans Northern Ontario Business, en decembre 2016.

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