Aventure de l'emploi et de la formation
20 mars 2017 - Il y a six mois que j'occupe le poste de chercheuse, Population active, pour le Conseil local de planification en matière d’emploi, du district de Thunder Bay. Le moins que je puisse dire, c'est que j'ai vécu une expérience révélatrice, ayant découvert le nombre des services de soutien offerts à ceux qui se joignent à la population active ou ont besoin d'aide pour naviguer dans le système. Je me souviens que pendant ma jeunesse nous apprenions à l'école à rédiger un CV et des lettres d'accompagnement, mais il manquait une chose : faire comprendre tous les systèmes existants. Pensez-y, où avez-vous appris comment chercher un emploi? Ou bien qu'est-ce qui vous a aidé à décider de « ce qui vouliez devenir lorsque vous seriez grand »? Si nous allons plus loin, comment avez-vous appris qu'il était important de vous lever et d'aller travailler le matin? Qu'est-ce qui vous a décidé à demander votre permis de conduire? Ce sont toutes des choses qui, curieusement, se présentent comme des obstacles à l'emploi pour beaucoup de personnes ayant été en fait « laissées-pour-compte ».
Lorsque nous examinons la participation des Autochtones à la main-d'œuvre au Canada, nous voyons facilement qu'elle est disproportionnée par rapport à la population totale. Les statistiques ont montré qu'il y a une grande disparité de taux d'emplois entre les Autochtones et les non-Autochtones. L'Enquête nationale auprès des ménages de 2011, données démographiques, niveau de scolarité et résultats sur le marché du travail des Autochtones rapporte l'activité des Autochtones sur le marché du travail et a permis de constater ceci :
« La population autochtone âgée de 25 à 64 ans (c.-à-d. en âge de travailler) a augmenté de 21 % entre 2006 et 2011, atteignant 671 380 personnes; de ce nombre 481 325 ont participé à la population active (72 %). En comparaison, le nombre des autres Canadiens de ce groupe d'âge n'a augmenté que de 5 % entre 2006 et 2011.
« Le taux d'emploi pour les Autochtones en âge de travailler est demeuré stable, à environ 63 % depuis 2006. Toutefois, il est encore de beaucoup inférieur au taux pour les non-Autochtones (76 %).
« Le taux de chômage chez les Autochtones en âge de travailler est à plus du double de celui des autres Canadiens du même âge (13 % versus 6 %). Néanmoins, l'écart entre les deux populations s'est rétréci légèrement, passant d'une différence de huit points de pourcentage, à sept en 2011. » Extraction de : http://www.aadnc-aandc.gc.ca/fra/1376329205785/1376329233875.
Pourquoi? J'ai posé cette question à un certain nombre d'organismes de service, de chercheurs d'emploi et de créateurs d'emplois dans le district de Thunder et qui avaient un mandat d'encadrement, d'éducation, d'emploi ou de soutien à l'emploi, afin de faciliter pour les Autochtones l'accès à la population active canadienne. À la suite de mes conversations, j'ai abouti à la liste des cinq obstacles majeurs suivants :
- Alphabétisation et éducation
- Différences culturelles qui se traduisent par une incompréhension de la part d'autres collègues
- Racisme/discrimination/stéréotypes
- Processus d'entrevue
- Absence de permis de conduire
Selon l'Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011, les Autochtones représentent 8 % de la population dans le district de Thunder Bay. Au Canada, les Autochtones ne représentent que 4,3 % de la population, bien que ce pourcentage ait augmenté depuis le recensement de 2006 (depuis 3,8 %). Ainsi, les données montrent que le district de Thunder Bay a presque deux fois le taux pourcentage de la population autochtone par rapport à celui du Canada. L'ENM fait également ressortir le fait que le taux de la population autochtone augmente quatre fois plus rapidement que celui de la population non autochtone (20,1 % par rapport à 5,2 %). En outre, les enfants autochtones de 14 ans et moins représentent 28 % de la population autochtone totale; quant aux enfants non autochtones âgés de 14 ans et moins, ils représentent 16,5 % de la population du Canada. Enfin, quelque 6 % de la population autochtone totale était des aînés de 65 ans et plus, moins de la moitié de la proportion d'aînés dans la population non autochtone (14,2 %).
Vous voyez donc le tableau : la population autochtone est jeune – et en hausse. Pour les employeurs et ceux qui visent le perfectionnement de la main-œuvre, c'est un indice important au regard des sortes de programmation et de stratégies qui sont nécessaires pour attirer et conserver des chercheurs d'emploi et d'employés autochtones. Ainsi, il est important pour nous d'examiner les obstacles pour l'emploi autochtone et de trouver des façons de les surmonter, car ce segment de la population fera partie de la réponse à la pénurie de travailleurs dans le Nord ontarien et au ratio de dépendance, en hausse. Cela ne peut tout simplement pas être ignoré.
Alphabétisation et éducation
Selon les plus récentes données de Statistique Canada, la scolarité des Autochtones est en hausse à tous les niveaux (du secondaire au postsecondaire); la majorité des Autochtones sans emploi n'ont pas atteint le niveau d'éducation secondaire. Malheureusement, assez souvent, c'est un segment de personnes cherchant à se joindre à la population active canadienne mais faisant face à des obstacles qui sont souvent trop écrasants.
Alors, pour ceux qui ont été laissés-pour-compte, que faisons-nous, comment pouvons-nous le faire? Si vous n'empruntez pas la voie canadienne typique vers l'emploi (école secondaire, emplois d'étés, formation postsecondaire, postes de débutants), quelle est alors la voie?
J'ai travaillé avec quelques organismes qui offrent du soutien à ceux qui cherchent à participer davantage à la population active. Kiikenomaga Kikenjigewen Employment & Training Service (KKETS), a pour mission « de fournir des occasions culturellement adéquates dans les domaines de l'éducation, de la formation et de l'emploi, en offrant des conseils professionnels, des services de soutien, des systèmes et programmes pertinents qui permettent aux personnes de prendre l'initiative dans le changement de leur propre vie. » (Extraction de http://www.kkets.ca/?page_id=754, le 12 janvier 2017). J'ai rencontré le personnel et l'équipe à cet endroit; si vous voulez vraiment réussir et changer votre vie, tous les soutiens sont là. Vous y avez toutes les options : éducation des adultes pour ceux qui veulent faire des études postsecondaires; services d'emploi pour vous aider à perfectionner les habiletés pour la recherche d'emploi, pour la rédaction d'un CV, pour une entrevue, pour entrer en relation avec des employeurs au sujet de formations et d'apprentissages pilotés par la demande, puis d'une formation spécifique pour le secteur minier. Soyez à l'affût de la sortie de la vidéo du KKETS, portant sur les chercheurs d'emploi, au début de février, à www.openingdoors4u.ca.
Même pour les chercheurs autochtones d'emploi, mais sans éducation habituelle, il y a des options et du soutien pour trouver un emploi. Le KKETS et d'autres travaillent beaucoup pour aider les personnes à atteindre leurs objectifs en matière d'emploi.
Différences culturelles qui se traduisent par de l'incompréhension avec d'autres collègues
Souvent, c'est strictement une incompréhension qui conduit à des conflits entre les personnes ayant des antécédents culturels différents au travail. Il est important pour les employeurs de voir à ce que leur main-d'œuvre maintienne un niveau pertinent de sensibilisation culturelle, afin que les travailleurs non autochtones comprennent et appuient les valeurs et la diversité culturelles (Sept stratégies de conservation des travailleurs des Premières Nations, texte affiché par Bob Joseph, le 14 mai 2014, à www.ictinc.ca/blog). Toutefois, il est également important que l'employeur explique complètement à chaque employé ce qui est attendu de celui-ci au travail. Souvenez-vous de vous demander ceci : où ai-je appris mon éthique de travail? Est-ce que l'employé comprend ce que l'on attend de lui? Ai-je bien indiqué mes attentes dans une trousse d'orientation? Si vous avez répondu non à n'importe laquelle de ces questions, vous aurez du mal à conserver les Autochtones, mais aussi n'importe lequel des employés.
Racisme/discrimination/stéréotypes
Personne n'aime aborder ces points, et souvent des controverses sont engendrées lorsque des gens le font. Mais, soyons clairs : à Thunder Bay, il y a un problème de racisme. Il y a beaucoup de récits de crimes haineux, d'agressions, de décès et de chahut à propos des Autochtones. Il a été également question d'histoires de jeunes gens qui changent leur patronyme sur les demandes d'emploi, afin de réussir au stade de la sélection des CV et d'obtenir une entrevue (Walk a Mile Project, 2012.) Que pouvons-nous faire ? Comment pouvons-nous commencer à influencer les attitudes des employeurs ainsi que du public? À quoi ressemble la réconciliation dans la ville? Je ne suis pas sur le point de m'engager dans le débat ici, mais le Conseil local de planification en matière d’emploi dirige Baakaakonaanan Ishkwaandemonan (Vous ouvrir des portes), qui est un projet de renforcement positif, offrant aux employeurs de l'encouragement et des conseils pour l'embauchage de personnel hétérogène. Le projet comprendra aussi une campagne de messages positifs dans les médias sociaux qui mettront en lumière toutes les initiatives et histoires positives ainsi que les réussites de l'emploi d'Autochtones et de nouveaux arrivés. Ils ont également investi dans une plateforme de jumelage, désignée par Magnet, qui assortit les chercheurs d'emploi, en fonction des compétences requises par l'employeur. Ces jumelages n'indiquent que l'ensemble des compétences et ne comprennent pas d'information à utiliser pour de la discrimination contre un candidat. C'est un petit pas d’un long voyage, mais un début.
Processus d'entrevue
L'entrevue redoutée : est-ce que je dis les bonnes choses? Suis-je vêtue adéquatement? Aiment-ils mon expérience? Est-ce que je fais preuve d'assez d'enthousiasme? Ce sont toutes les questions que je me pose à moi-même avant une entrevue, comme d'autres, sans doute. Mais c'est moi, une Ojibwé irlandaise, française, écossaise, née et élevée dans le Nord ontarien. Je me dis Canadienne; j'ai grandi en comprenant la culture au travail du Canada ainsi que les attentes, si je puis dire, des « non-Autochtones » qui dirigent les entrevues. Mais le processus de celles-ci au Canada peut être très discriminatoire lorsqu'il est question de ceux de cultures différentes. Un article, publié en 2010 par le Conseil sectoriel de la construction, traitait du déroulement de l'entrevue et de certaines choses à surveiller et dont il faut être conscient lorsqu'il s'agit de culture.
Par exemple, dans le Canada non autochtone, l'on s'attend à ce que les candidats soient excités par le poste, mais pas trop. Ceux qui n'affichent pas ou peu d'émotions ou sont trop émotifs pourraient être jugés comme n'ayant pas d'intérêt pour le poste… Mais que penser du silence? Dans la culture canadienne non autochtone, nous avons tendance à ne permettre qu'une courte période de silence entre ceux qui prennent la parole, sinon les gens commencent à devenir mal à l'aise; toutefois, pour une personne autochtone, le silence peut simplement signifier que l'idée exige davantage de réflexion. Pour d'autre information sur l'entrevue inclusive, veuillez visiter http://openingdoors4u.ca/. Il y a une dernière chose à avoir en tête, toutefois : la question « dites-moi quelque chose sur vous et vos réalisations ». Les Autochtones sont généralement très modestes et pourraient trouver difficile de « se péter les bretelles ». La principale chose à retenir est que tous n'ont pas les mêmes idéologies ou ne comprennent pas toujours ce qui est attendu; les employeurs doivent donc veiller à ce que leurs attentes soient claires.
Absence de permis de conduire
Pour tant de Canadiens, obtenir le permis de conduire est presque un rite de passage dans la vie. Je me souviens que lorsque j'avais quinze ans, j'attendais impatiemment d'en avoir seize, afin de m'inscrire à un examen écrit. Je ne pouvais attendre le jour d'avoir une automobile, de pouvoir circuler et d'avoir de la liberté. Certes, je vivais à Caramat; alors, si je voulais aller à un endroit quelconque, j'avais besoin d'un véhicule; l'épicerie la plus rapprochée était à 35 minutes de voyage et mon école secondaire, à une heure et dix minutes. Mais il était facile pour moi d'obtenir mon permis; j'avais ma carte d'identité délivrée par le gouvernement, et je surveillais ma mère et mon père conduire chaque jour pour aller au travail, ce qui m'a enseigné que l'obtention d'un permis est un privilège et une nécessité pour le travail. J'accompagnais mon père et il me montrait comment conduire le véhicule en hiver; j'ai aussi pu me rendre à Geraldton (1 h 10 min.) afin de subir le test prévu pour l'obtention du permis. Toutefois, selon un article de Working Effectively with Indigenous Peoples, lorsqu'il est question des collectivités éloignées, obtenir un permis de conduire peut être une vraiment grosse affaire. Une personne autochtone qui vit dans une collectivité éloignée accessible par avion doit s'envoler à destination d'un centre urbain, payer pour les activités en classe, pour la formation en automobile ainsi que pour l'hébergement aussi longtemps que nécessaire – ce ne sont pas des quantités d'argent et de temps peu considérables, et cela peut être un obstacle insurmontable à l'obtention d'un permis.
Ceci dit, qu'est-ce qui se passe alors localement pour tenter d'éliminer ou au moins d'atténuer les obstacles à l'emploi pour les Autochtones? Il y a des organismes tels que KKETS, Anishnabek Employment and Training Services, Seven Generations, les Centres d'amitié autochtones, les agents de liaison autochtones et les recruteurs qui s'efforcent d'aider les Autochtones à réussir en éducation et à atteindre leurs objectifs professionnels. De plus en plus, nous voyons des collèges et universités qui ont des conseils et associations étudiants autochtones. Les soutiens sont présents. Il y a du travail à faire pour le financement et afin qu'il y ait suffisamment d'argent pour ces sortes d'établissements canadiens. Franchement, je pense que l'école devrait être gratuite – il y a des exemples en ce sens dans le monde; alors, pourquoi, en tant que Canadiens, permettons-nous que l'éducation soit inaccessible à une majorité de Canadiens? Je ne comprends pas. Je rembourse encore ma dette étudiante, et j'ai même travaillé pendant que j'étais au collège et à l'université. Alors, pour l'éducation, beaucoup de choses se font, y compris des programmes d'apprentissage adaptés à la culture et de formation des adultes.
Ensuite, il y a Baakaakonaanan Ishkwaandemonan – Vous ouvrir des portes, un projet offert au district de Thunder Bay par le Conseil local de planification en matière d’emploi, (http://www.nswpb.ca/lepc), puis l'Institut des politiques du Nord (www.northernpolicy.ca), un projet de la Commission de planification de la main-d’œuvre du Nord Supérieur (www.nswpb.ca).
Le projet Baakaakonaanan Ishkwaandemonan comporte deux volets, qui prennent en considération les obstacles mentionnés plus haut. D'abord, c'est un programme de renforcement positif, qui offre aux employeurs de l'encouragement et des conseils pour embaucher une main-d'œuvre hétérogène ainsi que pour utiliser les services existants dans la collectivité, afin de favoriser l'embauchage et la conservation d'Autochtones et de nouveaux arrivés. Ensuite, c'est une campagne de messages positifs dans les médias sociaux, qui met en lumière les employeurs chefs de file de la diversité, les histoires de réussites, les organismes de soutien pour l'emploi et beaucoup d'autres ressources offertes au grand public ainsi qu'aux employeurs cherchant à diversifier leur main-d'œuvre.
Si vous avez trouvé ce blogue, vous avez trouvé www.openingdoors4u.ca, mais si, par hasard, vous n'avez pas visité le site, veuillez le faire. Si vous avez une histoire de réussite ou voulez porter quelque chose à notre attention, je vous en prie, faites-le aussi!
Charmaine McCraw est une chercheur - spécialité main d'oevre autochtone et immigrante à l’Institut des politiques du Nord, un groupe indépendant de réflexion sociale et économique sont le siège social est dans le Nord de l’Ontario. Première publication dans Quelque chose à penser au site web de le projet Baakaakonanan Ishkwaandemonan.
Baakaakonanan Ishkwaandemonan - Portes ourvertes pour vous est un nouveau projet dirigé par La Commission de planification de la main-œuvre du Nord-Supérieur, votre Conseil local de planification en matière de l'emploi, en partenariat avec l'Institute des politiques du Nord. Le projet vise à aider les employeurs à identifier et à accéder aux soutiens existants pour embaucher des personnes de ces groupes de travailleurs en croissance.
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