Connaissez-vous le Nord?
8 juin, 2015 - Je parle souvent de ce qui se passe dans le Nord ontarien. Il me faut alors présenter des données, beaucoup de données : démographiques, sur la santé, l’éducation, l’économie et le reste. Après un exposé, l’une de mes expériences favorites est la visite calme d’un expert local. Souvent, c’est un expert dans un domaine ou un conseiller local ou un fonctionnaire. Tous veulent presque toujours m’assurer d’une chose : même s’ils comprennent que les données que je viens d’utiliser valent pour la région ou le district ou la province, elles ne valent pas pour leur collectivité.
Les choses sont différentes là, leur situation est unique. Si je ne fais que leur parler, ils pourront démontrer que les chiffres sont incorrects, et qu’eux (et parfois eux seuls) savent ce qui se passe vraiment. Je m’efforce toujours d’accepter leur offre. Parfois les chiffres locaux existants démontrent certes qu’il y a une tendance locale différente ou unique pour un plus gros problème.
Plus souvent qu’autrement, toutefois, les « preuves » connexes fournies et confirmant cette différence sont à propos de leur cousin Bob, de leur voisine Mary ou du pharmacien local et de ce qui les empêche de faire fonctionner les affaires. Ce ne sont pas des données, mais des anecdotes (c’est en fait une sorte de données, mais celles-ci ne suffisent pas pour prouver quoi que ce soit).
C’est un phénomène très humain que celui d’extrapoler ses propres expériences, d’assumer que le reste du monde ou simplement les voisins, regardent et agissent exactement de la même façon. Dans le monde de la politique publique, cette tendance se traduit par quelque chose qui est désigné par paternalisme de direction. Une personne en situation d’autorité décide que le gouvernement devrait faire quelque chose en raison de ce qu’elle a entendu et que, par conséquent, c’est une suggestion à laquelle il convient de donner suite. Ce procédé est le fléau du processus décisionnel reposant sur des données. Nous faisons des choses non parce que nous savons qu’elles fonctionneront, ou ont fonctionné par le passé, mais parce que cela semble bon pour quelqu’un qui a l’autorité pour la mise en œuvre. Le problème est que nous n’y revenons presque jamais afin de voir si c’était une bonne décision.
Nous faisions cela, nos gouvernement aussi, non parce que nous sommes ou qu’il sont de mauvaises personnes recourant à un quelconque stratagème malicieux. Nous le faisons parce que nous ne connaissons rien de mieux. Les données ne sont pas rapidement disponibles au moment de la décision à prendre ou les données disponibles sont incomplètes. En effet, nous prenons la meilleure décision possible avec les données offertes. Malheureusement, comme il est souvent dit, nous avons « foutaises en entrée, foutaises en sortie ». Parfois cette information, pour le dire sans ménagement, est moche. C’est pourquoi les économistes et les responsables des politiques du pays s’élèvent contre l’élimination du long formulaire de recensement.
Mais le recensement n’est pas le seul moyen d’obtenir des données fiables et comparables relatives à ce qui se passe dans votre collectivité ou votre voisinage. Souvenez-vous de l’exemple dont j’ai déjà parlé à propos des chiffres obtenus localement et qui démontrent un aspect ou décrivent mieux une tendance plus générale. Certes ceux qui vivent ici « connaissent le Nord ». Qu’il s’agisse de données d’une enquête annuelle d’une Chambre de commerce locale ou d’information ponctuelle provenant de clients d’un programme de sensibilisation, l’information est quelque part.
Alors, au cours des quatre prochains mois, huit stagiaires d’été de l’Institut des politiques du Nord communiqueront avec des organismes du Nord, afin de leur demander ce qu’ils savent sur leur collectivité et comment ils ont obtenu cette information. Quelles questions posent-ils? À qui les posent-ils? Comment ? Ce qu’ils font de l’information après l’avoir obtenue? Ce qui est encore plus important, veulent-ils la partager avec d’autres?
Voyez cela comme un approvisionnement par la foule, aux fins de notre propre recensement. Que je sache, nous recueillons beaucoup d’information au niveau local. Une bonne partie de ce qui est obtenu, sinon tout, finit par se trouver sur une clé USB oubliée. Que se passerait-il si nous prenions plutôt toute cette information et la placions en ligne à un seul endroit? Un centre virtuel de données. Un placard où déverser tous nos débris de données.
Peut-être que, en mettant tout au même endroit et en demandant à de nombreuses personnes de les trier constamment, nous serons nous-mêmes mieux informés et plus régulièrement. Ce n’est pas que le gouvernement fédéral ou provincial ait décidé de dépenser un peu d’argent et de mesurer un élément particulier, mais simplement parce que nous avons décidé de de partager entre nous ce que nous savons déjà.
Alors, qu’en dites-vous? Connaissez-vous le Nord, et voulez-vous partager avec les autres ce que vous savez? Au cours des quatre prochains mois, nous vous mettrons à l’épreuve.
Charles Cirtwill Président et chef de la direction, Institut des politiques du Nord, groupe indépendant de réflexion sociale et économique et dont le siège social est dans le Nord de l’Ontario.
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