Du Nord, pour le Nord : Recruter pour le futur
Le 10 juillet 2017 - La Police provinciale de l’Ontario (PPO) est depuis plus de 100 ans chargée de la sécurité et du bien-être des citoyens de la province. Depuis sa création, en 1909, cette force policière a crû et compte plus de 10 000 employés au service de 322 collectivités; elle couvre une superficie de plus d'un million de kilomètres carrés (APPO 2017). Avec 51 détachements dans le seul Nord ontarien, la PPO assure les services policiers d’une grande partie des collectivités rurales et éloignées du Nord. À compter de 2017, la PPO fera face au problème de l’admissibilité à la retraite de plus de 1 000 de ses 5 300 agents actuels (Kirkpatrick 2016, le 15 décembre). Avec approximativement 800 agents en uniforme dans le Nord, la vague des retraites – qui doit déferler plus tard cette année – aura pour effet qu’un agent sur cinq y sera admissible, soit approximativement 140 membres actifs de la force (PPO 2016). Même si la PPO a pris des mesures pour que ces retraites n’aient pas d’impact sur les niveaux de service, la question devient celle-ci : en quoi la perte des agents et la migration des nouveaux membres de la PPO vers le Nord affecteront-elles les relations entre la police et les collectivités?
Le nord de l'Ontario est unique. C’est une région qui s’étire sur des centaines de milliers de kilomètres et représente une population variée sur les plans culturel, social et géographique. Le recrutement de personnes d’autres parties de la province ou du pays, et ce pour le Nord, est souvent un problème pour les grosses entreprises, car les employés peuvent hésiter à déménager en raison de leur peu de connaissances du Nord, de l’éloignement subséquent de leur famille ainsi que du choc culturel de quitter un centre-ville et de se trouver ensuite dans une collectivité éloignée (MacEachern 2012). Au cours de la dernière décennie, la PPO a abordé les problèmes de recrutement dans le Nord par l’offre de mesures incitatives destinées aux employés occupant un poste dans des « régions éloignées ». Cela couvre le paiement des dépenses du déménagement et plus de 30 000 $ de forfait incitatif pour la durée de l’affectation. Les affectations peuvent être d’une durée de deux à six ans (selon l’endroit), et il faut que les agents travaillent dans des collectivités qui manqueraient autrement de services policiers ou n’en auraient aucun à cause de leur éloignement (PPO 2017). Même si les mesures incitatives sont une excellente façon d’obtenir des agents pour le Nord ontarien, elles créent aussi un cycle de transitions, dans lequel se trouvent ceux qui choisissent des affectations de durée limitée prévue, lesquels sont ensuite transférés vers d’autres endroits plus souhaitables (Hawkes 2014, le 30 décembre). Souvent, ce cycle empêche la collectivité de se familiariser avec l’agent de police; il s’ensuit des renégociations constantes de relations péniblement cultivées entre la police et les citoyens.
Compte tenu de ce qui précède, de nouvelles stratégies ont été employées pour encourager les engagements à long terme dans le Nord. En harmonie avec l’engagement de la PPO de faire des efforts pour recruter des personnes de divers milieux, cet organisme a adopté une tendance de recrutement, « Du Nord, pour le Nord ». Cette tendance est caractérisée par l’option de campagnes de recrutement qui visent les gens vivant déjà dans le Nord ou acceptent de le faire ou d’y rester (2014). En recrutant des personnes qui vivent déjà dans le Nord ontarien, la PPO encourage le développement économique et la durabilité des collectivités, mais elle favorise aussi des relations et une sensibilisation communautaires positives au regard des besoins et des souhaits des citoyens du Nord (CBC 2016). Embaucher des gens du Nord est conforme à l’engagement de la PPO de recruter un pour un (c.-à-d. pour chaque personne qui partira, une la remplacera), au fur et à mesure que les postes seront libérés par ceux qui partent à la retraite ou quittent la force policière dans la région, et ce, de façon continue (Hawkes 2014).
Certes, les personnes et la collectivité dans laquelle se trouvent des travailleurs sont un avantage pour n’importe quelle industrie, mais cela est particulièrement important lorsqu’il s’agit de services publics essentiels. Le taux de criminalité canadien a baissé au cours des deux dernières décennies, la police a dû de plus offrir une gamme élargie de services, y compris des services sociaux et mentaux, afin de répondre à des besoins spécifiques de membres de la collectivité (Statistique Canada 2011). La recherche a prouvé que le fait de connaître assez bien une personne ou un organisme est extrêmement important pour augmenter la confiance entre la police et la collectivité, ce qui, ensuite, permet d’abaisser le nombre des situations d’urgence (Maslov 2015). Recruter du personnel du Nord, pour le Nord, est un exemple positif de la façon dont les services publics peuvent aider à renforcer des collectivités et à réduire les options transitoires, mais aussi à offrir aux personnes le savoir et l’expérience nécessaires au meilleur service aux collectivités dans lesquelles elles travaillent (CBC 2016, le 8 septembre). Bien connaître une collectivité et sa population favorise les relations positives entre la police et les citoyens puis augmente l’efficacité des services, au-delà du crime et de la punition (Greenland et Alam, 2016).
Le recrutement dans le Nord ainsi que des services accrus dans les domaines de la santé mentale et du bien-être social sont importants pour la stratégie à long terme lorsqu’il s’agit des services policiers dans le Nord ontarien. Puisque le Nord est composé de collectivités dynamiques et variées, une force policière qui combine l’expérience vécue et les points de vue externes bénéficierait à tous. La combinaison équilibrée de recrues du Nord et d’ailleurs, ou d’agents de l’extérieur de la région, serait un avantage pour une région qui aspire à la croissance tant pour elle-même que pour ses citoyens (2016).
Les services policiers dans le Nord, assurés par la PPO, se tournent vers l’avenir à un moment où des changements considérables auraient pu mener à une catastrophe importante. Des pratiques telles que Du Nord pour le Nord de la PPO, ont permis d’accroître la formation et les services en santé mentale, ce qui avec le mélange des points de vue sera bénéfique pour les aspirations futures du Nord. Espérons que, après la vague des départs à la retraite, ces pratiques soient maintenues et favorisent des relations positives entre les collectivités, les citoyens et la police.
Citations:
Association de la Police provinciale de l’Ontario. (2017). « OPP Association History » (histoire de l’Association de la PPO). Extrait du site Web de l’Association de la Police provinciale de l’Ontario : https://www.oppa.ca/about/our-history.
CBCnews Sudbury. (Le 8 septembre 2016.) « Ontario Provincial Police turn to Online Recruiting as Retirement Looms. » CBCnews. Source la documentation : http://www.cbc.ca/news/canada/sudbury/opp-northeast-online-recruiting-1.3749365
Greenland, Jacob et Sarah Alam. (Le 19 mars 2017.) Les ressources policières au Canada, 2016. Ottawa (Ontario) : Centre canadien de la statistique juridique et Statistique Canada. http://www.statcan.gc.ca/pub/85-002-x/2017001/article/14777-fra.pdf
Hawkes, Vince. (Le 15 décembre 2016.) « OPP Recruitment a top Priority. » Entrevue de CBCMorning North. Source la documentation : http://www.cbc.ca/player/play/2645336438
Kirkpatrick, Tara. (Le 15 décembre 2016.) « OPP Aims to hire more than 500 Constables in 2017. » The Review. Source la documentation : https://thereview.ca/2016/12/14/opp-aims-to-hire-more-than-500-constables-in-2017/
MacEachern, Barbara. (Le 6 juin 2012.) « Local OPP Officer gets a taste of Northern Policing. » Source de la documentation : https://www.mykawartha.com/community-story/3711846-local-opp-officer-gets-a-taste-of-northern-policing/
Maslov, Anton (2015). « Mesure du rendement des services de police – Point de vue du public. » Rapport de recherche : 2015-R034. (Sécurité publique Canada : Ottawa [Ontario]).
Police provinciale de l’Ontario (2016). Rapport annuel Rapport annuel de 2015. Extrait du site Web de la Police provinciale de l’Ontario : http://www.opp.ca/index.php?&lng=fr&id=115&entryid=56c22d7d8f94ac006ba009d0
Police provinciale de l’Ontario (2017). « Recrutement des agents de police. » Extrait du site Web de la Police provinciale de l’Ontario : http://www.opp.ca/index.php?id=115&entryid=56b7c5868f94acaf5c28d17d&lng=fr
Statistique Canada. (2011). « Caractéristiques des quartiers et répartition de la criminalité à Toronto : analyse supplémentaire de la criminalité chez les jeunes. » Documentation provenant de : http://www.statcan.gc.ca/pub/85-561-m/85-561-m2011022-fra.htm
Jenna Kirker est une stagiaire en relations publiques à l’Institut des politiques du Nord.
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