Élimination du problème de l'itinérance dans le Nord ontarien
Le Nord ontarien est-il le prochain Medicine Hat?
Medicine Hat et Priorité au logement
15 juillet, 2015 - La ville de Medicine Hat a récemment fait la manchette parce qu’elle est la première au Canada qui soit prête à éliminer l’itinérance d’ici la fin de 2015. Le maire Ted Clugston a le mérite de cette remarquable victoire dans la stratégie de la ville : Priorité au logement (PL). Priorité au logement est une approche pour s’attaquer au problème chronique et épisodique des itinérants[1]. La philosophie de base de PL est que le besoin individuel de logement doit être comblé avant de pouvoir aborder les autres problèmes d’un sans-abri. PL est guidé par six principes : le logement doit être trouvé le plus tôt possible; les personnes doivent pouvoir choisir leurs arrangements et services de logement; le logement n’est pas offert sous condition, sauf celle d’accepter des visites régulières[2]; les personnes doivent utiliser une partie de leur revenu pour le loyer; le logement devrait être intégré dans la collectivité afin de réduire les marques d’infamie; les personnes doivent bénéficier du soutien nécessaire pour augmenter leur autonomie et pour obtenir l’attestation de la réussite du programme PL[3].
Bien qu’il faille reconnaître les mérites de Medicine Hat, son approche pour aborder le problème de l’itinérance n’est pas unique. L’adoption d’une approche de PL par le gouvernement fédéral en 2014, dans le cadre de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance, a débouché sur son adoption répandue dans le pays. Ici dans le Nord ontarien, Sudbury et Thunder Bay ont reçu du financement pour la prestation du programme PL; des collectivités sont en voie d’adopter le modèle de PL. Toutefois, pour réussir la mise en œuvre de la stratégie de PL dans le Nord ontarien, davantage d’argent doit être investi dans le logement à prix abordable et les services de soutien.
Défis de Priorité au logement et des sans-abri dans le Nord ontarien
Le principal défi relevé par les conseils d’administration de district des services sociaux du Nord de l’Ontario lorsqu’il s’agit de la prestation efficace des services de PL est le manque de logements à prix abordable et de services de soutien dans collectivités du Nord[4]. Davantage d’argent doit donc être investi dans ces deux domaines. Cet investissement accru exigerait probablement davantage de fonds gouvernementaux. Bien que cela soit coûteux, ne pas s’occuper du problème l’est également.
Le Nord ontarien paie le prix fort pour son problème d’itinérance. À Kenora, il est reproché à l’itinérance de nuire à l’économie, par des effets négatifs sur le Centre-Ville et par la hausse des coûts associés aux SMU (services médicaux d’urgence) et aux services policiers[5]. À Thunder Bay, les arrestations sont d’abord motivées par les sans-abri intoxiqués, en public. Il est dit que les prisons de Thunder Bay contiennent de nombreux sans-abri[6]. De même, le rapport affirme qu’à Red Lake « les sans-abri se servent de la criminalité afin d’obtenir un gîte et de la nourriture »[7]. À Cochrane, il a été déterminé que le coût de la gestion des sans-abri dépasse celui de les loger[8]. C’est ici qu’entre en jeu PL.
Priorité au logement et investissement intelligent
Il a été démontré que Priorité au logement a permis de réduire les coûts des soins de santé et de la justice qui sont associés à l’itinérance[9]. Ces économies estimatives seraient de 9,60 $ par jour pour chaque 10 $ dépensés pour PL pour une personne qui en grandement besoin, puis de 3,42 $ pour chaque 10 $ dépensés pour PL pour une personne qui en a moyennement besoin[10]. Bien que PL ne compense pas complètement les coûts de l’investissement, il comporte tout de même des rendements respectables. En outre, l’approche de Priorité au logement l’emporte sur les autres approches classiques du logement social. Par exemple, PL affiche des économies de coûts supérieures, des taux plus élevés de stabilité dans le logement à long terme, et les participants rapportent une qualité de vie, un état de rétablissement et de bien-être supérieurs[11].
L’essentiel est que pour que fonctionne l’approche de PL dans le Nord ontarien, il faut que davantage d’argent soit investi dans le logement à prix abordable et des services de soutien. Medicine Hat et de nombreux projets pilotes ont démontré l’efficacité de PL[12]; à nous maintenant de faire l’investissement.
[1] Selon Emploi et développement social Canada, les sans-abri chroniques sont définis par ceux qui sont sans logement depuis plus de six mois au cours d’une année; les sans-abri épisodiques sont ceux qui sont sans logement trois fois ou plus au cours de la même année.
[2] Par exemple : les conditions liées à la sobriété ou à un traitement ne sont pas comprises.
[3] http://www.edsc.gc.ca/fra/communautes/sans_abri/logement_abord/approche/index.shtml
[4] (23) Rapport final Chez Soi
[5] (64) Rapport NOSDA
[6] (70) Rapport NOSDA
[7] (97) Rapport NOSDA
[8] (73) Rapport NOSDA
[9] Par exemple : les visites aux salles d’urgence et la prison demeurent.
[10] (23) Rapport final Chez Soi
[12] Pathways to Housing, Utah, At Home etc.
Par Lauren Rainsford
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